Des belles rencontres à la paroisse de Colombes

Tony, Amar, Gisèle, SaloméTrès engagées au sein de leur paroisse (Saint-Pierre, Saint-Paul de Colombes),  Annick, 43 ans et Gisèle, 42 ans, vivent à plein la « joie de l’Évangile ». En particulier à travers le partage de la Parole de Dieu avec des personnes du monde de la rue.

Comme au ping-pong, les paroles de l’une font rebondir les déclarations de l’autre. Ainsi lorsque Gisèle, membre de l’EAP (Équipe d’Animation Pastorale), de deux groupes charismatiques et animatrice de plusieurs équipes (Chapelet, Rosaire, prière des mères…) explique que « Le déclic, c’est lorsque la paroisse m’a envoyée à Diaconia 2013 », Annick rétorque que c’était bien antérieur, amenant Gisèle à compléter son témoignage : « C’est vrai, cette sensibilité aux plus délaissés je l’ai depuis toujours. Déjà, au Cameroun, ma grand-mère se donnait à 100 % pour l’Église et pour les autres. Mon père a suivi en étant toujours proche des rejetés qu’il appelait ses « amis ». Et pour moi je pense que toutes ces personnes ont beaucoup de choses à donner et à recevoir. J’ai grandi humainement dans ma vie et ma foi à leur contact ».

Annick, membre elle aussi de l’EAP, de l’équipe Deuil et de la Pastorale de la Santé, raconte qu’elle a « toujours été attirée, depuis toute petite, par les personnes les plus en difficulté » et qu’ « étant mariée à un Africain elle se sent une âme universelle ». Aussi, lorsque le parvis de l’église est devenu un lieu refuge pour des hommes en errance, toutes les deux ont spontanément noué des liens. Elles les ont écoutés -en sachant parfois mettre de la distance-, les ont défendus, leur ont fait connaître leur famille, les ont invités aux célébrations et continuent de les accompagner dans leurs demandes de sacrements, tout en se défendant « de faire du prosélytisme ». Avec comme résultat au fil des mois, la disparition de ce que Gisèle appelle « l’écran du regard ». C’est-à-dire, voir enfin en chacun un être humain avec ses qualités et non plus une situation sociale avec ses manques. « C’est dur de les voir dehors mais on n’est pas là pour leur faire la morale, on ressent vis à vis d’eux une réelle affection. On se situe dans des relations sincères, naturelles, en vérité », explique Annick. « Parfois je viens là pour les voir deux minutes et je reste trois heures. Ils ont des têtes bien faites et sont d’une grande humilité. C’est peut-être pour ça que Jésus allait vers eux », ajoute Gisèle. Cette présence qui a bousculé bien des paroissiens a aussi provoqué des conversions. Aujourd’hui « beaucoup de gens leur proposent leur amitié gratuitement et eux-mêmes ne demandent plus systématiquement la pièce ».

Le curé de la paroisse, le père Olivier Joncour s’avère, affirment Gisèle et Annick, « fabuleux » dans cette relation aux plus démunis. Il a ainsi instauré le dimanche des petits-déjeuners solidaires toujours ouverts par une très belle prière qui commence en ces termes : « Toi le pauvre, toi mon frère… ». Le climat y est « très convivial et on ne sait pas qui est qui ». La fille aînée de Gisèle, Marie-Elisabeth, y assure le service en digne héritière de sa maman.

Annick

 Le Christ au centre

Quant au temps de partage d’Évangile sur le parvis que leur a proposé le Père Joncour, Gisèle et Annick disent s’y être entraînées l’une l’autre. Cela fera bientôt deux mois que l’aventure se poursuit, réussie « parce qu’on se connaissait et qu’il y avait cette confiance », précisent les deux jeunes femmes. Et peut-être surtout parce que « les échanges viennent du cœur et ne sont pas intellectuels » captant au fil des jeudis matins de plus en plus de paroissiens et même des personnes qui passent pour se rendre au marché.

Pour Gisèle, il n’y a aucun doute : « pendant qu’on partage l’Évangile le Christ est au milieu de nous ». Elle s’avoue particulièrement touchée par les moments où il est question de pardon. « Via sa Parole, le Seigneur, affirme-t-elle, panse les plaies. Un trait d’humour redonne courage à tous et on repart sur un autre sujet que celui qui faisait pleurer. Parfois ce qu’ils évoquent est tellement dur qu’on ne dit rien. Tout ce qui nous reste c’est la prière ». Pour Annick également, un peu moins à l’aise que Gisèle « pour parler spontanément de Dieu à ceux qu’elle rencontre », il est évident que « sa Parole est vraiment vivante ». Elle le voit lors des célébrations d’obsèques et  encore plus lors de ces partages d’Évangile que toute les deux affirment vivre « avec bonheur ».

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