Pastorale des Migrants : ils relèvent le défi d’humanité

Au-delà de leurs différences de statut, les délégués diocésains à la Pastorale des Migrants sont la figure de proue des communautés chrétiennes qui tentent contre peurs et replis d’incarner la parole du Christ : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ». Et de répondre à l’exhortation du Pape François à ce que l’Église d’Europe accueille les réfugiés.

Patrice, le rôle de l’Église est d’apaiser les peurs

Patrice Vincey« Le travail est immense et les avancées modestes », commente Patrice Vincey. Les paroisses ne manquent pourtant pas de bonnes volontés ; pour accompagner des chrétiens exilés d’Orient ou donner des « coups de pouce » pour régler les problèmes de réfugiés et de migrants (payer l’assurance d’une voiture, acheter un frigo…). Quant à la préfecture, elle fait « preuve d’une écoute attentive ». Reste que Patrice dit « ployer sous la charge » et être « un peu bouleversé » par cette mission qui le fait « se confronter à la réalité plutôt que de brasser de grandes idées ». Appelé il y a 7 ans par l’archevêque de Bordeaux à mettre sa retraite au service des plus pauvres en tant que président du Secours Catholique, Patrice y avait vu « une façon intelligente de vivre l’Evangile ». Vers la fin de son deuxième mandat au Secours Catholique, il a proposé et soutenu la création d’une cellule Migrants. Lorsqu’en mars 2015, le Père Ricard lui a confié cette nouvelle mission de la Pastorale des migrants, il a bien pris le temps de se renseigner puis s’est entouré d’une équipe de quatre personnes pour « partager la réflexion et la prière ». A côté de l’association « Accueil des chrétiens d’Orient en Gironde mise en place par son prédécesseur, il a créé l’association « Bienvenue aux réfugiés », et collabore avec le groupe « Welcome Bordeaux »[1]. Face aux manifestations d’hostilité à l’ouverture de centres d’accueil, il estime que « le rôle de l’Eglise est d’apaiser les peurs et d’oser la rencontre ». Soucieux d’œcuménisme, Patrice se réjouit que le 10 décembre prochain soit programmé un rassemblement œcuménique avec des familles chrétiennes du Moyen-Orient hébergées en Gironde. Le 9 octobre dernier, il a largement invité les communautés étrangères à participer à la rencontre « Qu’as-tu fait de ton frère ? » organisée à la cathédrale par le Conseil diocésain de solidarité dans le cadre du Jubilé de la Miséricorde.

Philippe, habité par la foi et l’attrait de l’étranger

Philippe ColletÊtre fils d’un capitaine au long cours aide à être « branché sur le monde ». Attiré depuis toujours par « l’étranger », Philippe Collet a expérimenté comme expatrié en Thaïlande -lieu de la conversion de son couple- « la difficulté de se faire comprendre et le regard des autochtones ». Grand voyageur, marié à une épouse à l’âme « humanitaire » et père de cinq enfants dont deux adoptés, un Brésilien et une Ethiopienne aujourd’hui âgés respectivement de 23 et 22 ans (adoptés sur proposition de ses enfants biologiques), ce parfumeur habite Grasse proche d’un quartier populaire aux 17 nationalités. Appelé au diaconat, il y est, entre autres, l’aumônier de la communauté cap-verdienne. Sa mission de délégué diocésain à la Pastorale des Migrants lui permet de relier encore davantage sa foi et l’ouverture à d’autres cultures et langues. A un an de la retraite, Philippe y consacre week-end et soirées : « Plus qu’un bénévolat, un apostolat ! ». A Vintimille, à la frontière franco-italienne, ses équipes participent aux côtés d’autres associations à l’opération « Kitensac ». Il s’agit de fournir des produits d’hygiène et des vêtements aux réfugiés « afin de leur redonner une dignité », tandis qu’en amont d’autres bénévoles gèrent des centres de collecte et de tri. Pour le volet hébergement, environ 25 familles se sont portées volontaires pour accueillir des demandeurs d’asile dans le cadre d’un programme « Welcome. D’autres soutiennent financièrement l’action de SOS Méditerranée, avec son bateau l’Aquarius qui parcourt la Méditerranée pour porter secours aux migrants.  « Personne dans ce diocèse de Nice, commente Philippe, ne peut dire qu’il n’a aucun moyen d’agir pour les migrants ».

[1] Réseau Jésuite d’hospitalité des demandeurs d’asile

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