Vers une suppression mondiale de la peine de mort ?
Peu de temps auparavant, à la mi-août 2011, lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid, Benoît XVI donnait un catéchisme new-look, Youcat, afin qu’ils puissent mieux se repérer dans les questions concernant leur foi. Dans ce Youcat, on lit : « Pourquoi l’Église est-elle contre la peine de mort ? » (Au n° 381)
La réponse s’appuie sur l’enseignement de Jean-Paul II. Il situe la peine de mort uniquement dans la perspective de la légitime défense pour laquelle les pouvoirs publics sont invités à privilégier « les moyens non sanglants ».
En effet, la légitime défense « ne doit pas conduire à la mesure extrême de la suppression du coupable, si ce n’est en cas de nécessité absolue ». Or, continue le pape polonais, « aujourd’hui, à la suite d’une organisation toujours plus efficiente de l’institution pénale, ces cas sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants ». Fort de ce constat, Jean-Paul II a lancé le 12 décembre 1999 son « appel à tous les responsables afin que l’on parvienne à un consensus international pour l’abolition de la peine de mort ».
L’Église catholique milite donc clairement pour l’abolition de la peine de mort car les moyens non sanglants « correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine », précise encore Jean-Paul II. Le 1er janvier 2001, il répète qu’« un dialogue authentique entre les cultures ne peut pas ne pas nourrir une vive sensibilité pour la valeur de la vie. La vie humaine ne peut être considérée comme un objet dont on disposerait arbitrairement, mais comme la réalité la plus sacrée et la plus intangible qui est présente sur la scène du monde. » C’est pourquoi, ajoute-t-il, « le recours nullement nécessaire à la peine de mort » appartient à la « tragique spirale de mort ».
Benoît XVI est sur la même ligne. En janvier 2008, il déclarait : « Je me réjouis que l’assemblée générale des Nations Unies ait adopté une résolution appelant les États à instituer un moratoire sur l’application de la peine de mort et je souhaite que cette initiative stimule le débat public sur le caractère sacré de la vie humaine. » Telle est la raison qui a poussé Jean-Paul II et Benoît XVI à agir personnellement pour que soit suspendue l’exécution de la peine capitale, aux USA ou ailleurs.
Le catéchisme – Youcat – dit clairement que l’Église catholique est « contre » la peine de mort. N’est-ce pas une bonne nouvelle que des jeunes, dans la plupart des pays du monde, apprennent pourquoi il est juste et bon de susciter un système judiciaire pénal qui exclut la possibilité de recourir à la peine de mort ? Ne seront-ils pas demain les acteurs de sa définitive exclusion dans le monde ?
Mgr Pierre d’Ornellas
Archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo