Homélie pour le 15 août

Les chrétiens, au cours des siècles, ont chanté la Mère de Dieu en rendant grâce de ce qu’elle a réalisé dans la foi, à l’écoute de la Parole que Dieu lui adressait.

L’Eglise dans la liturgie de ce jour nous donne à lire, à méditer et à transposer dans notre vie, la première démarche de Jésus en direction des hommes ses frères.

LA DIVINE RENCONTRE

Cette première démarche, c’est la Visitation de Jésus en sa Mère, grâce à la spontanéité et à la délicatesse de Marie. De même que le premier miracle à Cana sera déterminé par la délicatesse et l’attention de Marie pour des jeunes époux. Le première béatitude que nous trouvons dans l’Evangile est donc celle qu’une vieille femme lui a adressée :” Heureuse es-tu toi qui as cru !” au moment inouï où ces deux femmes, Elisabeth et Marie, se rencontrent dans l’amour et la foi.

Elisabeth porte en elle le dernier des prophètes, Jean le Baptiste, celui qui résume toute la tradition millénaire de l’Ancien Testament et qui prépare les voies du Seigneur, comme l’avaient fait, avant lui, Isaïe, Jérémie, David et tant d’autres. Marie porte en elle celui qui rend complète la Révélation de l’amour de Dieu, non par des phrases et des discours, mais parce que Dieu se fait l’un de nous, se fait homme en lui et par lui, Jésus de Nazareth. Moment inouï et moment d’allégresse.

Ces deux femmes le ressentent en elles-mêmes, parce qu’elles portent en elles ceux qui, depuis des jours et des mois et à cette heure, partagent et vivent de leur sang, de leur respiration, de leur vitalité . Leurs enfants tressaillent avant même de se retrouver sur les bords du Jourdain, le jour où l’un et l’autre clameront aussi de joie. “Il n’y a pas plus grand que Jean-Baptiste !” “Voici l’Agneau de Dieu dont je ne suis pas digne de dénouer le lacet de sa chaussure.”

UNE HUMANITE PARTAGEE

“Et Marie garde toutes ces choses en son coeur”. Silencieuse et peu bavarde dans l’Evangile, elle contemple, elle rend grâces, elle reste fidèle à la primauté de son Fils. Elle ne dit qu’une fois : “Mon enfant” et ne se veut jamais “maternante”. Elle ne le garde pas pour elle, elle a ouvert son coeur, elle a ouvert ses bras pour que Jésus puisse se donner aux hommes.

Marie est une créature unique, aussi rapprochée de Dieu qu’il est possible de l’être pour un être créé. Elle n’est pas autre que nous, mais elle a vécu en elle ce que nul ne peut dire : “Mère de Dieu”, car la chair de Jésus fut entièrement, et seulement, la chair de Marie, et d’aucune autre créature.

Joseph ne l’a pas partagée. Il n’est que le père qui a adopté cette situation et le fils de Marie. A notre niveau, d’une autre manière, nous pouvons nous identifier au Christ, et nous le répétons en chaque Eucharistie :” Puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité.”

Pour Marie, ce fut une totale réalité, dans le partage de la vie trinitaire. L’Esprit est venu sur elle, le Père l’a associée à son amour infini, le Fils de Dieu est devenu son fils, sans qu’il cesse pour autant de partager la vie trinitaire qui est la sienne :”Ne saviez-vous pas que je suis aux affaires de mon Père ?” lui rappelle-t-il d’ailleurs, lorsqu’il a douze ans.

DANS LA PLENITUDE DE LA VIE DIVINE

Le Fils a reçu de Marie son corps et toute sa vie d’homme. Au jour de sa Dormition, elle reçoit de Lui la Vie. Elle reçoit du Père, du Fils et de l’Esprit un “corps de gloire”. Son corps sans souillure, qui a connu le privilège de la conception immaculée, pouvait-il connaître cette souillure de la corruption du tombeau qui est la conséquence du péché ?

La liturgie byzantine exprime cela en reprenant en la fête du 15 août, une antienne qui est aussi chantée au temps pascal pour Jésus ressuscité :”La source de la vie est mise au sépulcre et son tombeau devient l’échelle du ciel.”

Dans la foi de l’Eglise qu’elle soit orthodoxe, orientale ou romaine, il ne s’agit pas seulement de la réception de l’âme de Marie dans le ciel. C’est tout elle-même, corps et âme, qui est élevée auprès de son Fils ressuscité, lui aussi, corps et âme.

Même s’il n’y a aucune vérification “historique”, même s’il n’y a aucune preuve documentaire, la conscience de la foi considère que la négation active de la “Dormition” et de ”l’Assomption” est plus qu’une témérité, c’est un blasphème.

LA GRACE QUI EST AUSSI LA NOTRE

L’Assomption est la fête non seulement de Marie, mais de toute la nature humaine.

Car, en Marie, la nature humaine a atteint sa fin et son épanouissement. La vie de Marie manifeste le destin et le développement d’une nature humaine entièrement fidèle à Dieu. Avec Marie, c’est le genre humain qui est emporté et reçu au ciel.

Certes Marie a reçu un privilège qui ne peut être le nôtre. Mais ce parfait épanouissement de la grâce en Marie, que nous admirons en la fête du 15 août, nous suggère quelle pourrait être la ligne de développement d’une âme qui s’appliquerait à faire fructifier en elle les dons reçus, les dons que nous avons reçus.

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“ Fais que nous demeurions attentifs aux choses d’en-haut pour obtenir de partager sa gloire”. (Prière d’ouverture de la messe) “ Par toi, le Fils unique de Dieu a fait resplendir sa lumière. .. ô Mère de Dieu par qui la terre entière tressaille d’allégresse ! (St Cyrille d’Alexandrie)
“Que ceux qui célèbrent votre mémoire expérimentent votre aide ! (St Fulbert de Chartres)
“En toi fut et demeure toute plénitude de grâce et Celui qui est tout bien.” (St François d’Assise)
“Voyez, ma Mère, que vous êtes contrainte d’acquiescer à toutes mes demandes.” (St François de Sales)

“Ma bonne mère, donnez-moi un coeur tout brûlant pour Jésus »

année liturgique B