La foi chrétienne permet-elle d’éclairer la décision de se marier ?

Perrier Jacques - Tarbes et Lourdes

Le mariage est une réalité humaine. La décision ne doit pas dépendre de la foi. Il ne faut pas demander au sacrement de mariage de faire, chaque jour, un miracle pour sauver un couple qui n’était pas fait pour vivre ensemble.

Les épreuves qu’aujourd’hui un homme et une femme qui se marient devront traverser durant leur vie sont nombreuses : les fiancés doivent mettre toutes les chances de leur côté.
Mais, immédiatement, apportons un correctif : ils ne doivent pas non plus rêver de la perfection ou attendre, pour se décider, que l’évidence soit celle du soleil en plein midi.

La foi n’a-t-elle donc aucun rôle dans la décision d’un jeune chrétien qui envisage de se marier ? On peut répondre que la foi peut et doit avoir un rôle, au moins à quatre titres.

1° • Deux fiancés n’ont pas forcément le même degré de foi. L’un des deux peut même ne pas partager du tout la foi de l’autre.

Mais s’il est complètement fermé à ce que représente l’univers religieux, le partage entre les deux époux en sera diminué. Et qu’en sera-t-il des enfants ? Il faut, au moins, un peu de curiosité chez celui qui n’est pas chrétien. C’est d’ailleurs ce qui s’observe assez souvent dans les préparations au mariage : la partie non catholique est plus intéressée que la partie catholique, qui croit savoir, alors qu’elle n’a plus qu’un vague souvenir de ses lointaines années de catéchisme. Sur les points essentiels, ne pas se dire : « On verra plus tard ».

2° • Un chrétien peut toujours demander à Dieu, dans la prière, de l’éclairer. Il ne recevra pas une révélation brutale mais il trouvera dans la prière à la fois la paix et le courage.
La paix pour se décider librement. Le courage, que ce soit pour s’engager, ou pour rompre une relation plaisante mais sans véritable avenir.
La prière n’est pas faite pour compliquer le choix mais pour éclairer la conscience. Or, des fiancés doivent pouvoir se dire l’un et l’autre : « En conscience, je crois qu’ensemble, nous allons réussir ».

3° • L’Église catholique pose aux fiancés quatre questions. Avant d’y répondre officiellement et de signer une déclaration, il vaut la peine que chacun réfléchisse, à nouveau, « en conscience».

• Mon engagement est-il libre ou ai-je fini par céder à l’exigence de l’autre, à la pression de l’entourage ou à la peur de rester célibataire ?
• Mon engagement envers l’autre est-il exclusif ou est-ce que je m’accorde, dès le départ, la possibilité de quelques infidélités ?
• Mon engagement vaut-il pour la vie entière et ferai-je tout mon possible pour le renouveler de jour en jour ou est-ce que je m’engage seulement « tant qu’on s’aime » ?
• Mon engagement envers l’autre inclut-il le désir de donner le jour à des enfants ou se limite-t-il à l’autre, que je veux pour moi seul ?
Il faudrait ajouter une cinquième question : est-ce que j’accepte d’entrer dans une voie où j’aurai forcément à pardonner mais aussi à être pardonné ? Celui qui voudrait n’avoir jamais rien à
se reprocher ne doit pas se marier.

4° • Dans la foi chrétienne, les autres tiennent une grande place. Évidemment, ce ne sont pas les autres qui vous diront si vous devez vous marier avec tel ou tel. Mais il ne faut pas mépriser le regard des autres. Sont-ils heureux de vous voir ensemble ? S’ils ne le sont pas, c’est peut-être parce qu’ils sont jaloux ou eux-mêmes, trop malheureux. Mais peut-être sont-ils lucides et voient-ils des dangers qu’ils n’osent pas vous dire.
La rapidité ou la lenteur du choix n’est pas essentielle.

L’important est, ensuite, de mobiliser toutes ses énergies pour honorer son choix et pour que l’autre ne soit pas déçu du sien.

Source : « Simples questions sur la vie », Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, 2005