Ecologie : le diocèse de Lyon en marche (69)

Ecologie diocèse LyonLa mise en marche du diocèse de Lyon a en matière d’écologie a véritablement commencé au travers de trois événements courant 2015 : la création de la chaire Jean Bastaire, puis la session de rentrée des prêtres et enfin la nomination d’un délégué à l’écologie. La chaire Jean Bastaire, créée en janvier 2015 au sein de l’université catholique de Lyon, se propose de développer une vision chrétienne de l’écologie. Fabien Revol en est le titulaire. Ce fut justement dans ce cadre que s’est fait l’accueil des pèlerins du climat avec Yeb Saño, le 10 novembre, lors d’une table-ronde réunissant autour d’eux le cardinal Philippe Barbarin, et Martin Kopp, délégué luthérien à la COP21 de Paris. Le lendemain, une célébration œcuménique a été célébrée en l’église St-Pothin.

La parution de l’Encyclique le 24 mai 2015, de son côté, a donné l’idée du thème de la session de rentrée des prêtres diocésains, début septembre. Cette dernière s’est déployée sur deux jours avec des interventions sur la notion même d’écologie en tant que science, la théologie de la création, et la présentation de l’encyclique (pertinence et enjeux). Deux mois plus tard, ma nomination comme délégué épiscopal à l’écologie a été un signal fort spécialement ad intra et ad extra.

Ces derniers mois ont vu une certaine effervescence d’échanges de courriers, des conférences, etc., et quelques réalisations concrètes. On peut déjà regrouper les initiatives en cours sous trois thèmes : sensibilisation, actions concrètes et spiritualité.

La sensibilisation a consisté dans les paroisses ou les mouvements, en un grand nombre de conférences et de rencontres autour de l’Encyclique. Le cardinal Philippe Barbarin a eu souvent l’occasion d’en parler, comme par exemple, lors d’une table-ronde avec les élus du Rhône en février 2016. Pour mon humble part, je suis intervenu par une quinzaine de conférences, adressées à des publics très différents : paroissiens de ville ou de campagne, retraités du MCR, étudiants des grandes écoles ou de l’enseignement supérieur, routiers (scouts), laïcs en mission ecclésiale dans l’aumônerie de l’enseignement public, dans l’éducation catholique … Récemment j’ai participé à une table-ronde organisée par le CMR (Chrétiens en Monde Rural) avec un vice-président de la métropole du Grand-Lyon, un militant écologiste, un agriculteur reconverti dans le bio, un (alter) économiste !

Des éditos de journaux paroissiaux ont relayé l’encyclique, des groupes de lecture de Laudato Si’ se sont constituées, et même un petit nombre de groupes d’écologie se sont créés.

L’aspect de sensibilisation à la sauvegarde de la création est essentiel, en vue de responsabiliser les chrétiens et de sortir des clivages stérilisants quand on aborde la question de l’écologie. C’est l’affaire de tous, les enjeux sont considérables et le problème est global.

Les actions concrètes, quant à elles, restent ponctuelles pour l’heure mais pas sans intérêt. Dans le domaine énergétique, il y a eu, après un travail de plusieurs mois d’études, de tractations, de recherche de financement, l’installation de panneaux solaires dans 7 lieux paroissiaux : quatre dans le Roannais (le centre Notre-Dame par exemple) et trois autour de Lyon (salle paroissiale de Feyzin…), les bâtiments de France ayant refusé à Lyon même, l’installation intra-muros ! Dans le domaine de la biodiversité, quelques nichoirs installés ici ou là dans les clochers (église de Vaugneray par exemple), et des ruches en ville (Ste Blandine).

Les projets concrets ne manquent pas, mais ils nécessitent un certain discernement, des prises de conseils auprès de vrais spécialistes, et l’investissement et la coordination de beaucoup de bénévoles ! Cependant ils ont été l’occasion de contacts très cordiaux et prometteurs avec des associations naturalistes, dont la LPO (ligue de protection des oiseaux) et Arthropologia, la plus importante association naturaliste de la région et avec des protagonistes divers de la société civile.

Pour aider les paroisses et communautés, des fiches pratiques sont en cours de réalisation à propos de l’empreinte écologique des bâtiments d’Église, la biodiversité et l’entretien des espaces verts, l’utilisation des consommables en paroisse

En dehors des paroisses, d’autres initiatives remarquables sont à souligner. Trois établissements catholiques sont en train de réécrire leur projet d’établissement à partir de l’encyclique. Il s’agit de lycées professionnels en périphérie ou en campagne. Leur démarche prouve combien l’encyclique Laudato Si’ ouvre des pistes magnifiques sur bien des plans. On ne peut que s’en féliciter. Deux autres projets s’appuient sur  la décision de plusieurs Chrétiens de vivre en cohérence avec leur engagement écologique et leur foi. Ainsi quelque jeunes familles finalisent actuellement le projet de vivre en éco-communauté dans un village du Roannais. Une autre famille cherche une ferme pour un projet d’accueil ré-créatif à partir de la culture biologique et de l’élevage d’ânesses.

Quant à la dimension spirituelle, quelques célébrations ont été faites pendant le mois de la création dernier. Le projet d’une grande fête le 4 octobre prochain prend de l’ampleur. J’ajoute qu’une balade naturaliste et méditative vient d’être testée sur ma paroisse située dans la troisième ceinture de Lyon. Elle était composée d’une douzaine de personnes de différents âges, encadrées par un naturaliste chevronné et passionnant. Au fil de notre marche dans la campagne, nous avons appris à connaitre maintes espèces d’arbres d’arbustes, de fleurs, des insectes… et prier dans des pauses de louange et de méditation. A réitérer !

Le domaine de la spiritualité ouvre tout un champ à explorer : la richesse trop méconnue de notre patrimoine théologique et spirituel, avec les grandes figures de François d’Assise et de Ste Claire, mais aussi Ste Hildegarde de Bingen, Ste Kateri etc., la dimension cosmique de la liturgie chrétienne et des sacrements, la présence d’immensité de Dieu dans la création… Faut-il rappeler que seuls la prière et les sacrements enracinent, donnent la force intérieure et fécondent toute démarche d’écologie intégrale ?

P. Michel Raquet, délégué épiscopal à l’écologie pour le diocèse de Lyon

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