Haut-Anjou : l’Union sacrée autour des jeunes

IMG_0882_DxOEn Maine-et-Loire, dans le pays de l’Anjou bleu où les paroisses rassemblent aujourd’hui des dizaines de clochers, l’enthousiasme remplace les moyens humains et financiers. Après avoir organisé une soirée avec le groupe Glorious, une équipe de chrétiens motivés a monté un projet un peu fou : un spectacle joué les 7 et 8 mai pour financer le départ de jeunes aux JMJ de Cracovie. Par Chantal Joly

 À peine avait-elle le temps de poser sa clarinette à la fin des répétitions que Camille inscrivait dans des pochettes méticuleusement classées les nouvelles inscriptions au spectacle. Camille, 24 ans, sage-femme, animatrice des messes sur la commune de Segré, est l’une des chevilles ouvrières du groupe d’une quinzaine de jeunes du secteur qui va partir aux JMJ accompagné par le père Emmanuel d’Andigné, curé de la paroisse Notre-Dame-du-Haut-Anjou. Une alliée ô combien précieuse pour Delphine, professeur des écoles, laïque en mission ecclésiale à quart-temps pour la pastorale des jeunes sur le doyenné et responsable logistique du spectacle « Partout Présent » : douze musiciens du groupe chrétien Elsy (du mot hébreu « Elisheva » « Dieu est ma promesse« ), une troupe de danseuses et un orchestre symphonique composé pour l’occasion. Certains comme Maëlle, choriste, étudiante en BTS, qui habite près de Doué-la-Fontaine, n’ont pas hésité à faire des heures de route depuis des mois pour partager cette aventure.

Il y a eu également les ouvriers de la onzième heure qui n’ont pas été sous les feux des projecteurs mais ont permis la réussite du spectacle ; Armand par exemple, 18 ans bientôt en Terminale S, qui a aidé au montage, s’est occupé du parking et de la sécurité et dont ce seront les premières JMJ.

 Une chaîne de solidarité extra-ecclésiale

Si les paroles des chansons composées par Marie Bichon et orchestrées par Fabien Merceron, deux passionnés au service des animations du diocèse, évoquaient la présence de Dieu, la terre promise et même la Croix, leur contenu explicitement religieux n’a pas fait obstacle à la chaîne de solidarité qui s’était constituée autour de cette bonne cause à dimension citoyenne et sociale. De tous âges et toutes opinions, amis, connaissances de bonne volonté, paroissiens, commerçants et élus ont fédéré leurs efforts qui pour s’occuper de la publicité, prêter du matériel, bâcher la salle, préparer les repas, etc…« Ça me bottait d’annoncer l’Évangile de cette manière qui brasse l’humain », commente David Liebenguth, le directeur artistique et l’initiateur du projet. Directeur de l’école de musique qui rassemble 705 élèves de 67 communes, David et son épouse sont à Pouancé, un village étape sur le chemin de Compostelle, les hôtes/gardiens du presbytère qui était resté vacant ainsi que de l’église et de l’espace paroissial attenants. Après une « conversion radicale », le couple s’y est installé en famille pour assurer un accueil et une présence spirituelle. David est également soutien de la « Pastojeunes Haut-Anjou ». Sa responsable, Thérèse Cochin, 18 ans, violoncelliste dans l’orchestre symphonique du spectacle, dont les frères et sœurs ont déjà vécu des JMJ, rêvait d’y partir depuis longtemps. Elle témoigne « attendre beaucoup des rencontres, peut-être un déclic pour sa vie future » et se réjouit que ce soit «dans le pays de Jean-Paul II, le top du top ». Avec deux autres de sa classe, elle fera partie des neuf  jeunes qui partiront à Cracovie en bus ; un « Road Trip » accompagné jusqu’à Prague par un séminariste, avec des étapes dans des communautés religieuses trouvées via Internet. Et ce, à peine rentrée de Lourdes où elle aura été animatrice du pèlerinage diocésain. Des choix qui ne sont pas sans sacrifices car Thérèse risque ainsi de ne pas pouvoir trouver de job d’été. « La difficulté ici, c’est surtout que nous perdons les étudiants. Nos leviers d’action ce sont les lycéens », commente Delphine. Malgré tout, le spectacle 2016 a témoigné d’un beau réservoir d’énergies de l’Église dans ce pays segréen. « Je suis fier de vous et admiratif des chrétiens que vous êtes et de votre force d’évangélisation », confiait à l’issue d’une des représentations un jeune professionnel avec qui les organisateurs avaient travaillé en amont dans les paroisses.

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