S’il vous plaît, que cela ne se répète pas !

Logo CEF en jpgC’est avec une très profonde tristesse que la Conférence des évêques de France a accueilli la nouvelle de la découverte de la dépouille d’Aylan, 3 ans, sur une plage turque.

Les images de cet enfant ont suscité une vive émotion compréhensible et partagée. Cette émotion est aussi celle provoquée par la mort du frère d’Aylan (5 ans) et de leur mère, eux aussi retrouvés sur la plage turque parmi les 11 personnes ayant péri dans ce naufrage.

Et cette émotion est aussi celle des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants morts durant leur exode vers un monde meilleur que leur propre pays.

En juillet 2013, face au drame de Lampedusa, le pape François s’était déplacé « pour réveiller nos consciences pour que ce qui est arrivé ne se répète pas ».

« S’il vous plaît, que cela ne se répète pas ! » avait-il martelé, ajoutant, « la mondialisation de l’indifférence nous rend tous « innommés », des responsables sans nom et sans visage ».

Aujourd’hui, cela se répète….

Nous le savons, la situation est complexe puisque les États ont le droit et le devoir de réguler les flux migratoires dans leur pays. Cependant le Pape François le rappelait lui-même devant les parlementaires européens lors de sa visite à Strasbourg en novembre 2014, l’Union européenne doit offrir « aide et accueil » aux migrants clandestins qui affluent à ses frontières. Des moyens supplémentaires, des actions nouvelles, dépassant les égoïsmes et les peurs doivent être déployés au plan européen.

C’est aussi à tous les niveaux de notre société que cette mobilisation doit se produire, au plan national, au plan local comme d’un point de vue individuel.

Ainsi, tout en soulignant l’action de nombreuses personnes qui s’engagent déjà pour sauver et aider les migrants, la Conférence des évêques de France tient aussi à appeler tous les catholiques et hommes de bonne volonté à apporter leur soutien et à ouvrir leur cœur vers leurs frères afin que leur errance vers une meilleure vie ne les amène plus à la mort.

L’image du petit Aylan nous fait prendre un peu plus conscience de la réalité des drames vécus par les migrants. Dieu nous parle à travers ces évènements et éveille notre conscience. Dans la prière, il nous faut en déchiffrer la signification. En de nombreuses églises, dimanche 6 septembre, les catholiques prieront.

Enfin, l’image d’Aylan nous renvoie à notre propre société et pointe ses égoïsmes, ses dysfonctionnements et ses fragilités. Elle doit nous appeler à un sursaut individuel et collectif. C’est l’accueil de la personne vulnérable, des plus pauvres, des migrants qui sauvera notre société.

« Nous ne sommes plus attentifs au monde dans lequel nous vivons… Nous ne prenons pas soin de ce que Dieu a créé pour tous et nous ne sommes plus capables non plus de prendre soin les uns des autres. Et quand cette désorientation prend les dimensions du monde, on en arrive à des tragédies comme celle à laquelle nous avons assisté. » Pape François, Lampedusa, juillet 2013

Mgr Renauld de Dinechin
Évêque auxiliaire de Paris
Responsable de la pastorale des migrants au sein de la Conférence des évêques de France

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