Histoire du mouvement oecuménique (3)

Les défis pour l’avenir

Le mouvement œcuménique, né au début du XXe siècle, est confronté aujourd’hui à de profondes mutations, qui sont la conséquence d’une transformation du paysage religieux, qui appelle le Conseil oecuménique des Eglises à une réforme en profondeur

Anciennes et nouvelles questions théologiques

Aujourd’hui, la plupart des dialogues portent sur une même question : qu’est-ce que l’Eglise ? Certes, tous les partenaires du dialogue se réfèrent à la notion biblique de « communion », mais ils n’en ont pas la même compréhension.

Ces débats sur la conception de l’Eglise ne sont évidemment pas sans incidence sur le modèle d’unité recherchée. C’est pourquoi la commission Foi et Constitution du COE a proposé en 2013 un nouveau document de « convergence », L’Eglise. Vers une vision commune, qui interpelle tous les partenaires du dialogue œcuménique.

Mais un autre chantier est appelé à se développer, celui de l’éthique et de la réflexion sur l’Homme, sur laquelle la Commission Foi et Constitution du COE a aussi présenté un important document : « Perspectives chrétiennes sur l’anthropologie théologique » en 2006.

Les divergences sur ce qu’est l’homme, sur le début et la fin de la vie, sont en effet au cœur de débats entre les Eglises et même en leur sein. Le Groupe mixte de travail entre l’Eglise catholique et le COE a déjà souligné le défi que représentent les questions éthiques pour le mouvement oecuménique.

Quelques dialogues ont déjà abordé ces questions, comme le dialogue international catholique-anglican (ARCIC II « La vie en Christ ») et le dialogue français catholique-luthéro-réformé (« Choix éthique et communion ecclésiale », en 1992).

Un contexte de profondes mutations

Mais le mouvement œcuménique est aussi confronté aux transformations du paysage religieux qui présente trois caractéristiques : le basculement nord-sud du centre de gravité du christianisme, le décloisonnement confessionnel qui conduit à une démultiplication de la présence de toutes les confessions sur tous les continents, la transformation des mentalités qui se traduit par un plus grand individualisme et un primat de l’affectivité perceptible dans l’expansion de la mouvance pentecôtiste-charismatique.
Ces trois mutations ont plusieurs conséquences qui affectent le mouvement œcuménique : d’abord, une nouvelle manière de poser le problème de l’unité. Ensuite, des divisions internes à chaque confession. Enfin, un développement de réseaux d’affinité transconfessionnels et des « Eglises indépendantes », notamment des communautés africaines ou asiatiques de sensibilité pentecôtiste-charismatique. Dans ce contexte, certains se demandent si le but du mouvement œcuménique peut être encore la recherche d’une unité visible des Eglises aboutissant à une célébration commune de l’eucharistie.

Quel avenir pour le COE ?

Conscient de ces transformations, le Conseil œcuménique des Eglises a entrepris depuis 1998 une étude de la « reconfiguration du mouvement œcuménique », qui a donné lieu à des analyses très intéressantes.

Surtout, il a lancé un projet de Forum chrétien mondial pour mettre à la même table toutes les composantes de la diversité chrétienne actuelle, en créant un « espace » reflétant un éventail de relations plus étendu que la communion fraternelle de ses Églises membres. De fait, celles-ci ne représenteraient même plus le quart du monde chrétien (480 millions de fidèles), soit beaucoup moins que l’Eglise catholique et que de nombreuses communautés évangéliques-pentecôtistes (540 millions), en pleine expansion. Ce projet a pris corps puisqu’après une succession de rencontres continentales a eu lieu une première réunion du Forum au niveau international, à Limuru près de Nairobi, en novembre 2007. Ce nouvel « espace » n’entend pas se substituer au COE, qui garde un rôle majeur dans l’orientation et le soutien du mouvement œcuménique (cf le document « Vers une conception et une vision communes du Conseil oecuménique des Eglises », publié en 1997).

 

Documentation œcuménique

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