Homélie pour le dimanche 14 septembre

Lectures bibliques:

Lecture du Livre des Nombres 21, 4b-9 : Le serpent d’airain
Psaume 78, 3 : Ils ont versé le sang comme de l’eau
Lettre de saint Paul aux Philippiens 2, 6-11 : Dieu l’a souverainement élevé.
Évangile selon saint Jean 3, 13-17 : Ainsi faut-il que le Fils de l’Homme soit élevé.

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Dieu s’est identifié aux hommes en la personne même du Christ-Jésus, et cela dans toutes les réalités que nous vivons. C’est pourquoi, en son dernier soupir humain, il a pu dire à son Père : « Tout est accompli » (Jean 19/30)

LE QUOTIDIEN DES HOMMES

Il en a partagé l’enfance et l’intimité familiale avec Joseph et Marie, à Nazareth comme au pèlerinage du Temple à douze ans.

Il a partagé la vie d’une communauté sociale avec des jeunes qui chantaient sur la place du village et discutait sans doute avec des habitants qui faisaient travailler le charpentier.

Il a partagé les relations amicales, invité aux noces, comme à Cana, ou discutant, comme chez Matthieu, avec certaines convives pharisiens.

Il n’en restera pas là dans son identité humaine devant les souffrances des infirmes et des malades, des veuves ou des inquiets sur leur avenir, y compris Marie-Madeleine.

TOUT EST ACCOMPLI

Et c’est ainsi que tous les gestes humains prennent leur sens en la Croix. Il a partagé la solitude de tant d’hommes et de femmes au cours des siècles. « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Il n’en reste pas extérieur à la souffrance des hommes et des femmes dans leur corps malade, blessé, amoindri ou soumis au mal. Il les a partagés au Jardin des Oliviers, dans le prétoire des tortures des soldats romains, dans le chemin qui le conduit aux affres de la croix, sur cette croix jusqu’aux limites humaines.

Nul ne peut dire à Dieu : » Si tu savais ! » ou encore « Dieu est loin de moi, il m’abandonne. » En Jésus, Dieu lui-même l’a dit dans les paroles de Jésus.

La croix, dans la vie du Christ, doit être méditée à la lumière de ce que l’évangéliste saint Jean nous dit de Jésus.  » Le Verbe, la Parole de Dieu, était Dieu… En Lui, était la Vie et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point comprise. »

 » Le Verbe, la Parole, s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire ». (Jean 1 /4 à 14) En ce dimanche, où nous célébrons la Croix glorieuse, pour la voir en son mystère divin, il nous faut la partager.

IL RÉCAPITULE TOUTES CHOSES

Dans la Divine Liturgie des Églises orthodoxes, le célébrant élève la croix dans les quatre directions de l’espace au chant du Kyrie eleison. Il montre ainsi que le Christ, en ces heures de la croix, a « récapitulé » et a voulu unir en son corps et en son esprit toutes choses, toutes les souffrances et toutes les offrandes des hommes durant leur cheminement terrestre vers l’éternité divine.

 » En montant sur la Croix, le Christ a voulu réconcilier en Lui toutes choses, unir toutes les extrémités de la création, la hauteur et la profondeur, dans son corps, afin de nous permettre d’avoir accès auprès de son Père. » « Tout est accompli » au sens grec du terme : « complet »  » , jusqu’au dernier soupir (Jean 19/30) « il ne manque rien ». (Macaire)

La foi chrétienne nous donne à contempler l’horreur du supplice de la croix non pour nous émouvoir, mais pour y découvrir l’étonnante réalité de la personne du Christ : « Une vie qui surgit de la croix, de cet arbre qui donnait la mort » comme nous le chanterons dans la préface eucharistique.

Comment alors exalter la croix et dire qu’elle est glorieuse ? Comment peut se faire cette transformation d’un outil qui donne mort en une source de vie ? L’apôtre Paul nous le dit dans la 2ème lecture : « Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms ».

Saint Paul nous révèle ainsi que l’exaltation de Jésus crucifié est la conséquence de son abaissement. Le Verbe de Dieu qui partageait la gloire du Père a préféré abandonner cette plénitude pour se réduire, se cacher dans notre humanité pour la relever et l’exalter dans la résurrection après avoir souffert la mort.

INDISSOLUBLE AVEC DIEU

L’incarnation du Verbe manifeste ainsi l’amour de Jésus pour nous, et l’amour de son Père qui nous le donne. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé. »

La transformation de la mort en vie, de la croix comme supplice à la croix comme source de vie, s’opère donc par l’acte d’amour qui animait Jésus et son Père alors qu’il traversait les épreuves de sa passion.

La fête de l’Exaltation de la Sainte Croix prend ainsi une signification particulière. Elle nous invite à méditer sur le lien profond et indissoluble qui unit la célébration Eucharistique et le mystère de la Croix. Chaque messe en effet rend actuel le sacrifice rédempteur du Christ. L’Eucharistie nous rappelle au quotidien que notre salut jaillit de ce mystérieux échange, dans lequel le Fils de Dieu épouse la mort pour nous donner gratuitement part à sa vie divine.

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La gloire de Dieu, c’est que Jésus, qui est « de condition divine », conduit par son abaissement et sa mort tout homme en la plénitude de la vie . La mort et la résurrection sont inséparables en Jésus, par Lui et avec Lui.

 » Fortifiés par la nourriture que tu nous as donnée, nous te supplions, Seigneur Jésus-Christ, conduis à la gloire de la résurrection, ceux que tu as fait revivre par le bois de ta croix. (prière de la communion)

année liturgique B