Mgr Pop : « Nous avons tout à découvrir et à reconstruire »

Ordonné évêque depuis moins d’un an, Mgr Claudiu Lucian Pop, 40 ans, est le deuxième évêque le plus jeune du monde. Roumain, de rite gréco-catholique, il est invité pour la première fois à l’Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes (3-8 novembre 2012) en tant qu’évêque étranger.

Quel regard portez-vous sur l’Assemblée plénière ?

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Je viens d’une petite Eglise, l’Eglise gréco-catholique romaine, qui vient de renaître, d’une certaine manière, après 40 ans de persécution communiste. Nous avons tout à découvrir et à reconstruire. C’est très intéressant pour moi d’être présent à l’Assemblée plénière des évêques de France pour voir « comment jouent les grands ». J’ai l’impression de voir de grands personnages – notamment des cardinaux – débattre en respectant le point de vue des autres, aborder des sujets importants et délicats même, avec sérénité, avec l’expérience de la vie et celle de l’Eglise. J’essaie d’enregistrer le maximum : comment les choses se déroulent, comment les sujets se débattent, comment s’organise une telle assemblée.

Comment est-ce que Lourdes porte cette assemblée ?

Le fait d’être à Lourdes donne une couleur particulière. Ce lieu dit non verbalement le message des évêques de France. On ne se réunit pas n’importe où et pas n’importe comment. Ce n’est pas une association comme les autres. Etre à Lourdes est symbolique. Je dirais même que c’est un rythme particulier : on discute et d’une certaine manière, on porte à la Grotte tous nos préoccupations. Avec la sainte Messe, on reprend des forces autour de l’autel pour affronter les problèmes de la vie. Je trouve aussi très important que la journée soit rythmée par la messe et les temps de prière.

Quels sujets suivez-vous particulièrement ?

Le sujet du diaconat permanent m’intéresse directement. Dans la tradition d’Orient, l’Eglise ordonne des hommes mariés comme diacres mais aussi comme prêtres. Je me suis retrouvé dans les discussions. J’ai même préparé quelques lignes pour apporter mon expérience, en particulier sur la formation des diacres. Je vois, dans mon Eglise, que c’est très important aussi la formation des femmes de diacres ! Saint Paul nous dit que la famille est un seul corps. Il faut bien prendre en compte la foi de l’épouse du diacre. Nous organisons des retraites pour les prêtres mais aussi pour les femmes. Dans le peuple des chrétiens, la femme est perçue comme participant intimement à la mission de son mari. C’est une particularité de l’Eglise d’Orient.

Vous avez été recteur de la mission gréco-catholique à Paris ?

La mission est née après la Seconde Guerre Mondiale, de l’initiative de Mgr Surdu, qui avait pressenti la menace communiste en Roumanie. Il pensait créer un centre à Paris pour des étudiants. Jusqu’à la chute du régime, en 1989, c’est un berceau pour les hommes politiques, pour la culture et pour les fidèles, gréco-catholiques et orthodoxes, sans distinction. Puis, la migration devient plutôt économique. La mission est alors une vraie paroisse. L’idée est d’être un tampon culturel et religieux pour les Roumains, en les aidant à ne pas s’isoler, à garder leur racines et leur identité, pour faciliter une juste intégration. En région parisienne, elle rassemble environ 1000 fidèles. C’est une communauté très vivante qui arrive à la messe en famille, avec les petits enfants et les jeunes. Pour eux, ça n’existe pas un dimanche sans messe. Grâce à Dieu, j’espère que ça durera !
Une vocation marquée par l’histoire de la persécution

L’histoire de la persécution de l’Eglise gréco-catholique roumaine par le communisme (un épiscopat décimé en prison) et le témoignage d’un grand-père prêtre qui célébrait la messe en cachette, seul et très tôt le matin, le détournent de ses études en chimie à Bucarest pour suivre le Christ. En 1991, deux ans après la chute de Nicolae Ceaușescu, il part à Rome où, depuis le pape Pie XI, l’Eglise gréco-catholique possède un lieu de formation. «En 1999, j’avais juste commencé mon doctorat à la Grégorienne quand j’ai été appelé par nos évêques à partir en France » se souvient Mgr Pop. Il secondera le recteur de la mission à Paris (XVIème), puis lui succèdera, deux ans plus tard, quand celui-ci décède. En 2008, il devient recteur du Collège Pontifical Pio Romeno de Rome jusqu’à sa nomination par le Saint-Père, le 21 novembre 2011. « C’est une date particulière pour moi: dans l’Eglise byzantine, c’est l’entrée de la Sainte Vierge au Temple » explique-t-il.

 

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