Bienheureux Louis (1823-94) et Zélie (1831-77) Martin

Une spiritualité du quotidien

Parents de Sainte Thérèse de Lisieux, Louis et Zélie Martin ont fait de leur Nazareth au quotidien un chemin de sainteté. L’Eglise les proclame bienheureux dans le sens où ils ont vécu l’esprit des Béatitudes. Ils nous sont donnés comme témoins de la sainteté de Dieu.

Thérèse sait qu’elle a eu des parents incomparables auxquels elle devait sa vocation. Après la mort de son épouse, Louis dira à ses enfants : « votre sainte mère ». Bien avant le départ de la famille à Lisieux, l’entourage parlait volontiers du « saint Monsieur Martin ». Il exerçait un rayonnement et un témoignage qui ne laissait personne indifférent. Pour beaucoup d’Alençonnais, les parents Martin étaient des saints dans l’humble réalité quotidienne de leur vie. La foi chez eux s’enracinait dans la prière en famille, l’Eucharistie quotidienne, l’amour de Dieu et des hommes, la fidélité à l’Eglise. Leurs filles ont témoigné de l’amour de leurs parents pour les pauvres et ceux qui étaient dans le besoin.

Des laïcs engagés dans la pâte humaine

D’abord en tant que couple : Louis et Zélie se sont profondément aimés et ils ont su exprimer leur amour. « Nos sentiments étaient toujours à l’unisson » dira Zélie en parlant de Louis. « Il me fut toujours un consolateur et un soutien ». Ils ont vécu 19 ans en couple. Nous pourrons confier les couples d’aujourd’hui à leur prière.

Ensuite en tant que famille : Malgré les difficultés et les souffrances, les parents Martin ne se sont pas repliés sur eux-mêmes. Leur maison est toujours restée ouverte et accueillante à tous. On ne trouve aucune trace de jalousie ou de rivalité dans cette famille. Même si les parents ont eu du mal à comprendre leur fille Léonie, ils l’ont toujours aimée et prié pour elle. Ils ont aussi prié pour les vocations et dans leur cœur de père et de mère ils ont consacré leurs enfants à Dieu. Les familles de notre époque si diverses soient elles, pourront trouver auprès des parents Martin un appui et un soutien.

Il ne faut pas oublier la vie professionnelle de ce couple. Louis a été un expert en horlogerie et Zélie a été à la tête d’une petite entreprise de dentelle. Huit jours avant son mariage, elle recevra la médaille d’argent de la ville d’Alençon pour la qualité de ses travaux de dentelle. C’est une femme qui a une vie professionnelle et qui en même temps élève ses enfants comme beaucoup de femmes aujourd’hui.

Tous deux ont connu la maladie. Zélie est morte d’un cancer du sein à 46 ans et qui a duré plus de 10 ans. Louis a connu la maladie psychique et ce fut pour lui une grande épreuve morale ainsi que pour ses filles. Ils sont de vrais témoins de l’Evangile pour nos contemporains et sans doute que beaucoup trouveront auprès d’eux réconfort et confiance.

La sainteté du Peuple de Dieu

La sainteté du Peuple de Dieu n’appartient à personne, sinon à Dieu seul. A Lui de révéler en temps voulu les témoins de son Amour dont le monde et l’Eglise ont besoin. Dans sa Lettre Apostolique « Au début du Nouveau Millénaire », le Pape Jean-Paul II écrira : « Je remercie le Seigneur qui m’a permis de béatifier et de canoniser de nombreux chrétiens, etparmi eux beaucoup de laïcs qui se sont sanctifiés dans des conditions les plus ordinaires de la vie. Il est temps de proposer de nouveau à tous, avec conviction, ce « haut degré » de la vie chrétienne ordinaire : toute la vie de la communauté ecclésiale et des familles chrétiennes, doit mener dans cette direction. » (N° 31) C’est la raison pour laquelle cette famille aura toute sa place dans la spiritualité des chrétiens de notre temps.

L’abandon à la divine Providence

Les enfants ont toujours reconnu dans leurs parents ce désir tout simple d’accepter la volonté de Dieu, de vivre l’abandon à la divine Providence. Grâce à sa sœur qui était Visitandine au Mans, Zélie s’est lancée dans la voie de la confiance, de l’abandon à Dieu. Quelques mois avant sa mort, elle écrira : « Je suis comme les enfants qui ne s’inquiètent pas du lendemain, j’espère toujours le bonheur ». On peut dire que la spiritualité de Thérèse s’enracine dans celle des parents. Toute petite, Thérèse avait appris à envoyer des baisers à Jésus, à louer Dieu, à offrir son cœur à Jésus. L’acte d’offrande comme « la petite voie » ont été vécus par les parents Martin. Ils nous rappellent simplement qu’ils sont des baptisés engagés dans la vie du monde de leur époque et qui ont manifesté la sainteté de Dieu par toute leur vie.

Mgr Jean-Claude Boulanger
Evêque de Séez

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