L’Église catholique au Brésil

Le Brésil, pays immense, grand comme 17 fois la France, compte 130 millions de fidèles, sur 200 millions d’habitants, soit 15 % du catholicisme mondial. Il y a 276 diocèses et plus de 300 évêques. La société est étroitement liée à l’Église. Mais les choses changent et d’autres Églises chrétiennes émergent comme les évangéliques et les pentecôtistes protestants. Par Bertrand Jégouzo.

En vue de donner un nouvel élan à cette importante communauté catholique, le pape Benoît XVI a fait le choix du Brésil pour la 5ème grande Conférence de l’épiscopat latino-américain (CELAM). Cette Conférence, à laquelle le Pape s’est rendu, a eu lieu au sanctuaire d’Aparecida (situé entre Sao Paulo et Rio de Janeiro) en 2007. Le document final qui en est ressorti s’intitule : « Disciples et Missionnaires de Jésus-Christ pour que nos peuples aient la vie en Lui ».

Le Pape a choisi aussi la ville de Rio pour les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) qui se sont déroulées en juillet 2013. Un grand nombre des jeunes pèlerins du monde entier ont visité les diocèses brésiliens à l’occasion de ce rassemblement pour découvrir les richesses de l’Église brésilienne.

Les campagnes de fraternité pendant le carême

Tous les ans, la Conférence des évêques propose un thème de réflexion et de travail à l’ensemble de l’Église du pays : en 2011, « La vie de la planète », en 2012, la santé.
En 2013, la réflexion a porté sur la jeunesse, pour préparer les JMJ.
Et en 2014, on abordait la lutte contre toute forme d’esclavage dans la société et le trafic humain.

Une Église populaire

C’est l’Église qui se réunit autour du culte des saints. On peut citer « la vierge Aparecida », qui rappelle que des pêcheurs ont trouvé dans la rivière une statue de la Vierge. Il y a aussi de grandes fêtes populaires à Belém et dans le Maranhão ou le Céara. Ces fêtes peuvent rassembler plusieurs dizaines de milliers de personnes (plus de deux millions pour la fête de Notre-Dame de Nazaré à Belém). Le chapelet reste aussi une prière populaire. Beaucoup de personnes âgées se retrouvent dans cette sensibilité.

Les Communautés Ecclésiales de Base (CEB)

La « Communauté Ecclésiale de Base » est la communauté chrétienne réunie pour vivre le lien entre l’évangélisation, Bonne Nouvelle de libération des pauvres et des opprimés, et la pédagogie des opprimés, pratiquée comme une conscientisation libératrice.
Cette organisation des communautés sous ce mode s’est faite à la demande officielle et écrite de l’épiscopat latino-américain réuni en 1968 à Medellin, en Colombie, autour du pape Paul VI. C’est l’actualisation du concile Vatican II à l’Amérique latine. L’Église du Brésil leur a donné beaucoup d’importance dans les années 1970 et les redécouvre suite à la Conférence d’Aparecida qui les a de nouveau encouragées.
Cette communauté se réunit pour partager la Parole de Dieu, partager le Corps du Christ lorsqu’un prêtre est présent, et repartir dans la vie de tous les jours construire la fraternité évangélique en travaillant au plan politique à la construction d’une société plus juste et fraternelle. Une CEB est une communauté chrétienne qui vit le « voir, juger, agir » à la Lumière de la Parole de Dieu. C’est une communauté qui n’oublie pas la phrase de St Jean : « Celui qui dit j’aime Dieu, mais qui n’aime pas son frère (1Jn 4, 20) est un menteur ». Mgr Helder Camara, archevêque de Recife (1964 – 1985), est représentatif de ce courant, mise en pratique de la libération évangélique.

Très souvent ces Communautés Ecclésiales de Base ont été la continuité de groupes qui récitaient le chapelet ou se réunissaient pour les fêtes traditionnelles. Dans les groupes de récitation de chapelet, il a suffi de demander aux fidèles s’ils voulaient lire les textes évangéliques correspondant aux différents mystères priés. En ce qui concerne la célébration des fêtes traditionnelles, des évêques ont demandé aux gens s’ils voulaient préparer la fête avec anticipation avec une équipe d’animation. Et peu à peu, la pratique de la foi s’est enrichie.

Une Église qui se veut prophétique

En particulier à l’époque de la dictature (1964-1985), est née une Église prophétique qui dénonce les injustices sociales et politiques. Aujourd’hui, ce courant s’exprime beaucoup à travers la Commission Pastorale de la Terre (CPT), organisme de la Conférence des Évêques du Brésil (CNBB), dont le président a été pour deux mandats de deux ans, Mgr Xavier de Maupeou, d’origine française. Il avait à l’époque de la dictature passé un diplôme d’avocat au Brésil pour pouvoir défendre les petits paysans expulsés de leurs terres.

Aujourd’hui, un dominicain français, Xavier Plassat, continue à se battre pour les paysans sans terre et contre le travail esclave. Le père dominicain Henri Burin des Roziers a longtemps œuvré également, comme avocat des paysans sans terre. Il vécut sans cesse sous les menaces de mort des grands propriétaires. Il en traîna certains devant les tribunaux. Grand avocat il gagna toujours ses procès, mais souvent les criminels par toutes sortes de subterfuges juridiques contournèrent leur condamnation. Il reste une des grandes figures de la défense des petits paysans.
La pastorale de la jeunesse mise en place par la Conférence des évêques (CNBB) s’engage dans cette même orientation sociale et prophétique.

Le Renouveau charismatique catholique

Il est apparu dans les années 1970 – 1980. Il met en valeur l’adoration du Saint-Sacrement, ainsi que les pratiques de guérison. Ce mouvement a une lecture de la Parole de Dieu spirituelle et personnelle.  » Canção Nova « , (chant nouveau) est une communauté qui se consacre à la nouvelle évangélisation grâce à une chaîne de télévision. L’objectif est de faire connaître le Christ à travers les médias et surtout de concurrencer les églises évangéliques.

Un certain nombre de prêtres catholiques sont connus comme des « prêtres chanteurs ». Ils sont célèbres dans tout le Brésil et peuvent rassembler des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup de jeunes, à leurs concerts. Ce courant est né pour contrer l’expansion des églises protestantes évangéliques qui ont des liturgies très participatives et chantantes.

La communauté « Maranatha » s’efforce de venir au secours des drogués. Elle propose à ceux qui veulent s’affranchir des ravages de la drogue un service social où les gens peuvent consulter des médecins et des psychologues. Et chaque jour, les personnes en travail de guérison sont invitées à se réunir pour prier ensemble.

La communauté  » Shalom « , qui est présente en France dans le diocèse de Fréjus-Toulon, donne beaucoup d’importance à l’adoration perpétuelle. Elle cherche à exister en dehors du tissu paroissial traditionnel. A Rio, une fois par mois, ses membres se rendent à la fameuse statue du Corcovado qui domine la ville, pour aller à la rencontre des touristes pour permettre aux gens de découvrir Dieu, là où ils ne l’attendent pas.

La communauté  » Fazenda de la Esperanza  » s’inspire du témoignage de Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari. Le Pape Benoît XVI l’avait visitée en 2007, au moment de la Conférence d’Aparecida.

Moyens de communication

L’Église possède 5 chaînes de télévision et de nombreuses radios locales.

Bertrand Jégouzo
Pôle Amérique Latine
Service National de la Mission Universelle de l’Eglise (SNMUE)

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