Homélie du dimanche 30 juillet

Dimanche 30 juillet 2017
17éme dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :

Premier livre des Rois : 3. 5 à 12 : “ Donne à ton serviteur un coeur attentif.”
Psaume 118 : “J’aime tes volontés plus que tout l’or le plus précieux.”
Lettre de saint Paul aux Romains : 8. 28 à 30 : “Destinés à être l’image de son Fils.”
Evangile selon saint Matthieu : 13. 44 à 52 : “Ayant trouvé une perle d’un grand prix, il va vendre tout ce qu’il possède.”

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Jésus sans cesse, par ses paroles et par ses actes, insiste sur une priorité qui est la sienne, la réalisation du “ Royaume des cieux.” Il est venu pour cela et pour que se réalise ce Royaume avec les hommes et en Dieu, il donne sa vie.

DIEU EST-IL LA PRIORITE ?

Dieu fut la priorité de sa vie terrestre parmi les hommes. Et nous-mêmes, “nous sommes destinés à être l’image de son Fils.” (saint Paul aux Romains). Ce terme “royaume des cieux” est une équivalence, en langage biblique. Il fallait en effet éviter de prononcer le nom ineffable de Dieu.

A travers les images concrètes des paraboles de ce dimanche, c’est bien du Dieu transcendant dont il parle. En fait le “Règne de Dieu” dans nos vies et dans le monde. C’est pourquoi il l’a inscrit dans la prière de ceux qui se reconnaissent comme ses disciples :” Père que ton Règne vienne, que ta volonté soit faire.”

Jésus annonce l’arrivée imminente du règne de Dieu. Que faire ? attendre, par prudence, pour voir ce qu’il en sera ? l’imaginer selon nos vues humaines et nos conceptions de la vie ? ou bien engager totalement notre vie sur cette annonce ? Le journalier et le marchand mobilisent toutes leurs forces et tout leur avoir pour acquérir un trésor sans prix à leurs yeux. Ils ne gardent aucun petit pourcentage de sécurité, un “fonds de sécurité”, une épargne.

Le Règne de Dieu ne réclame pas moins de détermination et le don total de soi-même. C’est une décision radicale, sans esprit d’un retour éventuel. “Il va vendre tout ce qu’il possède…” Il l’a réclamé à ses disciples. Il leur faut tout quitter, même ce qui est le plus légitime humainement parlant : son père, sa mère, sa famille. “Qui est mon Père, qui est ma mère? … Celui qui fait la volonté de mon Père.”

UN TRESOR CACHE.

Nous sommes immergés dans une société où Dieu a peu de place. A chacun de nous, Jésus répète aujourd’hui encore :”Quel est ton trésor ? Quelle place Dieu tient-il dans ta vie ? Quelle est la priorité des priorités au cours de tes semaines ? Qu’est-ce qui a le plus de prix à tes yeux ? Quel temps consacres-tu à l’essentiel ?”

Les réponses à ces questions remplissent tout l’évangile. “N’accumulez pas de trésors sur la terre, là où les mites et la rouille les rongent. “ …“Où est ton trésor, là sera ton coeur.”(Matthieu 6. 19 à 21)

Il est clair qu’ainsi Jésus souhaite nous faire bien comprendre que nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, nous contenter de notre existence terrestre. Elle est fragile, menacée, éphémère quand elle se réduit à vivre cet humain sans Dieu. Elle devient toute autre si cet humain se greffe sur une éternité divine. Elle est la préface, l’introduction du Livre de Vie. Encore faut-il le découvrir par la foi et le vivre.

Avec humour, Jésus utilise des images tirées de ce qu’il a vécu dans sa maison, dans son atelier ou son village de Nazareth. Il a entendu le petit ver minuscule qui grignote les meubles. Il a constaté les trous que les mites sont en train de creuser dans nos lainages si bien rangés pour des jours à venir. Ces bestioles ne sont pas bien visibles. Mais elles sont destructrices. Le trésor caché qu’il nous propose est constructif de toute une vie.

UNE GRANDE VALEUR

A terme, cela revient à dire : recherche ce qui a une vraie valeur et donne-lui toute ta vie. “Celui qui a trouvé une perle de grand prix, de grande valeur, va vendre tout ce qu’il possède.”

