Se former pour vivre l’Évangile en quartiers populaires

Christian PIANLes 20 et 21 novembre 2015 sera organisée à l’Institut Catholique de Paris (ICP) l’une des sessions de la formation « En quartiers populaires, vivre, espérer, faire Église ». Christian Pian, théologien, co-directeur depuis 2005 de la formation continue du Theologicum, responsable du pôle Partenariat et formations délocalisées, explique la genèse et les enjeux de cette formation proposée à tous les acteurs de la pastorale.

Par Chantal Joly

 Pourquoi s’est-il avéré nécessaire de mettre sur pied cette formation et en quoi reste-t-elle pertinente ?

En 2002-2003, c’est l’abbé Henri-Jérôme Gagey, doyen à l’époque de la Faculté des Théologie et Sciences Religieuses, qui a initié cette formation spécifique et sur mesure, le montage pédagogique étant assuré par l’ICP avec comme partenaires pour l’élaboration et l’animation la Mission Ouvrière, la Pastorale des migrants et les Fils de la Charité. S’est rajouté depuis comme partenaire le Secours Catholique.

Sans stigmatiser le terrain de cette pastorale, il est évident que la mission en monde populaire possède une spécificité. C’est notamment un type de pastorale pour laquelle, dans un contexte de raréfaction des moyens, le « retour sur investissement » ne se voit pas toujours de façon évidente. L’environnement ecclésial et sociétal n’est plus aussi porteur et les quartiers eux-mêmes ont subi de nombreuses mutations. L’évidence de ce type de présence souhaitable ne va donc plus de soi. On rejoint pourtant là des préoccupations fortes en matière d’ouverture à la pluriculturalité et au dialogue inter-religieux, d’évangélisation, de service du frère là où il en a le plus besoin et d’engagement pour le vivre-ensemble. C’est une formation dont je suis fier pour l’Institution Église.

Qui sont ces acteurs de la pastorale à qui est-elle destinée ?

Il s’agit de prêtres, religieux et religieuse, diacres et laïcs sollicités par un mouvement ou un diocèse et qui ont un minimum d’expérience sur le terrain. La formation vise à aider au discernement pour l’action pastorale selon le principe de l’Action catholique Voir (diagnostic des richesses et difficultés de la mission), Juger (acquérir des repères), Agir (les participants, qui ne viennent pas en « touristes » doivent réfléchir à leurs pratiques et faire une auto-évaluation de leur parcours de formation).

La moitié si ce n’est les deux-tiers de la formation vise à comprendre la réalité et les perceptions du terrain. C’est d’autant plus nécessaire avec des acteurs de la pastorale qui ne sont plus systématiquement issus de ces populations. En effet, des prêtres ou de jeunes religieuses missionnées par leur Congrégation viennent désormais d’autres milieux sociaux voir d’autres continents. C’est la raison pour laquelle, à l’écoute des besoins, nous avons rajouté au parcours en 2 ans (voir encadré) un module « Mieux comprendre les quartiers populaires ».

En qui consiste la formation ?

Elle est interdisciplinaire. Il y a tout un volet sciences humaines avec la participation de sociologues et d’historiens, un apport philosophique et naturellement la participation de théologiens qui honorent la dimension biblique notamment. Nous faisons appel aux compétences des enseignants de l’ICP mais aussi à des experts extérieurs, universitaires praticiens et témoins qualifiés. Pour le dialogue avec les musulmans par exemple, nous nous appuyons sur le SRI (Service des Relations avec l’Islam). L’idée générale est de permettre de prendre du recul et de croiser les expériences car souvent, ces acteurs de la pastorale se retrouvent isolés. Nous ne leur apportons pas de réponses mais des pistes de réflexion en les amenant à construire leurs propres outils pour avancer.

Qu’apporte cette formation à ceux qui s’y engagent ?

Au final, nous ne délivrons pas qu’un certificat d’assiduité. La formation est qualifiante et les participants peuvent s’en prévaloir, même s’ils ne repartent pas avec un diplôme en poche. Tous apprécient le supplément de sens donné à ce qu’ils font. Ils en parlent avec d’autres, certains créent des « pools » régionaux. Depuis dix ans 250 personnes de très nombreux diocèses sont passées à l’ICP dans le cadre de cette formation. Je rêve qu’un jour un réseau national se constitue.

 

Une formation, deux parcours

Un parcours long (90 heures !) en 1 an est proposé sous forme de 5 sessions de 3 jours plus une journée de formation permanente annuelle. Une formule adaptée à des personnes ayant une activité par ailleurs existe également sous forme de parcours en 2 ans avec 2 sessions de 2 jours par an. Nous proposons aussi une journée de formation permanente annuelle pour les personnes ayant déjà suivi l’un de ces parcours ou simplement intéressées par le thème abordé.

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