Bourges rend hommage à son saint
Eveiller le sens de l’histoire du diocèse
Le 10 janvier 2009, la célébration d’ouverture offrait les prémices d’une année ponctuée par des célébrations d’envergure: la cérémonie solennelle pour la dédicace de la cathédrale le 10 mai était présidée par Monseigneur Aubertin, archevêque de Tours et la messe de l’Ascension était retransmise en eurovision au Jour du Seigneur le 21 mai.
Le 15 novembre, la cérémonie de clôture rassemblera tous les évêques de la province ecclésiastique et les anciens évêques de Bourges sous la présidence du cardinal Barbarin, d’origine berrichonne. Une fois par mois, des communautés monastiques sont invitées à venir chanter les vêpres, clin d’œil aux origines monastiques de saint Guillaume. L’alliance entre vie de prière et vie apostolique, deux facettes de la vie du saint, est ainsi soulignée.
Mgr Armand Maillard, l’archevêque, s’est beaucoup investi dans l’élaboration de ce programme. Il a voulu donner une dimension spirituelle à cet événement. Chaque paroisse du diocèse était invitée à passer une journée de pèlerinage à Bourges. 8 doyennés sur 12 ont déjà répondu à cet appel. Car le but est bien d’accentuer la dimension diocésaine. Comme nous le confie l’abbé Jean-Michel Bodin, il s’agit d’ « éveiller le sens de l’histoire du diocèse, de donner un aiguillon de sa vie religieuse. C’est important d’avoir des événements marquants : le diocèse a besoin d’avoir un ciment qui développe son esprit, d’autant qu’il est très grand, car il regroupe deux départements ».
Valoriser un patrimoine exceptionnel
A cela s’ajoute une dimension culturelle, avec des manifestations qui attirent une foule dépassant largement celle des simples fidèles et diocésains. Nul doute qu’elles contribuent par leur ampleur à faire connaître la cathédrale. Tel est d’ailleurs l’enjeu : valoriser et faire découvrir un patrimoine exceptionnel. Car, malgré que la cathédrale se classe au rang des grandes cathédrales gothiques telles que Notre-Dame de Chartres ou Notre-Dame de Paris, elle est malheureusement méconnue.
Classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 1992, elle revêt pourtant de grandes richesses. Commencée en 1195 par Henri de Sully, prédécesseur de Guillaume sur le siège épiscopal, sa construction, ambitieuse, devait remplacer l’ancienne cathédrale romane. Premier édifice gothique construit au sud de la Loire, aux confins du royaume de France, son envergure devait être comparable à celle de Notre-Dame de Paris : cela aussi bien pour le prestige du Roi de France que pour celui de l’archevêque, primat d’Aquitaine alors aux mains des Anglais. Mais, ce qui fait d’elle un exemple unique est l’utilisation des écrits chrétiens et des sources hébraïques voulue par Guillaume : dans son souci pastoral d’instruction, il conçut le programme iconographique de ce véritable catéchisme de pierre et de verre. Les magnifiques vitraux du déambulatoire, contemporains de l’abside et du chœur achevés en 1214, devaient créer la Jérusalem céleste. En 1230, le gros œuvre est terminé, la tour Nord actuelle date du XVe siècle.
Visites, conférences et expositions autour de la vie du saint
Dans l’héritage du grand prédicateur, les visiteurs sont invités à découvrir ce patrimoine sous l’égide de l’association des Amis de la cathédrale : visites guidées par les guides bénévoles de la cathédrale et de l’office de tourisme ; conférences données par Olivier Nauleau, agrégé d’histoire, spécialiste de saint Guillaume et de son époque ; spectacles, concerts, publications d’une bande dessinée sur La vie de saint Guillaume, recueil de photographies.
Ce sont aussi des expositions : « le diocèse de Bourges dans l’Eglise de Dieu » et du 19 septembre au 31 octobre, les « Vies et mémoire de Guillaume du Donjon, archevêque de Bourges à la fin du XIIe siècle ». Le point d’orgue est sans conteste le colloque international qui, pour la première fois, rassemblera les 29 et 30 octobre 25 spécialistes français et étrangers autour de la problématique « La place et la signification de la cathédrale de Bourges dans l’architecture et l’iconographie gothique de l’Europe du XIIIe siècle ». Les actes de ce colloque seront publiés en fin d’année.
Et les fruits sont à la hauteur des attentes, voire même au-delà : « On ne pensait pas que l’événement aurait un tel écho. Il amplifie même au fur et à mesure de l’année. De nombreuses initiatives qui n’étaient pas programmées viennent se greffer ! », s’extasie l’abbé Jean-Michel Bodin. Les visiteurs sont nombreux. Incontestablement, cette année permettra à la cathédrale de rayonner pour les mois et les années à venir.