« Donner un témoignage commun de foi, de prière et de service « , tel est l’objectif que s’est fixée la rencontre constitutive du Conseil d’Eglises Chrétiennes en France le 17 décembre 1987. Depuis vingt ans, le CECEF est un lieu important d’échange, d’écoute et de dialogue qui promeut la réflexion, la présence chrétienne associant quatre délégations (catholiques, orthodoxes, protestante et arménienne, un observateur anglican).
Chaque année, les représentants de chaque délégation sont invités à l’Assemblée plénière.
Cette année, le pasteur Claude Baty s’est adressé aux évêques en soulignant la responsabilité des communautés chrétiennes dans les enjeux d’une évangélisation.

Vous avez été récemment élu président de la Fédération protestante de France, quelles impressions aimeriez-vous partager après ces premiers mois de responsabilité?

Ma première impression est la grande charge de travail à laquelle il faut répondre aussi bien en interne qu’en externe dans le cadre des relations extérieures. Cette charge s’alourdit du fait que nous n’avons pas de secrétaire général actuellement. Dans la Fédération, des relations nouvelles se développent dans un climat de confiance mutuelle. Par exemple, luthériens, évangéliques, tsiganes coopèrent beaucoup plus. Aujourd’hui s’opère une ouverture plus grande avec tous, y compris avec les catholiques. Ces situations nouvelles s’enracinent dans le contexte d’une société qui produit des brassages importants. De nombreux réseaux existent : charismatiques, engagements sociaux ou caritatifs, mouvements de jeunes … Des divisions anciennes ne fonctionnent plus, le temporel et le spirituel s’équilibrent, de nouveaux partenariats apparaissent. La Fédération protestante se réapproprie une identité chrétienne dans les « œuvres ». Nous passons d’une période d’enfouissement vécue dans les années 70 à une volonté d’agir au nom du Christ. C’est ce que vit par exemple le scoutisme avec la Fédération française des Eclaireurs et éclaireuses de France qui, à l’occasion de la célébration du centenaire, a réaffirmé son identité chrétienne lors de la Conférence de l’assemblée du désert.

Membre du Conseil d’Eglises chrétiennes en France depuis plusieurs années, vous êtes aujourd’hui le président en exercice du CECEF. Que représente pour vous cette instance oecuménique?

Je suis président du Cecef jusque fin novembre. Le Cecef va fêter les 20 ans de sa création. Des amitiés se nouent à l’occasion des rencontres. Elles facilitent la réflexion et la réponse commune à de nombreuses questions pour nos Eglises. La confiance mutuelle permet de transmettre une parole commune. Le signe du dynamisme est qu’il existe des conseils d’Eglise locaux ou régionaux (Strasbourg, Nîmes, Lyon…). Le Cecef a plus qu’un rôle symbolique. Nous avons une parole commune à proclamer dans la société. L’aspect qui a beaucoup évolué est le renforcement de la confiance entre nous lorsqu’une question apparaît. La confiance est un acquis et le dialogue qui se poursuit la renforce. Ce sont dans les rencontres que les choses commencent à changer.

Vous partez demain à Nairobi pour la première rencontre du forum chrétien mondial, du 6 au 9 novembre. Que signifie cette rencontre et qu’en attendez-vous ?

Lancée en 1998, une première rencontre du Forum a eu lieu en 2000. Le Conseil œcuménique des Eglises essaie de mettre en réseau des représentants qui n’appartiennent pas au Conseil œcuménique des Eglises. Seront présents des membres du COE, des catholiques, des évangéliques et des pentecôtistes. L’enjeu de ce forum est de créer un espace dans un cadre multilatéral pour favoriser le dialogue et la coopération en vue d’un témoignage commun avec des anglicans, des orthodoxes, des baptistes, des catholiques, des pentecôtistes… Environ 300 personnes seront présentes. On franchit les frontières habituelles car nous ne sommes plus dans une situation où les chrétiens se disputent mais veulent témoigner de leur Foi commune dans le Dieu trinitaire, dans le Christ vrai Dieu et vrai homme. A partir de cela, nous devons être témoins. A Sibiu, il y a eu des déclarations fortes et des paroles qui ont marqué. Aujourd’hui, nous voyons le monde avec un autre regard. Ce qui fait bouger c’est la perte de nos influences, retrouver l’essentiel et évangéliser. Nous sommes respectueux des manières différentes de vivre ensemble parce que la nécessité d’être des témoins dépasse les frontières de nos sensibilités. Il y a une soif d’entendre l’Evangile, non pas comme expression de la puissance d’individus ou de quelques intuitions mais en rejoignant les mouvements profonds de la société. Aujourd’hui, il faut une parole d’accueil et d’ouverture.