Antoine Renard : « La parole des évêques fixe un cadre »

Président de la Confédération nationale des Associations familiales catholiques, Antoine Renard réagit à la déclaration des évêques : « Elections : un vote pour quelle société ? ». Il détaille aussi les différentes démarches entreprises par les AFC pour faire entendre la voix des familles.

 

Comment avez-vous reçu ce texte ?

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Nous l’avons reçu avec énormément de gratitude. A priori, cela peut poser question : est-ce le rôle des évêques de s’exprimer sur un sujet comme celui-là, alors que leur mission essentielle est de confirmer leurs frères dans la foi ? Justement, on n’en est pas très loin. Comme cela avait été le cas lors de la révision des lois de bioéthique, les évêques ont écrit suffisamment à l’avance et en prenant de l’altitude. J’ai été particulièrement sensible au fait que le texte s’attache à dire ce qui justifie la réflexion: nous sommes dans une phase de transformations rapides de nos sociétés. Les évêques analysent les causes de ces transformations et je trouve que c’est d’une très grande pertinence. Je retiens notamment les techniques scientifiques qui, éventuellement, si l’on n’y prend garde, peuvent porter atteinte à la dignité de l’homme. Je note aussi le brassage des cultures. Ce sont des réalités. Leur position est très au-dessus du discours purement électoral, c’est en effet un éclairage. La deuxième chose que j’apprécie beaucoup, c’est que les évêques rappellent que, depuis toujours, l’Eglise attache de l’importance à la politique et à la fonction publique.
Enfin, je trouve très agréable de voir exprimée par nos évêques, la cohérence de la pensée et de la réflexion qui ont permis la construction de l’Enseignement Social de l’Eglise. Les références aux textes du Magistère montrent bien que leur déclaration s’inscrit dans une réflexion continue qui s’enrichit de l’histoire des hommes. Précisément parce qu’ils disent cela, ils laissent tous leurs champs d’action aux corps intermédiaires et aux laïcs pour prendre leur place dans le discours quotidien, dans la proposition de mesures.
 

Et les 13 points de discernement ?

Ces sont tous les points importants qui sont en question aujourd’hui.
J’apprécie que la parole des évêques se réfère à la pensée de l’Eglise et qu’elle fixe un cadre. Elle ne dit pas ce qu’il faut faire. Elle attire l’attention, la réflexion. Les évêques sont conscients de la situation, de cette crise, des dangers d’une évolution rapide, mais il se dégage de ce texte un optimisme, notamment sur la capacité des hommes à les affronter, qui tranche avec le discours ambiant. C’est bien-là la marque de l’Evangile.
 

Comment les AFC s’investissent-elles dans la campagne ?

Nous nous concentrons sur les politiques à l’égard des familles. A vrai dire, nous avons fait plusieurs démarches. Nous menons une première action à l’intérieur de l’UNAF – via un questionnaire envoyé aux candidats – et une deuxième, au sein d’une plateforme de mouvements chrétiens sociaux (CFTC, patrons chrétiens, mouvements de scoutisme, Office des Chrétiens Handicapés,
Enseignement catholique et quelques autres) qui a élaboré un dossier de 6 fiches sur les sujets de société dont une sur la famille. Nous demandons à être reçus par les Etats-majors des candidats et des partis, des candidats. Enfin, les AFC ont publié un dossier de propositions sur 4 thèmes :
« Conjugalité », « Ecologie humaine », Education » et « Politique familiale », en visant plutôt les électeurs que les candidats. Nous avons choisi d’éditer des propositions en leur disant : « Voilà ce que nous pensons que les familles devraient demander ». Le choix des thèmes est le fruit d’une réflexion engagée il y a deux ans. Ce processus nous a conduits à dire que la politique familiale ne se limite pas à un catalogue de mesures d’accompagnement financier .Elle doit plus largement faciliter la vie et le développement des familles pour rendre possible l’aspiration de tous à une vie de famille épanouie. D’autre part, les évolutions de la société et de notre politique familiale conduisent à s’interroger sur son caractère préventif. Notre politique familiale ne fait-elle qu’accompagner les échecs ? Les coûts des situations de non-familles sont énormes pour la société qui est conduite à les compenser en y réservant une part croissante de ses ressources. Les échecs du couple, et par conséquent de la famille, conduisent à quantité de problèmes qu’on a été tenté de résoudre en infléchissant la politique familiale pour lui donner un caractère un peu plus social. D’où ce thème prioritaire de la conjugalité. Les 4 thèmes s’appuient sur un état des lieux, un résumé des positions en présence et donnent quelques pistes de propositions assez concrètes. Elles sont perçues comme une contribution et suscitent de l’intérêt. Nous avons déjà rencontré l’UMP et reçu des invitations du Parti Socialiste, du MODEM et des Radicaux de gauche.

Résumant notre analyse et nos propositions, 400 000 tracts seront distribués par les associations locales
 

400.000 tracts à distribuer !

Les AFC représentent 350 associations locales regroupées en 73 fédérations départementales. Leurs 30.000 adhérents sont mobilisés jusqu’aux élections législatives pour distribuer les 400.000 tracts imprimés, dans la rue, sur les marchés ou encore à la sortie des messes.
 

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