Évangile partagé sous le soleil du Var

déjeuner Fraternité Saint LaurentLa Fraternité Saint Laurent est l’un des groupes qui fréquente régulièrement l’éco-hameau solidaire Saint-François de Draguignan. Et qui non seulement lit et prie l’Évangile mais tente de le vivre dans la diversité de ses membres. Par Chantal Joly

Saint François ne désavouerait sûrement pas la scène : un oratoire tout simple (dans un ancien garage), au cœur d’une nature généreuse en végétaux de toutes essences, une poignée d’hommes et femmes fraternels en prière… et deux chiens sagement couchés. Quelques heures auparavant, faisant le tour du domaine, Ludovic de Lalaubie, coordinateur du projet de l’Eco-hameau solidaire, avouait l’un de ses rêves pour ce lieu : « J’aimerais bien qu’on y fasse un beau vitrail « Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière de Dieu. C’est une belle Béatitude qui nous va bien ici ».

Ce jeudi 2 mars, c’est le jour du partage de la Parole de Dieu du groupe de la Fraternité Saint Laurent. Un rendez-vous bimensuel qui commence toujours par un déjeuner bricolé avec les apports et les talents des uns et des autres. Aujourd’hui au menu : salade d’endives, petit salé aux lentilles, haricots verts, gratin de potiron de Marie-Dominique, l’épouse de Ludovic et beignets aux pommes de Marilyne. Après que Gianni ait récité un bénédicité, la conversation va bon train. Attablés sur la terrasse face au massif des Maures et à la vieille ville au pied de la propriété, les convives se donnent des nouvelles, commentent le séjour qui a réuni 17 personnes à l’abbaye de Lérins pour la récolte et la confiture d’oranges, organisent la vente des 230 pots à la sortie des messes, évoquent d’autres rendez-vous…

Jésus veut plus de vie pour nous

14h. Pour diverses raisons tant professionnelles, familiales qu’administratives, certains doivent partir. C’est le cas de Titi et de Marilyne. Les autres rejoignent la salle commune pour un partage du texte de l’Évangile de la veille, mercredi du début du Carême. Une petite calebasse d’Amazonie contenant des Cendres, Marie-Do demande à chacun ce que cela lui évoque. Bruno, le prêtre de la paroisse Saint Michel de Draguignan, originaire du Burkina Faso, explique que le Carême est « le temps que l’Eglise offre à ses enfants pour nous aider à réajuster nos vies et reprendre le chemin de l’essentiel. C’est le nettoyage de nous-même. Pour arriver à Pâques, il faut une renaissance en soi ». « Chez les chrétiens, comment ça se passe le jeûne ? », demande Murielle. Elevée par des parents très anti-cléricaux et ayant passé plus de vingt ans dans des associations hors Eglise, elle est aujourd’hui en recherche. Pascal, le peintre, demandant des précisions sur le mot « aumône », Patricia raconte alors qu’un homme de la rue a donné un jour un pantalon à Gianni, sans rien demander en échange. « Moi je lui fais la bise, je suis passé par là », commente le jeune homme. Pascal avoue sa difficulté à prier. Le groupe réfléchit ensuite au mot « sincère » et Patricia raconte qu’à une période de sa vie, en Pologne, elle était mal jugée parce qu’elle n’allait pas à l’église alors qu’elle prie souvent et s’estime « pas plus mauvaise qu’une autre ». Marie-Do compare le Carême à l’entraînement d’un sportif. Puis Nathalie, une paroissienne recommençante, donne son témoignage : « Pour le Carême je me privais de télévision. Un soir, j’ai eu le temps de discuter avec un de mes enfants. J’ai lu et j’étais super contente. C’est la première fois que mon Carême n’était pas une corvée ». Pascal questionne : « La chair elle crie si on se prive, pourquoi se faire mal ? Marie-Do rebondit sur l’effort qu’il a fallu à ce solitaire pour participer au séjour à Lérins et sa satisfaction, au final, d’avoir passé trois bons jours. Conclusion : « il faut sortir des fonctionnements habituels dans lesquels on ronronne. Jésus veut plus de vie pour nous ».

L’échange se conclut à l’oratoire par la récitation du psaume 50, du Notre-Père, de la prière de la Diaconie, quelques intentions et des commentaires du Père Bruno qui remet sur la paume de chacun une poignée de Cendres.

Repensant à d’autres partages d’Evangile, Gianni dira peu après à l’extérieur du bâtiment : « Je ne savais pas qu’on pouvait vivre pour soi des choses de la Bible comme l’histoire de la brebis perdue et retrouvée. Cette brebis perdue, c’était moi ! »

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