Saint Vincent de Paul (1581-1660)

Une vie au service des pauvres

vitrail_dax_rutan_vincent_ paulMonsieur Vincent, géant de la charité, nous échappera toujours et ne se laissera pas appréhender facilement. Mais il nous dit avec son air malicieux de gascon : « le temps change tout ». Alors, que nous dit-il, 350 ans après et toujours vivant ?

D’abord qu’il est un homme intérieur. Il est un être habité, ouvert au mystère Trinitaire, en état de béance, complètement offert au Père, au Fils et à l’Esprit. Jour après jour, il se présente comme un homme d’oraison qui devient par le fait-même, capable de tout. La passion du Royaume l’habite et il se veut à la recherche de la grâce qu’il sait toujours à l’œuvre dans son propre cœur.

Son action se trouve décuplée par la prière. Il sait qu’il ne peut rester les bras croisés et qu’il doit aimer Dieu « à la force de ses bras et à la sueur de son visage ». Sa devise préférée scande sa vie et son engagement : « Toute notre vie est dans l’action ». Il travaille, missionne, organise, administre, convoque, rassemble, encourage, stimule, reprend et envoie sans cesse les autres vers leur possible. Il se dépasse lui-même et choisit de faire « davantage ».

Son exemple préféré est le Christ lui-même qu’il revisite sous deux aspects préférentiels : le Missionnaire et le Serviteur. Il met ses pas dans ceux de Jésus qui annonce la Bonne nouvelle et il sait qu’il n’a jamais fini de la dire à tous ceux qui ne la connaissent pas. Il fait sien l’envoi du Christ de saint Luc : « Il m’a envoyé porter la Bonne nouvelle aux pauvres » (Luc 4, 18). Inlassablement il copie le Missionnaire du Père en se faisant lui-même apôtre sur le terrain. Qui le réduirait assis à un bureau, le trahirait et casserait son identité profonde : c’est un pasteur épris des brebis à rassembler. Il est aussi amoureux du Christ à genoux aux pieds de ses apôtres et se faisant l’exemple à suivre. Vincent court après le malheureux, le blessé de son temps et tous les petits méprisés et exclus. Toutes les formes de pauvreté l’accaparent et il invente pour eux les meilleures réponses du moment. Il donne la consigne dont il vit et qu’il reçoit de Jésus lui-même : « Tout ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Ainsi motivé par ce double regard complémentaire sur le Christ, il guette volontiers la volonté de Dieu qu’il essaye de vivre ensuite au rythme des événements et des personnes qui croisent sa vie. Il privilégie le Dieu Providence ; il aime aller à son pas et « courir aux besoins du prochain comme au feu ». Il concilie les contraires parce qu’il se simplifie et s’unifie en Dieu.

Il est profondément prêtre, fidèle au sacerdoce commun des fidèles, épris de son baptême, prêt à mourir à lui et à vivre déjà en ressuscité, pétris de vertus aux racines humaines, comme la simplicité, l’humilité, la douceur, la prudence ou l’ascèse. Il est un homme du réel. Il célèbre volontiers tout cela et la rencontre de ses amis les pauvres, dans son Eucharistie quotidienne, heureux d’être en état d’offertoire et d’action de grâce. Il ne vit que pour Dieu et le prochain.

Il rejoint tous les saints de la charité et devient le pionnier de l’inventivité et de la créativité. Son génie est de fédérer les énergies de bonne volonté et d’inventer une charité organisée et porteuse de l’Évangile. Il fonde les confréries de la Charité (aujourd’hui équipes st Vincent ou Association internationale des charités (A.I.C), la Congrégation de la Mission (Lazaristes), la Compagnie des Filles de la Charité avec sainte Louise de Marillac et, dans le temps, il inspirera le Bienheureux Frédéric Ozanam, heureux de mettre sa Société sous son patronage.

Son ardeur est légendaire. Il ouvre son cœur aux dimensions du monde et sa joie est d’envoyer des missionnaires à Madagascar et de mourir le regard déjà tourné vers la Chine. Son dernier clin d’œil est pour nous dire que la mission est universelle.

Jean-Pierre Renouard cm
Auteur de Prier quinze jours avec st Vincent de Paul, Nouvelle Cité n° 52.

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