« Pour un ministère diaconal qui renouvelle » par Mgr Kratz

Dans l’arc-en-ciel des vocations, les diacres permanents ont à déployer une couleur particulière pour signifier à tous les baptisés qu’ils ne peuvent se réclamer du Christ que s’ils se mettent à son écoute et à son école. Je voudrais vous inviter à être plus particulièrement présents au carrefour de trois exigences essentielles qui incombent à nos communautés.
 

Soyez des serviteurs de l’intériorité et de la rencontre avec le Christ vivant.

Kratz Christian - Strasbourg

À une époque où les repères se brouillent et où il ne va plus de soi de se réclamer de l’Évangile, il nous faut être plus que jamais des éducateurs de la croissance spirituelle des personnes. Il s’agit moins de prêcher que de permettre au plus grand nombre d’expérimenter que vivre avec Dieu a du sens, dilate le cœur, offre un avenir et une espérance. Dans l’agitation générale où beaucoup n’existent que par le « faire », il est indispensable de proposer des temps et des lieux où chacun peut accéder à lui-même, se recueillir c’est-à-dire rassembler et unifier tous les aspects de sa vie souvent dispersée et éclatée et recevoir son identité profonde de fils et de fille de Dieu. Apprendre à s’arrêter, prendre le temps de la relecture, découvrir ou redécouvrir la Parole de Dieu, oser exprimer ses joies, ses peines, ses révoltes, ses questions… constitue autant de chantiers à mettre en œuvre pour permettre au plus grand nombre de s’éveiller à l’intériorité et d’accueillir avec profit tous les dons que Dieu fait lorsque nous nous tournons vers lui. N’hésitez pas à prendre des initiatives qui renouvellent les pratiques dans nos communautés en faisant du bien à ceux qui y sont engagés et ouvrant des perspectives à celles et ceux qui cherchent.
 

Soyez des serviteurs de la fraternité évangélique.

Un des charismes des diacres consiste à rejoindre le tout venant, à créer des liens, à jeter des passerelles, à proposer la rencontre… Nos communautés doivent apprendre à devenir plus catholiques, c’est-à-dire plus universelles, plus ouvertes, plus accueillantes. Alors que la société a tendance à cloisonner et à promouvoir un individualisme qui souvent isole et exclut, nos paroisses et groupes d’Église sont ajustés à la mission dans la mesure où ils sont capables d’entrer en dialogue, d’accompagner les personnes et de leur proposer des lieux et des temps de convivialité, d’écoute, de partage et de solidarité authentique. Nous nous plaignons parfois des sectes qui récupèrent et embrigadent beaucoup de nos contemporains. Peut-être nous invitent-elles « à élargir l’espace de nos tentes » pour faire place à tous ceux qui cherchent une communauté chaleureuse et fraternelle. Des assemblées froides et anonymes ne sont guère appelantes ! Si nous voulons attirer à l’Évangile, il nous faut davantage vivre de l’Évangile et correspondre à la parole de Jésus : « C’est à ceci que l’on vous reconnaîtra comme des disciples, à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » Non pas un amour affectif et sans lendemain, mais un amour effectif, porteur de sens, de joie et d’avenir, qui s’exprime dans le quotidien et dans la durée.
 

Soyez des serviteurs de la nouveauté de l’Évangile

Pour beaucoup de nos contemporains, l’Évangile apparaît comme un vieux livre poussiéreux, vénérable certes, mais incapable de changer la vie. Les chrétiens ont pour mission de démontrer que la Parole de Dieu est une force de transformation et une source de fécondité pour tous ceux qui la prennent au sérieux et en font la boussole qui guide leurs choix et leurs engagements. En cette période de crise et de changements rapides dans la société, il nous faut ouvrir de nouveaux chemins à la mission. Nous ne pouvons pas simplement répéter ce que nous savons et ce que nous savons faire, il nous faut identifier les questions et les besoins nouveaux qui apparaissent et nous demander comment nous pouvons répondre, fidèles à nos fondements et à la grande tradition de l’Église qui nous a fait naître à la foi, mais fidèles aussi à ces générations nouvelles qui arrivent sur le marché sans habitudes, sans passé chrétien, démunies de convictions fortes et souvent blessées par une vie difficile. Quelques exemples renouvelant nos pratiques pastorales peuvent déjà être observés : les cours Alpha destinés aux recommençant et à tous ceux qui cherchent une première approche du christianisme, les rencontres inter générationnelles qui mêlent convivialité, catéchèse et célébration pour tous les âges, les temps forts de toute sorte, en particulier dans le domaine des pèlerinages, les petits groupes de partage qui donnent la parole aux divorcés-remariés et aux blessés de la vie … Il y a tant de choses à inventer pour rendre la foi accessible et désirable !

La pire critique qui pourrait être adressée à un diacre permanent, c’est le reproche d’être « installé », d’être devenu un « fonctionnaire de Dieu » ou un simple manager d’agenda. L’Église et les gens du seuil attendent de vous que vous soyez des hommes habités par l’Esprit de Dieu, des bâtisseurs de fraternité et des pionniers de la mission. Un beau programme capable de renouveler non seulement l’Église et votre ministère, mais aussi les ministres que vous êtes !
 

Mgr Kratz évêque auxiliaire de Strasbourg
Éditorial de Diaconat Alsace Infos, la revue des diacres permanents du diocèse, septembre 2010.

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