Les différentes spiritualités

« Le vent souffle où il veut » (Jean 3,8). Nul ne peut revendiquer le monopole de l’Esprit. Les Chrétiens sont baptisés d’eau et d’Esprit. Dès la Pentecôte, la manifestation de l’Esprit se fait en toutes langues. Elle va l’être tout au long de la Tradition chrétienne, par la diversité des dons de l’Esprit, créateurs de courants, de familles spirituelles.

Voici quelques critères qui permettent de parler véritablement d’un courant spirituel qui fait école :

  • Accents et insistances particuliers sur tel ou tel point de la vie chrétienne, qui donne une cohérence d’ensemble à la démarche spirituelle,
  • Une manière de prier et d’approcher la mission,
  • Eléments de pédagogie spirituelle,
  • Textes bibliques préférés,
  • Enracinement dans une expérience spirituelle personnelle forte et déterminante.

La spiritualité des ermites

Une spiritualité d’exception, où l’on quitte tout pour ne penser qu’à Dieu : ascèse, pénitence, pauvreté, obéissance, vie effacée enfouie dans le silence de la solitude qui devient plénitude. Les grandes figures : de saint Antoine (251-356) à la chartreuse de saint Bruno (1035-1101). Les Chartreux sont des ermites avec une part de vie commune. Aujourd’hui, les Petites Soeurs de Bethléem sont des ermites.

La spiritualité monastique

L’institution monastique en Gaule date de 361 avec la fondation de Ligugé par saint Martin. Le monastère de Lérins est fondé en 400 par saint Honorat et celui de Saint Victor à Marseille par Cassien. Avec saint Benoît, la spiritualité monastique se développe : il fonde en 529, le monastère du mont Cassin (entre Rome et Naples). Il établi une règle de vie qui s’impose progressivement en occident (généralisée au 9 ème siècle lors du synode d’Aix-La-Chapelle). Parmi les personnalités qui ont marqué l’ordre bénédictin : saint Bernard de Clairvaux au XIIe siècle.

La spiritualité des mystiques

Le XIIe siècle, période de renouveau économique, est également caractérisé par une effervescence religieuse. Une nouvelle soif de Dieu s’empare d’hommes et de femmes de conditions sociales et d’âges différents. Certains inaugureront de nouveaux chemins spirituels au sein de l’Eglise; un des plus originaux sera le béguinage. Parmi les grandes figures : Hildegarde de Bingen. Maître Eckhart, dominicain (1260-1328), a centré son message sur « Dieu vient habiter en nous ». Son ouvre a posé les fondations philosophiques et théologiques. L’ouvre de Jean Tauler (1300-1361) s’étend de 1323 à 1361, il se distingue par son talent de prédicateur.Maître Eckhart et Tauler appartiennent aux mystiques rhénans.

La spiritualité des ordres « mendiants »

Le XIIIe siècle voit naître les ordres « mendiants » à l’initiative de saints François d’Assise, Dominique, Thomas d’Aquin et Bonaventure. Ces ordres mendiants prônent un retour à un esprit de pauvreté et à la fraternité des origines : les dominicains ou frères prêcheurs, franciscains ou frères mineurs, les clarisses . Ils quittent le cloître et font du monde à la fois le lieu de leur vie consacrée et le champ de leur mission.

La spiritualité de la famille ignatienne

En 1522, Ignace de Loyola fait une expérience spirituelle qui oriente sa vie. Il note dans un cahier certaines découvertes qui pourraient aider les autres à faire cette expérience. Ces notes deviendront « Les Exercices Spirituels. Les idées forces de saint Ignace : confiance dans l’homme, éducation de la liberté, respect des médiations, prise au sérieux du monde comme lieu de la présence de Dieu. La spiritualité ignatienne ne se définit par aucune formule cadre, elle ne conduit ni à la pratique d’une vertu, comme la pauvreté ou l’obéissance, ni à un type d’apostolat, comme la présence aux malades, aux mourants, à telle catégorie sociale. Elle fait atteindre au coeur même de la mission universelle de l’Eglise et elle prépare pour cette mission des hommes et des femmes qui se veulent, par la grâce de Dieu, pleinement libres et disponibles.
Parmi les grandes figures : saint Ignace de Loyola (1491-1556), saint François Xavier (1506-1552).

La spiritualité carmélitaine

L’ordre du Carmel a été fondé au début du 13 ème siècle avec l’approbation du Patriarche de Jérusalem. Au XVI° siècle, dans le contexte de la réforme protestante et du Concile de Trente, Thérèse d’Avila et Jean de la Croix renouvellent dans l’Ordre le sens de la prière et de la pauvreté. Parmi les grandes figures : sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), saint Jean de la Croix (1542-1591) et plus proches : sainte Thérèse de Lisieux ( 1873-1897), sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (connue sous le nom d’Édith Stein 1891-1942).

