Des maisons pour partager richesses et fragilités

En janvier 2017, s’ouvrira sur la commune de Sainte-Apollinaire, en périphérie de Dijon, un lieu de vie pour 22 personnes (12 cérébro-lésées et 10 valides), affilié à la fédération Simon de Cyrène. Un projet portée dans la foi par sa chef de projet.

Par Chantal Joly

Simon de Cyrène à Dijon« 12 places réservées à des personnes handicapées pour tout un département ; c’est très peu mais ce bâtiment est un signe porteur d’espérance. Il prouve qu’on peut monter des projets qui fédèrent autour du bien commun et de la fraternité », commente Blandine Arbor. Voilà près de 5 ans que cette mère de famille de 7 enfants mène un véritable marathon tant administratif et financier que diplomatique et médiatique pour faire aboutir la construction de Maisons Partagées à Dijon. C’est-à- dire des structures qui concilient à la fois l’autonomie des résidents (studios indépendants), la convivialité (espaces pour le « Vivre Ensemble ») et la sécurité (présence d’assistants professionnels et jeunes volontaires valides). Le tout inséré dans une vie de quartier avec un jardin pour s’oxygéner et partager des barbecues l’été.

Une communauté à bâtir

Tout est né d’une « conversion professionnelle à 180 degrés ». L’ancienne directrice marketing dans le B.T.P  est en effet devenue aumônier au CHU de Dijon, un observatoire éminemment privilégié de la fragilité humaine. Ayant éprouvé elle-même « ses zones de vulnérabilité» et découvert avec les personnes handicapées de l’Arche et de Foi et Lumière « une vérité dans la relation », Blandine témoigne que « ce rêve d’une communauté à bâtir » lui est commun avec ses amis handicapés.

Des amis comme Laurent, 49 ans, en fauteuil roulant, qui se réjouit que la France ait enfin « un code du handicap mis à jour » mais est témoin du fait que « de plus en plus de personnes à mobilité réduite doivent vivre chez leurs parents » . Or que se passe-t-il lorsque ceux-ci vieillissent ? Quel projet de vie pour celui qui bascule dans le handicap et se retrouve en foyer médicalisé à la suite d’un accident ou d’un AVC ? Quel sens a une existence solitaire dans un appartement même aménagé ?

Des coups de pouce de la Providence

En colocation avec Angelo, un voisin également handicapé, Laurent s’est toujours battu pour « casser les barrières du handicap et rester un citoyen à part entière ». Compagnon de Simon de Cyrène Dijon, il participe depuis 2012 aux tables d’hôte qui réunissent une fois par mois pour des grands moments d’échange et de joyeuse amitié personnes en situation de handicap et personnes valides à la paroisse Élisabeth de la Trinité ou à des sorties du groupe. L’envie d’un endroit où pouvoir vivre ensemble « une histoire de famille » est née « dans les têtes et dans les cœurs et nous avons reçu des petits coups de pouce de la Providence », ajoute Blandine. Comme par exemple, le fait que lors d’un concert de Glorious au profit du projet Simon de Cyrène Dijon, le futur bailleur du lieu de vie ait été présent, ses enfants étant fans de ce groupe. Ou encore, raconte, Laurent, le fait que le député-maire de Saint Appolinaire Rémi Delatte les ait « accueillis à bras ouverts ».

Le soutien de personnalités locales telles que Maurice Giroud, chef de service de neurologie du CHU de Dijon et Louis de Broissia, ancien président du Conseil général de la Côte d’Or, a permis au rêve de l’Association Maisons Partagées Dijon Côte d’Or et à sa trentaine de compagnons de devenir réalité. La première pierre a été posée le 23 octobre 2015. « C’est une aventure qui commence à déboucher sur du positif », commente sobrement Laurent. Quant à Blandine, elle poursuit sa mission d’ambassadrice auprès du monde médico-social pour boucler la liste des heureux locataires du Cours de Gray.

 Des pierres vivantes de fraternité

« Ce sont autant d’expériences prophétiques avec des vivants qui ne font pas de bruit », dit des Maisons Partagées Simon de Cyrène leur fondateur, l’entrepreneur social Laurent de Cherisey. Marqué par l’accident de sa sœur en 1983, ce disciple de Jean Vanier ouvre la première communauté à Vanves, dans les Hauts-de-Seine, en 2009. Du nom de l’homme qui, dans les Évangiles porte la croix du Christ, la fédération Simon de Cyrène regroupe 12 associations locales et près de 1000 personnes. Outre Dijon, d’autres lieux de vie sont en projet à Rungis (Val-de-Marne), Nantes, Lyon… Des maisons à chaque fois établies sur des « pierres vivantes », précise Laurent de Cherisey.

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