Homélie du dimanche 13 août

Dimanche 13 août 2017
19éme dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :

Du Livre des Rois : 1 Rois 19. 9 à 13 : « Le Seigneur n’était pas dans le feu. Après ce feu, le murmure d’une brise légère. »
Psaume 84 : « Amour et Vérité se rencontrent. »
Lettre de saint Paul aux Romains : 9. 1 à 5 : « Lui qui est au-dessus de tout. »
Evangile selon saint Matthieu : 14. 22 à 33 : »Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur. » … le vent tomba. »

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Plusieurs lectures de ces textes du dimanche sont possibles.

« La brise légère » lorsque passe le Seigneur, c’est le calme qui suit la tempête quand Jésus donne sa main à Pierre qui est angoissé. Le Seigneur nous apporte la paix lorsque notre foi s’accroche à Lui.

« Tiens-toi devant le Seigneur… » est-il dit dans le livre des Rois. Dans l’Evangile, c’est le Seigneur qui nous accompagne en montant dans notre barque. C’est lui qui se présente devant nous alors qu’on le croyait absent, resté sur la rive du lac.

PASSER D’UNE FOI IMPARFAITE A UNE FOI PLUS PARFAITE

Reprenons la suite des épisodes, en les replaçant dans leur contexte grâce à la juxtaposition des quatre évangélistes qui, chacun, ont choisi de ne citer que telle ou telle situation.

1 – Jésus vient de faire un miracle sensationnel pour nourrir une foule enthousiaste qui veut le faire roi (Jean 6. 14)

2 – Jésus sait que la majorité de ces admirateurs n’ont pas la Foi et ne comprennent pas le sens de son geste (Jean 6. 27). C’est alors qu’il renvoie lui-même la foule, sans les disciples qui pourraient compromettre le message, par une attitude, elle aussi, enthousiaste. Il oblige ses disciples à monter dans une barque, à quitter ce lieu et son ambiance pour passer sur l’autre rive. Savoir changer de rive pour garder l’essentiel du message …

3 – Selon son habitude, Jésusl se retire à l’écart dans la montagne pour prier, c’est-à-dire, que sa nature divine se réalise en la nature humaine, selon l’expression des Pères de l’Eglise.

4 – Pendant que Jésus prie avec son Père, ses disciples sont seuls, laissés à leurs propres forces humaines, affrontés à une grande tempête sur le lac. Nous aussi, nous avons parfois l’impression d’être laissés seuls avec nous-mêmes.

5 – Il les rejoint, dans la nuit où ils se trouvent, sans repère. Il devient leur repère en les invitant à la Foi : »Rassurez-vous, c’est moi. Je suis là ! n’ayez pas peur. »

6 – Pierre s’élance à sa rencontre. Il fait d’abord confiance à la parole de Jésus, ne regarde que lui et, comme lui, il marche sur l’eau au milieu des vagues. Puis il regarde les flots, ne pense plus qu’à lui-même et à ses propres forces. Il coule. Si nous ne comptons que sur nous-mêmes, cela peut devenir un naufrage.

7 – Jésus le rejoint et le prend par la main, le prend en charge, lui faisant partager sa marche sur les eaux du lac : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Une manière de lui dire : «  Me regarder, suivre ma parole ne te suffisaient pas. Il te faut ma main. Il te faut ce contact direct. » Il nous offre toujours sa main, la main de la grâce divine.

8 – Alors la tempête s’apaise. Les apôtres s’apaisent aussi. « Ils se prosternent devant lui en adoration : « Vraiment tu es le Fils de Dieu. » Jésus recevra bientôt une autre profession de foi, celle de Pierre… pour bâtir sur le roc.(Matthieu 16. 16)

Les disciples passent progressivement d’une foi imparfaite à une foi solide comme le roc, même si leur conduite ultérieure ne sera par toujours à la hauteur de cette foi.

Dans le même temps, les foules renoncent à suivre Jésus, puisqu’il refusait le rôle de Messie temporel et politique. Désormais, le Christ va employer tout son temps à la formation des Douze pour une communauté spirituelle.

L’EPREUVE, UN CHEMIN POUR PROGRESSER

La barque dans la tempête n’est pas qu’un simple épisode. C’est une image symbolique et permanente de notre vie comme de la vie de l’Eglise.

Par son Ascension, Jésus s’en est allé, Lui seul, vers le Père, comme dans sa prière solitaire au soir de la multiplication des pains. Apparemment il laisse ses disciples lutter dans la tempête du monde.

Chacun de nous voit parfois son horizon s’assombrir : échecs, maladies, deuils, difficultés de toutes sortes … » dans la nuit, battus par les vagues, dans le vent contraire » L’Eglise paraît chanceler, se contredire, lutter en vain face à l’athéisme et au matérialisme ambiant, abandonnée même par ses membres et ses fidèles.

Nous-mêmes sommes portés à penser que Jésus est absent quand viennent les épreuves. L’Esprit-Saint nous paraît lointain, alors même qu’il reste près de nous. Savoir les grâces qui manifestent sa présence, au-delà de tout sensible humain, n’est pas si évident.

Et pourtant, rappelons-nous : « Je serai avec vous, jusqu’à la fin des temps. »

A LA FIN DE LA NUIT

Il rejoignit ses amis « à la fin de la nuit », quand l’horizon déjà s’éclaire d’une timide aurore. Ce n’est pas un détail anecdotique dont l’évangéliste s’en souvient. Tout est encore sombre, mais déjà l’horizon redevient perceptible.

C’est comme le murmure de la brise légère qui nous fait reconnaître la présence discrète de Dieu dans nos vies, et ce murmure n’est audible que dans la prière et la contemplation qui est silence pour entendre et entrer dans le mystère.

Dieu n’est pas inexistant, il n’est pas absent. La tentation de l’incroyance parfois nous guette alors que nous nous croyons pleinement dans la foi. Mais, pour vivre dans la foi, pour vivre de la foi, il nous faut vivre dans la prière, vivre de la prière.

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Pierre est bien l’un de nous. Et, comme à lui, Jésus répète, redit sans cesse « Confiance, c’est moi ! » Encore faut-il que notre prière cesse de ne parler que de nous pour n’entendre tout ce qui vient de Lui : »N’aie pas peur ! Je suis là ! Confiance ! »

« Fais grandir en nous l’esprit filial afin que nous soyons capables d’entrer un jour dans l’héritage qui nous est promis. » (Prière d’ouverture de la messe)

année liturgique B