La rue n’est pas condamnée à n’être qu’une zone de non-droit

Acteurs des quartiers populaires depuis 15 ans, les Scouts et Guides de France identifient de nombreux symptômes d’espoir au lendemain des évènements violents de ces dernières semaines. Les voitures enflammées et les établissements scolaires brûlés ne doivent pas nous faire oublier l’essentiel. Au-delà du jeu et de l’inconséquence de comportements individuels, l’association identifie l’expression d’une demande collective.

Les émeutes de Vaulx-en-Velin de 1991 sont loin ! Les évènements de ces derniers jours ne sont pas ceux du soi-disant « ghetto » du Blanc-Mesnil, de Clichy-sous-Bois ou de Nice… Leur dimension est nationale. Elle marque la conscience collective de notre République car les quartiers nous mettent au défi de vivre ou de ne pas vivre une révolution culturelle.

En 2005, les jeunes adultes des banlieues ne demandent plus à être intégrés : ils sont et se sentent plus que jamais acteurs de la France. Ces jeunes veulent qu’on leur laisse une place, quitte à l’exprimer dans l’excès et une démesure inquiétante. Ils demandent que l’on reconnaisse leurs dynamismes et leurs énergies propres à l’heure du succès de la mode quartier : pantalons baggies, rap,… Ces jeunes demandent que la réalité de leurs quartiers soit pleinement considérée par leur pays.

En 2005, l’heure n’est pas à la nostalgie de l’assistanat. Depuis quelques années, les jeunes découvrent la culture du bénévolat et s’engagent dans leurs quartiers. Acteurs de notre société, ils souffrent de discrimination à l’embauche ou dans la recherche de stages. Ceci révèle la difficulté de notre pays à reconnaître les initiatives positives portées par les quartiers et à nous en saisir.

Des centaines de bénévoles Scouts et Guides de France issus de quartiers populaires et de centre-ville travaillent tout au long de l’année et proposent à 2 700 jeunes d‘investir la rue comme un espace d’éducation et de jeu. Présents dans une cinquantaine de banlieues, les Scouts et Guides de France attestent d’une volonté d’ouverture chez les jeunes de quartiers populaires. La réussite des activités de l’association scoute en quartier – camps, formations de bénévoles, rencontres, animations de quartier – en est la preuve la plus flagrante.

Reste à accueillir cette demande de renouveau afin d’éviter que ces jeunes ne trouvent pour seul moyen d’expression le jeu suicidaire des émeutes. Aujourd’hui, les Scouts et Guides de France se tiennent disponibles, dans la mesure de leurs moyens, pour participer à la promotion d’une France multiple, diverse et ouverte.