La spiritualité de « l’École Française »

Le courant de « l’École Française » correspond au renouveau de la vie chrétienne en France du 17ème siècle. Pierre de Bérulle (1575-1629) est à la source d’un puissant élan spirituel et missionnaire, baptisé à la fin du XIXe siècle « École Française de spiritualité », à laquelle participèrent saint Jean Eudes, Jean-Jacques Olier et saint Vincent de Paul, parmi bien d’autres. Tous ces hommes furent à la fois des « spirituels », et des « apostoliques » ou « missionnaires », et proposèrent une spiritualité à tous les chrétiens. Les grandes lignes sont la redécouverte de la grandeur de l’amour de Dieu et l’insistance sur l’union personnelle de chaque chrétien avec le Christ. Cette Ecole s’est développée avec des hommes aussi divers que riches dans leur personnalité et dans leurs initiatives tel saint Vincent de Paul (1581-1660), fondateur des prêtres de la Mission, Louise de Marillac (1591-1660) des Filles de la Charité, Jean-Jacques OLIER (1608-1657) de la compagnie de Saint Sulpice et des séminaires, saint Jean Eudes (1601-1680) de la Congrégation de Jésus et de Marie et de plusieurs communautés féminines, saint Louis Grignon de Montfort (1673-1716) dont la spiritualité est d’un accent plus marial que les précédentes, et de saint Jean Baptiste de la Salle (1651-1719) , fondateur des Frères des Ecoles Chrétiennes

La spiritualité salésienne

Saint François de Sales (1567-1632) a une vision optimiste de Dieu et de l’homme. Il insiste sur l’aspect de gratuité de l’amour de Dieu qui aime sans mérite. C’est au XIX°siècle que la spiritualité salésienne va trouver un canal de diffusion privilégié en Don Bosco, fondateur des Salésiens (la Société saint François de Sales fondée en 1859, précédée de la fondation en 1841 d’un Oratoire). Parmi les grandes figures : Saint François de Sales, Sainte Jeanne de Chantal et les Visitandines, Sain Jean Bosco.

La spiritualité missionnaire

Les Missions Étrangères de Paris ont fondées au XVIIe. La Congrégation du Saint Esprit ou « Spiritains » a été créée en 1703 par Claude François Poullart des Places et est devenue missionnaire au milieu du XVIIIe siècle. Le cardinal Lavigerie (1825-1892) fonde, en 1868, la Société des missionnaires d’Afrique ou « Pères Blanc« , et les Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique ou « Soeurs Blanches« 

La spiritualité foucauldienne

Inspirée par la vie et les écrits de frère Charles de Foucauld (1858-1916), cette spiritualité s’incarne dans les divers états de vie chrétienne: laïcs, religieux, religieuses et prêtres.

En prenant chair dans notre humanité, Jésus a épousé les conditions de vie des gens ordinaires. Pour frère Charles, cette réalité était symbolisée par le mystère de « Nazareth » : dans la joie de l’amitié et dans la vie partagée, toucher comment Dieu vient à chacun, dans la simplicité du quotidien; ainsi l’Extraordinaire vient habiter l’ordinaire… Jésus peut se contempler dans chaque visage, chaque rencontre, chaque événement. Une vie contemplative dans le monde est possible. Elle est nourrie par des temps de méditation de la Parole, de prière et d’intimité avec le « Bien-Aimé Frère et Seigneur Jésus ».
A la suite de Frère Charles qui a voulu devenir « frère universel », cette spiritualité invite à des relations de fraternité marquées par la gratuité, la proximité avec les exclus, l’accueil inconditionnel de personnes de toute cultures et religions, l’engagement à construire ensemble un monde plus juste et ainsi « crier l’Evangile par toute la vie ».
Au cœur de cette vie et de ces engagements , l’Eucharistie tient une place centrale ; elle conduit à faire de toute l’existence une vie eucharistique d’adoration, de louange, d’intercession et à continuer la mission de Jésus annonçant aux pauvres la Bonne nouvelle du salut.
Pour connaître les différentes branches de la famille spirituelle vous pouvez consulter le site  de l’association « famille spirituelle de Charles de Foucauld« .

La spiritualité « au coeur des villes »

Madeleine Delbrêl (1904-1964) est convaincue qu’il est possible de vivre et d’annoncer l’Évangile dans ce monde nouveau. À trois conditions : 1. Assimiler soi-même la foi et l’Evangile 2. Consentir à une certaine solitude, à une sorte de « désert » , le désert, ce sont les rues. Et, dans ces rues, on rencontre et on contemple un peuple en attente de salut. 3. Le plus important dans cette évangélisation, c’est son caractère fraternel : on ne vient pas de l’extérieur apporter quelque chose d’étranger à l’humanité. On vient communiquer l’Amour de Dieu avec le langage de la fraternité.
Parmi les grandes figures : Madeleine Delbrel, les prêtres ouvriers, Père Jacques Loew.
Les Fraternités monastiques de Jérusalem ont été fondées en 1975 par le Père Pierre-Marie Delfieux (1934) qui a ressenti l’appel à fonder « dans le désert des villes » marquées par tant de solitudes et assoiffées d’amour et de vérité, des Fraternités monastiques urbaines répondant à l’appel de l’Église d’aujourd’hui et du monde de ce temps.

Avec des colorations particulières selon leur situation, elles vivent le même charisme fondamental de vie fraternelle, de prière, de travail et d’accueil au cour des villes

La spiritualité conjugale

Le Père Caffarel fut l’un des maîtres spirituels du XX° siècle. On le connaît comme fondateur de la revue de la spiritualité conjugale. Les Équipes Notre-Dame est un mouvement de spiritualité conjugale créé en 1947 par le Père Caffarel qui s´adresse aux couples unis par le sacrement de mariage et les invitent à un chemin de progression dans la connaissance et l´amour de Dieu et du prochain.

année liturgique B