Homélie du dimanche 5 novembre

Dimanche 5 novembre 2017
31éme dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :

Livre de Malachie : 1.14 à 2.10 : « N’avons-nous pas tous un seul Père ?… Pourquoi nous trahir les uns les autres. »
Psaume 130 : « Je ne poursuis ni grands desseins ni merveilles qui me dépassent. »
Lettre de saint Paul aux Thessaloniciens : 1 Thes.2. 7 à 13 : »Non pas une parole d’homme, mais la parole de Dieu qui est à l’oeuvre en vous. »
Evangile selon saint Matthieu : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. »

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SOYEZ LOGIQUES

Ne faisons pas dire aux paroles de Jésus autre chose que ce qu’elles expriment au moment où il les prononce et à l’égard de qui il prend position.

Il ne récuse pas l’autorité des scribes et des pharisiens. Quand elle s’appuie sur l’autorité de Moïse et qu’ils l’enseignent d’une manière authentique, on ne peut mettre en doute la valeur de cet enseignement. « Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. »

Ce qui est en cause, c’est la manière dont ils vivent cette Loi qu’ils enseignent. « Ils disent et ne font pas. » ou, plus exactement ils pervertissent l’Alliance dont ils sont les témoins et les messagers. Malachie ne dit pas autre chose aux prêtres de son temps : »Vous avez perverti mon alliance avec vous. Vous n’avez pas suivi mes chemins. Vous avez agi avec partialité en accommodant la Loi. »

RESTEZ DONC A VOTRE PLACE.

Par leur manière d’agir, en effet, les Pharisiens du temps de Jésus trahissent le Peuple de Dieu dont ils sont les membres, sans n’être rien de plus que les autres, sinon le fait d’être des serviteurs de la Loi. Or ils agissent comme séparés de ce Peuple, dispensés des exigences qui les concernent tout autant. C’est trahir leur appartenance au même Peuple de Dieu, pour reprendre l’expression de Malachie : « Nous trahir les uns les autres ». (Malachie 2.10) Grande est leur responsabilité puisqu’ils doivent en être les serviteurs : »Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. »

« Nous n’avons qu’un seul Père, qui est dans les cieux », ne prenez pas sa place. Pour cette raison, le reproche du Christ est grave. Non seulement ils ne sont plus les serviteurs de la Loi, mais ils l’utilisent à leur service en se parant de titres qui ne sont dûs qu’à Dieu. Plus encore ils agissent en son lieu et place par des commandements qu’ils ajoutent aux commandements de la Loi donnée par Dieu.

Dieu seul est saint, Dieu seul est grand, Dieu seul est Seigneur, Dieu seul doit avoir la place d’honneur, Dieu seul est celui qui nous donne la connaissance, non par une « parole d’homme, mais par sa parole qui est à l’oeuvre en nous ». (1. Thes. 2.13)

LA MANIERE D’AGIR DU CHRIST

Le vrai message de l’évangile de ce dimanche ne se réduit pas à une question de vocabulaire. Il n’est pas de cesser de saluer un prêtre du nom de « Père » ou un religieux du nom de « maître des novices ». C’est pour chacun de vivre au quotidien le reflet de l’amour de Dieu tel que le Christ nous l’a reflété en sa vie.

Pour le Christ, l’autorité n’est pas ni un pouvoir, ni un privilège. Elle doit être humblement assumée pour servir les autres. Ce fut ainsi qu’il agit lui-même au soir du Jeudi-Saint, alors qu’il commençait l’ultime phase rédemptrice de sa Passion. Le geste du lavement des pieds de ses apôtres est «signifiant». «Je vous ai donné un exemple.» (Jean 13.15)

Si nous mettons en synoptique saint Paul aux Philippiens, les attitudes de Jésus durant les heures de sa Passion et les remarques du Christ aux Pharisiens, nous recevons tout un enseignement à transposer pour le vivre à notre tour.

« Avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. Que personne ne recherche son propre intérêt, mais que chacun veille à celui des autres. Comportez-vous entre vous, comme on le fait quand on connaît le Christ Jésus. Lui qui est de condition divine, il n’a pas considéré cela comme une proie pour être en égalité avec Dieu. Il s’est vidé de lui-même (ékénosein, en grec) prenant la condition d’esclave, devenant semblable aux hommes et reconnu comme tel parmi les hommes. Il s’est abaissé lui-même devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Philippiens 2. 5 à 11)

CONTRAINTE ET LIBERTE

Le contraste entre les Pharisiens et Jésus est «signifiant» jusque dans ses conséquences.

Les Pharisiens utilisent leur pouvoir pour enfermer leurs frères dans des contraintes qui les rendent incapables d’accomplir la Loi authentique. Elle devient une entrave à leur liberté, enfermés qu’ils sont dans le savoir de ces spécialistes. Il n’y a pas d’autres «maître à penser» que Dieu. C’est abuser de sa fonction d’enseignant que de s’ériger en maître parce qu’on est chargé de transmettre la Parole, la pensée et la volonté de Dieu.

L’autorité de Jésus est tout autre. Elle est exclusivement au service de la libération des hommes : »La vérité vous rendra libres. » (Jean 8. 32) Il pardonne, il guérit, il remet debout, il redonne un avenir, une chance, une capacité d’être responsable. Et s’il propose l’exigence de la Loi, c’est pour donner un guide qui permette de se conduire sur le chemin de la vraie vie. « Je vous dis cela pour que votre joie soit complète ». (Jean 15. 11)Il suffit de regarder s’épanouir la Samaritaine, Zachée, Marie-Madeleine, les aveugles, les mendiants.

UN MESSAGE POUR NOTRE TEMPS

Fils d’un même Père, frères au service les uns des autres, cette attitude se doit d’être vécue aujourd’hui. La question de l’autorité n’a rien perdu de son autorité. Les déviances sont dans notre société avec le pouvoir, les « influences » et l’argent. C’est vrai aussi dans le domaine religieux quand les motivations utilisées deviennent dominatrices dans les déviances des sectes.

L’inquiétude, la précarité, la solitude de nos frères sont les signes que nous avons un peu oublié l’Evangile. Notre mission est d’être frères, serviteurs de nos frères. C’est d’être humblement à l’écoute des tâtonnements de chacun, sans lui asséner nos fallacieuses certitudes de « maîtres ». C’est d’apporter convivialité, chaleur humaine et paix intérieure à ceux qui cherchent un peu de paix auprès de nous.

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« Comportez-vous entre vous comme on le fait quand on connaît Jésus-Christ. » nous dit saint Paul (Philippiens 2. 5).

A quoi peut aboutir le fait d’être au premier rang, de recevoir des grandes salutations, d’être chargé de titres pompeux ?

« De plus en plus, Seigneur exerce en nous ta puissance, afin que, fortifiés par tes sacrements, nous devenions capables, avec ta grâce, d’entrer en possession des biens qu’ils promettent » c’est-à-dire l’essentiel qui est de partager la vie divine, avec notre Père du ciel et nos frères de la terre. (Prière après la communion)

année liturgique B