Tout ! pour l’acquérir.

Le Christ répète ces formules radicales de multiples fois dans son évangile. Il invite le jeune homme très riche à vendre tout “pour le suivre, lui Jésus”. Il n’en deviendra pas pauvre, puisqu’il trouve une autre richesse. Il donne en modèle la très pauvre veuve qui donne si peu, mais, en fait, donne “tout ce qu’elle avait pour vivre”.

Dans ces paraboles, aujourd’hui, il répète par deux fois “Vendre tout ce que l’on possède pour acquérir le Royaume.” Le prix de cette fidélité à Dieu ne parait insupportable qu’à ceux qui ne connaissent pas la valeur infinie de ce que Dieu donne, en compensation, à ceux qui le choisissent. “Cherchez d’abord le Règne de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît”. (Matthieu 6. 33)

Tout ! tout vous sera donné.

IL CONNAIT CE DONT IL PARLE

Quand saint Pierre fait remarquer à Jésus qu’il avait renoncé à tout pour le suivre, Jésus lui répond que ce renoncement est lourd de conséquences puisqu’il ira jusqu’à la persécution. C’est ce que sera sans doute le temps présent immédiat. Mais il lui fait savoir porter son regard plus loin, vivre dans une prospective, dans une perspective :”Dans le temps à venir, tu auras la Vie éternelle.” (Marc 10. 30)

Ce qui est vécu dans une société de consommation et de marketing, Jésus nous le demande de le réaliser dans notre vie spirituelle. Et il sait ce qu’il dit. Il a fait lui-même ce choix radical par son Incarnation, et il le renouvèlera jusqu’au Jardin des Oliviers. “Lui qui était de condition divine, ne retint pas le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est réduit à rien, s’abaissant jusqu’à mourir et mourir sur une croix.” (Philippiens 2. 5) Avant de nous le proposer, il a tout donné le premier, pour le Royaume de son Père et par amour pour nous.

Nous le rappelons en chaque Eucharistie, au moment d’offrir le sacrifice du Christ :”Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise, pour la Gloire de Dieu et le salut du monde.”

Saint Paul, dans sa lettre aux Philippiens, ne fait que répercuter ces grands engagements à la suite du Christ. Chaque chrétien y est invité :”Nos épreuves du temps présent sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire éternelle qu’elles nous préparent. Notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas. Ce qui se voit est provisoire. Ce qui ne se voit pas est éternel.” (2ème Corinthiens 4. 17 et 18) Ce n’est pas s’attacher à de l’irréel, ce n’est pas miser sur du virtuel. C’est voir plus loin que la réalité immédiate. Il existe une autre réalité. Elle existe, même si elle est difficile à saisir, à comprendre, à cerner.

AVEZ VOUS COMPRIS TOUT CELA ?

Cette interrogation de Jésus est un des mots-clés répété cinq fois dans les paraboles que nous venons d’entendre durant trois dimanches : Matthieu 13.13. 14. 15. 19. 23. Bien comprendre quoi ? Jésus respecte notre liberté tout d’abord. On ne soumet pas sa vie à Dieu contraint et forcé, à contre-coeur. Pour adhérer à ce qu’il attend de nous, il nous faut comprendre la valeur du trésor et de la perle.

Quand les acteurs de ces paraboles décident librement de vendre tout, ils sont ravis de joie. Nos renoncements pour le Royaume de Dieu ne devraient pas nous rendre moroses. Jésus redira à ses disciples le même message positif et optimiste, dans les dernières confidences du Jeudi-Saint, avant de mourir :”Je vous ai dit tout cela pour que Ma joie soit en vous et que VOTRE joie soit parfaite.” (Jean 15.11)

La radicalité du choix que nous faisons pour Dieu n’aboutit pas à une soustraction, mais à un “plus”. La présence divine ne chasse pas l’humain. Elle le dynamise, le transfigure de l’intérieur. Le surnaturel n’exclut pas le naturel, il l’amplifie.

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“Que tes mystères très saints, où ta grâce opère avec puissance, sanctifient notre vie de tous les jours et nous conduisent aux joies éternelles” (prière sur les offrandes)

Quel dommage que nous ne prenions pas le temps de méditer et peser la richesse d’une phrase si brève et si dense.

année liturgique B