Homélie du dimanche 15 octobre

Dimanche 15 octobre 2017
28éme dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :

Du livre du prophète Isaïe : 25. 6 à 9 :”Le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin …”
Psaume 22 : “Tu prépares la table pour moi…ma coupe est débordante.”
Lettre de saint Paul aux Philippiens : 4 12 à 20 :”Mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus.”
Evangile selon saint Matthieu : 22. 1 à 10 : “Les serviteurs allèrent sur les chemins rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les bons et les mauvais.”

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C’est encore une parabole sur le Royaume qui nous est proposée aujourd’hui. On y retrouve les mêmes thèmes fondamentaux que dans les précédentes lues tous ces derniers dimanches.

UNE INVITATION UNIVERSELLE.

Ces premiers invités avaient toutes les raisons d’être conviés à la noce, mais ils refusent de répondre à l’invitation du roi. Ils invoquent des raisons ou des prétextes, peu importe. A leurs yeux, ils avaient tous d’autres occupations plus intéressantes. Le festin est celui des “noces de l’Agneau” pour reprendre l’expression de l’Apocalypse (19. 7 et 9) qui d’ailleurs utilise le même terme grec :”Gamos”, qui va plus loin que la signification de simple fête.

Puisqu’ils refusent de s’y rendre, d’autres sont invités à partager la joie des deux familles pour l’union de ces jeunes. A l’inverse des premiers, ces invités de dernière heure n’ont aucun mérite pour être conviés ainsi. Ils n’ont que la chance de s’être trouvés là, désoeuvrés, sur le chemin des serviteurs. Ce sont des gens de toutes sortes auxquels personne ne prête attention d’habitude. Qu’espéraient-ils vraiment dans leur désoeuvrement ? Pouvaient-ils un instant s’attendre à cela ?

Isaïe nous donne une première réponse. En tout homme vit une espérance car en tout homme il y a l’attente d’un infini. “Voici notre Dieu ! En lui, nous espérions, il nous a sauvés.” (Isaïe 25) … “Par toute la terre, il effacera l’humiliation de son peuple. C’est lui qui l’a promis.” Mais ce peuple n’est plus le peuple de la première Alliance qui n’a pas répondu. C’est le peuple innombrable de la Nouvelle Alliance.

Pour Dieu, cette invitation universelle ne suppose aucune condition préalable, pas même celle d’être de ceux qui sont en relation avec le roi qui invite ses amis, ses égaux, ses ministres. “Tu prépares la table pour moi…”, pour d’autres, pour tous. (psaume 22)

La situation est inimaginable si l’on se réfère à nos manières d’agir habituelles. Nous avons du mal à croire que Dieu puisse donner le salut à tous et gratuitement. Nous qui sommes souvent dans la crainte pour tout faire afin d’obtenir “notre” salut, qui vivons dans l’inquiétude de ne pas le mériter. C’est pourtant la bonne nouvelle de l’Evangile : Dieu appelle par amour et donne gratuitement.

UNE CONVERSION, UN CONSENTEMENT

Mais nous n’avons pas à penser que cette gratuité n’attend pas de nous une réponse. Il nous faut accepter de suivre celui qui nous appelle aux noces éternelles. Cet appel est aussi celui de suivre le chemin qu’il nous trace. Si l’invitation est gratuite, la réponse à donner implique l’acceptation de vivre selon les exigences du Royaume. Le vêtement de noces est l’image de cette participation consentie.

Autrement dit, il ne s’agit pas d’accepter passivement de prendre part au festin des noces. Il faut aussi, tant bien que mal sans doute, s’en rendre digne. Ce qui, pour nous se traduit, prendre ses responsabilités. La vie morale n’est pas la condition du salut. Nous le voyons avec Marie-Madeleine, Zachée et tant d’autres invités à devenir proches de Jésus. La vie morale en est la conséquence.

C’est parce que je crois que Dieu m’aime, m’appelle, me sauve gratuitement et m’invite au bonheur, que je suis fidèle à la loi qu’il me propose. “Dans cette vie où nous espérons le bonheur et l’avènement de Jésus-Christ, notre Sauveur.” Ce prière répétée à chaque messe en est bien l’écho… l’avènement du Christ dans notre vie actuelle et pas seulement au terme de notre vie.

Ma fidélité sera, dès aujourd’hui, à la mesure de la conscience que j’ai de son amour.

Je ne peux participer à ces noces qu’avec un vêtement décent, qui se traduit : vivre selon la loi du Royaume. Il m’invite et je dois être digne dans ma réponse à cette invitation.

PARTICIPER A LA FETE

Si la loi du Royaume se présente comme une exigence, elle est aussi le chemin du vrai bonheur et de la vraie liberté. L’amour de Dieu suscite la liberté de l’homme. Il ne nous dispense pas de notre responsabilité personnelle. Il ne sauve pas des esclaves du péché pour en faire des esclaves de sa puissance. Il veut faire de nous des partenaires de sa fête.

L’homme qui se présente sans un vêtement de noces, est pressé aimablement de s’expliquer. Il ne trouve pas de réponse. N’épiloguons pas sur une réaction du roi, peu compatible avec ce qui nous est dit de sa mansuétude. En acceptant de venir, le traînard de grand chemin acceptait d’aller plus loin que la satisfaction d’un repas plantureux. Il est invité à partager la joie de l’avenir de ce jeune couple et non pas simplement manger copieusement au banquet des noces. Il doit donner une réponse qui est simplement la raison de ce manque de partage.

Une chose est certaine, la robe de noces souhaitée n’est pas celle de l’innocence. Ce sont des pécheurs que Dieu invite au festin du Royaume. La parabole est claire : le roi invite les bons et les méchants. L’Eglise, le Royaume de Dieu, n’est pas une société de parfaits, mais de pécheurs conscients de leur péché et qui aspirent au pardon. “Vous avez revêtu le Christ !” (Galates 3. 27), “Revêtez l’homme nouveau” que vous êtes par cette invitation (Colossiens 3. 10).

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Nous aussi nous sommes indignes de participer au festin du Royaume et même à cette eucharistie quotidienne ou dominicale qui nous en offre les prémices. Laissons-nous aimer par Dieu qui nous dit :”Venez tout est prêt !”

“Ta grâce nous devance et nous accompagne pour nous rendre attentifs à faire le bien sans relâche”, nous fait prier la prière d’ouverture de la liturgie de ce dimanche.

Notre réponse ne peut être le silence. Elle se doit d’être une démarche et une attitude : Venons à la noce éternelle avec la parure de la fête !

année liturgique B