Mgr Wintzer : « Une mémoire sans histoire serait imaginaire »

Le 8 décembre 2012, à Paris, Mgr Pascal Wintzer, évêque de Poitiers, fera l’ouverture du 3ème colloque de l’Observatoire Foi et Culture, dont il est président. Avec pour thème « Mémoires en crises », ce rendez-vous proposera un regard chrétien sur l’histoire.
 

Comment le thème de la mémoire a-t-il été choisi ?

L’actualité chaude est traitée par les médias. L’Observatoire Foi et Culture souhaitese mettre à distance afin de repérer, au-delà d’un événement d’actualité, des tendances de fond de la société et de la culture. On peut dire que la question de la mémoire est assez ancienne. Elle a été marquée par la grande rupture qu’a été la Révolution française. On voit déjà au début du XIXème siècle des gens comme Chateaubriand rappeler qu’elle n’est pas un effacement de ce qui a précédé. La culture française reste empreinte de l’idée qu’on ne se construit que sur la rupture. Pour l’Eglise, le concile Vatican II peut être compris en termes de rupture et de nouveauté qui discréditeraient la passé, de même pour la Nouvelle Evangélisation…
 

La mémoire serait en crise ?

La mémoire est en crise dans la société occidentale, du fait du rapport au temps, qui risque de n’être focalisé que sur le présent. Le temps politique est extrêmement instantané, en raison de ce qui le détermine : les échéances politiques. L’action peut dès lors n’être motivée que par des échéances brèves. Le rapport au temps est aussi marqué par nos médias. Le développement de Twitter – même le Pape s’y met – montre que tout est de l’ordre de l’immédiateté. Si un mail reste sans réponse dans la journée, on envoie la police pour savoir si le destinataire n’est pas mort ! Or la personne se construit sur des liens dans la durée.
 

Quel est l’objectif du colloque ?

Il est de rappeler que chacun se construit sur une mémoire et pas uniquement dans l’instantané. On aborde à la fois la question de la mémoire et la question de l’histoire. La mémoire a des fonctions diverses : c’est la mémoire psychologique, individuelle, celle de la société. La mémoire doit aussi se référer à des faits. Une mémoire sans histoire serait imaginaire, fantasmée. Ce qui lui permet d’être fondée, c’est son inscription dans l’histoire et la connaissance de l’histoire.
 

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Au service des évêques

Si les actes des deux colloques précédents ont été publiés – L’éditeur a même fait un second tirage pour ceux du deuxième – l’OFC poursuit son travail sur des fiches à destination des évêques. « A peu près tous les 15 jours », précise Mgr Wintzer. L’OFC s’appuie sur un panel de rédacteurs diversifié pour que les domaines traités le soient aussi. Cette fois, pas de thèmes prévus car ils dépendent de l’actualité !

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