Histoire du mouvement oecuménique (1)

La naissance du mouvement œcuménique

Depuis ses origines, le christianisme a connu bien des tentatives pour surmonter ses divisions internes. Ainsi, l’assemblée des apôtres à Jérusalem à la suite de conflits entre chrétiens d’origine juive et chrétiens d’origine grecque (Ac 12). Par la suite, il y eut d’autres tentatives menées le plus souvent à l’initiative de chefs d’Etat davantage préoccupés par l’unité et l’intégrité de leur empire que par la recherche d’une unité théologique et spirituelle des chrétiens. C’est sans doute pourquoi ces tentatives échouèrent… comme les Conciles de Lyon II (1274) et de Florence (1439-1442) entre chrétiens d’Orient et d’Occident, ou encore les Colloques entre les représentants du pape et les premiers Réformateurs à Ratisbonne (1541).

Le mouvement œcuménique contemporain est différent de ces tentatives : il est né à l’initiative des chrétiens eux-mêmes au début du XX° siècle, dans un tout autre contexte où notamment les Eglises étaient plus indépendantes des pouvoirs politiques mais aussi plus conscientes du témoignage qu’elles avaient à apporter dans un monde gagné par l’incroyance. Trois grands courants, apparus presque simultanément, ont contribué à la naissance et au développement du mouvement oecuménique :

Le premier courant est le courant missionnaire. A la Conférence Internationale des missions d’Edimbourg (1910), rassemblant évangélisateurs anglicans et protestants, des représentants des « jeunes Eglises » reprochèrent à ceux d’Occident de leur avoir davantage apporté leurs divisions que Jésus-Christ. En fait, déjà au XIX°, avaient été fondées des sociétés missionnaires inter-dénominationnelles. Mais la critique fit choc.

Le deuxième courant est le courant Life and Work (vie et activité) appelé aussi « Christianisme pratique », né à la veille du Premier Conflit mondial, sous l’impulsion du luthérien Nathan Söderblom, qui perçut une contradiction entre le message évangélique et le comportement des grands Etats occidentaux peuplés d’une très grande majorité de chrétiens mais prêts à s’entretuer et plus préoccupés de leur prospérités que de justice vis-à-vis des travailleurs ou des colonies. Il prit surtout de l’ampleur après 1918, avec sa première conférence à Stockholm en 1925.

Le troisième courant est le courant « Foi et Constitution », qui naquit au lendemain de la Conférence missionnaire d’Edimbourg à l’initiative de l’évêque anglican Charles Brent. Il se développa aussi au début des années 1920, lorsque l’on comprit que l’action pour la paix et l’évangélisation ensemble supposaient que soient surmontées les ruptures doctrinales du passé. Il tint sa première conférence à Lausanne en 1927.

Ces trois courants ont joué un rôle institutionnel déterminant, parce qu’ils ont donné naissance, en 1948, au Conseil Oecuménique des Eglises (COE), qui depuis cette date porte l’effort d’unité des chrétiens. L’idée d’une instance rassemblant des représentants de toutes les Eglises et communautés ecclésiales avait été lancée par les orthodoxes en 1920 : une célèbre lettre du Patriarcat de Constantinople avait suggéré alors la mise en place d’une « société des Eglises », comme venait d’être créé une Société des Nations (l’ancêtre de l’ONU)

Un quatrième courant a joué aussi un rôle important dans le mouvement œcuménique : le courant spirituel.
La prière pour l’unité des chrétiens a été en effet une préoccupation de l’Alliance évangélique depuis sa fondation (1846) ou encore du pape Léon XIII à la fin du XIX° siècle (lettre Provida Matris de 1895) et du patriarche orthodoxe Joachim de Constantinople (lettre de 1902). Mais c’est en 1908 à l’initiative d’un prêtre anglican américain, Paul Wattson, qu’est apparue l’expression aujourd’hui la plus répandue de ce courant spirituel : une octave de prière (huit jours) du 18 au 25 janvier, soit entre la fête (déplacée depuis) de la chaire de saint Pierre, l’apôtre des juifs, et la fête de la conversion de saint Paul, l’apôtre des païens. D’abord centrée sur le « retour » des confessions chrétiennes dans l’Eglise catholique, cette « semaine » connut une impulsion nouvelle à partir de 1935 lorsque l’abbé Couturier, un prêtre lyonnais, la réorienta vers une prière de tous les chrétiens pour « l’unité que le Christ veut par les moyens qu’il veut ».

Documentation œcuménique

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