« Faisons attention les uns aux autres » , par Mgr Brunin

« Faisons attention les uns aux autres » (Hébreux 10, 24)

Dans son message de Carême pour l’année 2012, le pape Benoît XVI, fait écho à la phrase de l’Ecriture : « faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes » (Hébreux 10, 24). Il nous invite à nous engager plus avant dans le service de la charité du Christ. Pour cela, la première attitude est l’attention que nous sommes capables de nous porter mutuellement.
Une attitude de charité

La foi au Christ inclut la dimension de la charité. Elle n’est pas une conséquence de notre foi, mais elle en est la forme et l’expression.
Les temps sont difficiles, pour beaucoup de personnes et de groupes humains dans notre région. Les formes de précarité et de détresse économique et morale, sont nombreuses et diverses. Disciples du Christ, nous sommes attendus pour servir la charité qui vient du cœur de Dieu et demande à toucher tous les hommes. Cela réclame de notre part autant d’intelligence que de cœur. C’est l’heure d’une charité inventive qui n’est possible que dans l’attention dont nous serons capables les uns vis à vis des autres.
Voilà l’effort de Carême auquel nous sommes invités pour laisser notre cœur irrigué à nouveau par l’amour qui vient du cœur de Dieu et qui passe dans notre vie de nos relations, nos comportements et nos paroles.

Jeûner pour se désencombrer de soi-même

Pour être capables d’attention à l’égard des autres, nous devons être disponibles et ouverts. Durant le Carême, nous sommes invités à creuser en nous l’espace de l’autre, qu’il s’agisse du prochain ou de Dieu. Pris par les rythmes de la vie quotidienne et absorbés par nos difficultés et préoccupations personnelles, nous sommes tentés d’absolutiser notre ego. C’est pourquoi, selon une antique tradition, l’Eglise nous presse à faire du temps du Carême, un temps de jeûne authentique.

La pratique du jeûne permet de suspendre nos appétits humains. Il est important de programmer cette pratique au début de notre temps de carême. Elle rappelle que nous ne sommes pas ce que nous consommons et ce que nous assimilons. Ce qui fait un homme, c’est la capacité de prendre ses distances avec l’immédiateté de ses instincts et de ses appétits. Jeûner ne va jamais sans prier, écouter la Parole et vivre le partage.

Le jeûne est une pratique qui nous désencombre et ouvre en nous un espace où le souci de l’autre peut trouver place. Dans les communautés chrétiennes, il sera bon de nous entraîner et nous stimuler pour vivre des temps de jeûne dans la prière et l’écoute de la Parole de Dieu. Notre cœur pourra se dilater et s’ouvrir plus largement au sens de la solidarité et du partage. Il est à vivre avec celui qui est près de nous, comme avec celui qui est au loin. La Campagne de Carême du CCFD nous aide à donner à notre désir de partage, une traduction concrète et universelle.

« Diaconia 2013. Servons la fraternité »

L’attention mutuelle nous stimule, poursuit le verset de la lettre aux Hébreux, dans la charité et les œuvres bonnes. Pour nous y aider, l’Eglise en France a souhaité vivre la démarche « Diaconia 2013. Servons la fraternité ». Il s’agit de reprendre conscience ensemble et de mettre en œuvre la charité du Christ à l’égard de tous ceux et celles qui vivent diverses formes de précarité, de pauvreté et de misère socio-économiques, psychologiques, morales ou spirituelles.

Notre diocèse a vécu en 2010-2011, la démarche des Pèlerins de la Charité. Elle a culminé dans le Rassemblement Diocésain de Pentecôte, le 12 juin 2011. Elle aura renforcé la sensibilisation des communautés à cette dimension de la foi entretenue au contact du frère et de la Parole de Dieu. Partant de cet acquis, toujours à entretenir dans chacune de nos communautés ou groupes d’Eglise, nous pouvons aller plus loin grâce à la démarche proposée pour Diaconia 2013.

Dans le prolongement du rassemblement de Lourdes « Ecclésia 2007 » (« Ensemble, servir la Parole »), les évêques de France ont lancé en novembre 2009 un appel à placer la diaconie au coeur de nos communautés. Le développement des liens entre le service de la charité, l’annonce de la Parole de Dieu et la célébration des sacrements est un enjeu fort pour la vie et la mission des communautés chrétiennes. Cet appel est une porte ouverte vers l’avenir.

« Le partage fraternel avec les plus fragiles et l’engagement social des chrétiens, animés par la charité, sont vitaux pour le développement de tous les humains – proches et lointains. C’est tout l’enjeu de Diaconia 2013 ! » écrit Mgr Bernard Housset, Président du Conseil National de la Solidarité.

Nous engager dans la démarche Diaconia 2013

Le Carême est un temps favorable pour nous engager dans la démarche proposée par les évêques de France. Des documents vous parviendront de la part du Conseil Diocésain de la Solidarité. Mais sans attendre, je vous engage à aller visiter le site diaconat2013.fr qui offre de multiples propositions. Chaque communauté ou groupe d’Eglise peut construire ainsi son itinéraire dont je vous indique ici les grandes étapes :

– une rencontre d’entrée dans la démarche (voir les propositions diverses sur le site de Diaconia 2013)

– un temps d’ouverture du regard
c’est le temps où nous « faisons attention les uns aux autres » en repérant autour de nous les fragilités, les situations de pauvreté et de précarité.

– un temps de rencontre avec les personnes en difficulté
c’est le temps de porter plus loin notre attention aux autres dans une rencontre. Nous retenons une
situation ou un groupe de personnes en fragilité pour les rejoindre et leur offrir un espace d’écoute et d’échange. Il s’agit bien de rejoindre pour écouter, susciter l’expression et chercher, avec ces personnes, les liens de solidarité et les formes de partage dont elles ont besoin. Dans le souci de l’attention mutuelle, il est nécessaire de les rendre acteurs de la recherche et de la définition de la diaconia.

– un temps de contact vivifiant avec la Parole de Dieu
l’accueil de la vie et des fragilités doit être nourri et vitalisé par le contact avec la Parole de Dieu et la prière qui est réponse à cette parole que Dieu nous adresse. Veillons à oser proposer la démarche aux personnes que nous rejoignons. Cela fait partie de l’attention fraternelle que nous leur portons.

– un temps pour l’action
ce que nous avons accueilli dans l’échange et le compagnonnage avec les personnes en fragilité, doit nous pousser à prendre des initiatives diverses avec elles. C’est le temps de la charité inventive qui met en œuvre concrètement la diaconie de l’Eglise.

– un temps pour témoigner et célébrer
ce que nous aurons découvert et ce que nous aurons entrepris pour faire vivre la diaconie de l’Eglise, il nous faut le garder en mémoire pour en témoigner et pour le célébrer. Nous serons invités à écrire le cahier des fragilités et le cahier des merveilles qu’une délégation diocésaine portera à Lourdes pour le
rassemblement Diaconia 2013.

Bonne mise en route vers Diaconia 2013 !
Bonne route vers Pâques.

+ Jean-Luc BRUNIN Evêque du Havre
 

Sur le même thème

  • Solidarité

    La solidarité est une exigence sociale naturelle. C’est le lien qui unit les êtres humains entre eux dans un réseau de relations qui est devenu planétaire. Le lien peut se rompre et des hommes et des femmes se retrouvent démunis, en difficulté, dans la solitude, la maladie, la rupture. Pour répondre à ces besoins, des […]