Sainte Marie-Eugénie Milleret (1817-1898)

Former l’intelligence avec l’éclairage de la foi

Fondatrice des Religieuses de l’Assomption à 21 ans, cette pédagogue engagée dans l’éducation des jeunes filles a été canonisée par Benoît XVI le 3 juin dernier.

Marie-Eugénie Milleret

À chaque époque de l’histoire, et particulièrement pendant les périodes de crises et de mutations, l’Esprit Saint suscite des réponses neuves aux questions qui se posent et inspire des initiatives apostoliques pour répondre aux défis posés.
En relisant la vie de Marie-Eugénie Milleret, fondatrice à 21 ans des Religieuses de l’Assomption, récemment canonisée à Rome, nous découvrons un personnage étonnamment moderne dont l’itinéraire semble tracé au gré des « inattendus de Dieu ». Issue d’une famille bourgeoise non pratiquante et profondément marquée par la philosophie des Lumières, elle vit au milieu du XIXe siècle ce que bien des jeunes vivent de nos jours : un père souvent absent, des parents qui se séparent… Après la disparition de sa mère emportée par le choléra, elle traverse une période sombre où se mêlent souffrance, sentiment de solitude, soif de vérité et recherche du sens de l’existence.
Dans le contexte relativement hostile, voire anticlérical, qui règne alors à Paris, c’est en écoutant Lacordaire prêcher une conférence de carême à Notre-Dame qu’elle se convertit. Bien avant qu’on ne parle de féminisme, Marie-Eugénie ressent l’urgence de donner la priorité à l’éducation des femmes, si négligée à son époque. Elle s’engage donc dans l’éducation des jeunes filles de la haute société avec un principe essentiel : former l’intelligence avec l’éclairage de la foi. Il s’agit pour elle de transformer la société en transformant la mentalité des jeunes filles de son époque. L’Évangile a cette capacité : plus nous nous laissons pétrir par les valeurs évangéliques, plus nous devenons ferments de transformation autour de nous.
Marie-Eugénie étonne par sa vision novatrice de la pédagogie : elle souhaite que les enseignants s’adaptent à la personnalité de chaque élève, elle organise des groupes d’élèves chargés d’aider les autres ou de s’occuper d’œuvres charitables… Innovante, elle est aussi consciente qu’il faut puiser dans les richesses spirituelles de l’Église : « Il faut aimer l’Église dans son enseignement, dans tous ses usages, dans son histoire, dans ses traditions, dans ses dévotions ; il faut l’aimer dans tout ce qu’elle nous propose, dans ce qu’elle a été, dans ce qu’elle est aujourd’hui. » Un conseil à méditer !

Mgr Jean-Yves Nahmias
Évêque auxiliaire de Paris

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