« Dire Europe, doit vouloir dire ouverture »

Cette phrase de Jean Paul II (Ecclesia in Europa n°111) reste emblématique de la vision de l’Eglise pour l’Europe. Une vision qui mérite d’être mieux connue et comprise aujourd’hui.

C’est parce que le projet européen est avant tout un projet de paix et de réconciliation qu’il a toujours reçu tout attention et soutien de la part de l’Eglise catholique. La Déclaration Schuman, qui lance en 1950 l’idée de la construction européenne, a clairement pour objectif d’éviter la guerre sur le continent européen. L’économie va être utilisée comme moyen au service de cette volonté de paix et de réconciliation. Pour Schuman, en mettant en commun la production du charbon et de l’acier, les deux matières premières qui permettaient la fabrication de l’armement, « toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible ». Après des siècles de guerres fratricides, les pays membres de l’Union européenne bénéficient aujourd’hui d’une paix durable. Une paix qui a permis aussi la prospérité et l’établissement d’un Etat de droit dans des pays qui en avaient été privés.

Au fil des années, la Communauté européenne s’est élargie et s’est dotée de nouvelles institutions. Aujourd’hui, l’Union européenne avec ses 28 membres est un édifice complexe et souvent critiqué pour sa technocratie, son éloignement des préoccupations des peuples, la prédominance des questions économiques au détriment des questions sociales, etc. Ces difficultés sont réelles, mais elles montrent en même temps l’importance des instances politiques pour débattre et négocier de meilleures solutions. L’Eglise n’ignore pas les difficultés de la construction européenne, mais Jean Paul II attire le regard des Européens bien au-delà de leurs querelles internes.

La façon dont l’Europe a réussi à surmonter ses divisions reste un cas unique dans le monde et, pour Jean Paul II, cela lui confère aussi une responsabilité unique. « Il y a une exigence à laquelle le continent doit répondre de manière positive pour que son visage soit véritablement nouveau : l’Europe ne saurait se replier sur elle-même. Elle ne peut ni ne doit se désintéresser du reste du monde ; elle doit au contraire garder pleine conscience que d’autres pays, d’autres continents, attendent d’elle des initiatives audacieuses, pour offrir aux peuples les plus pauvres les moyens de leur développement et de leur organisation sociale, et pour édifier un monde plus juste et plus fraternel » (Ecclesia in Europa n°111).

Aujourd’hui cette ouverture au monde, et même parfois l’ouverture à l’intérieur de l’Europe, font craindre une perte d’identité. Jean Paul II, bien au contraire, estime « d’une part que les différences nationales doivent être maintenues et cultivées comme le fondement de la solidarité européenne; et, d’autre part, que l’identité nationale elle-même ne se réalise que dans l’ouverture aux autres peuples et à travers la solidarité envers eux » (Ecclesia in Europa n°112).

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