Quelle parole d’Eglise en politique ?

S’occuper de politique peut paraître surprenant de la part d’une Eglise qui affirme que « sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Eglise sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes » (Gaudium et Spes 76-3). Et encore plus surprenant lorsque cette Eglise inscrit son action sur le territoire d’une république laïque !

Pour autant, l’Eglise a toujours valorisé le champ politique qu’elle considère comme « le champ de la plus vaste charité, la charité politique » (Pie XI).

Elle affirme, en effet, que le politique est indispensable à la réalisation du bien commun auquel la société civile, dans ses différentes composantes, ne peut parvenir seule. C’est là sa première et pleine justification : « La communauté politique existe pour le bien commun : elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification et c’est de lui qu’elle tire l’origine de son droit propre » (GS 74-1). Et pour que cette communauté puisse fonctionner sans « se disloquer » en raison des opinions diverses, il est nécessaire de mettre en place une autorité  « qui soit capable d’orienter vers le bien commun les énergies de tous » (GS 74-2). Elle est aussi l’instance nécessaire pour contrôler l’économie, favoriser le vivre ensemble, travailler à plus de justice, maîtriser la violence…

Mais comme institution, l’Eglise garde une certaine distance à l’égard de l’action politique. Reconnaissant qu’elle n’a pas de compétence particulière en la matière, elle s’interdit d’intervenir directement dans les affaires politiques mais se réserve le droit de « porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent » (GS 76-5).

L’Eglise invite en revanche les chrétiens, comme tout citoyen, à s’engager. Elle y voit une manière exigeante de vivre l’engagement chrétien au service des autres (Paul VI) et plus encore, une exigence de la foi (Jean Paul II). C’est le droit et le devoir de chacun de participer à la vie politique. Et aucun motif – pas même les accusations de corruption, luttes de pouvoir, compromission – ne saurait justifier le désintérêt des chrétiens à l’égard de la politique (Jean Paul II). C’est un appel à la responsabilité qui leur est lancé pour, non seulement dénoncer les problèmes, mais s’engager avec d’autres à analyser les situations, discerner les enjeux, proposer des pistes d’action concrètes.

Pour ce faire, les chrétiens doivent s’éclairer de l’Evangile, de la doctrine sociale de l’Eglise élaborée au cours de l’histoire afin de répondre aux mieux aux nouveaux défis du monde contemporain. Cela ne signifie pas qu’il y ait une seule politique possible pour un chrétien, mais une façon chrétienne de faire de la politique et une invitation forte à discerner en Eglise ce qui est susceptible ou non de faire grandir l’humanité.

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