Homélie du dimanche 30 octobre

Dimanche 30 octobre 2016
Trente-et-unième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques :

Lecture du livre de la Sagesse : 11.23 à 12.2 : « Ils sont à toi, Maître qui aimes la vie. »
Psaume 144 : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. »
Lecture de la lettre de saint Paul aux Thessaloniciens : 1.11 à 2.2 : « Qu’il rende active votre foi, ainsi le Seigneur aura sa gloire en vous. »
Evangile selon saint Luc : 19. 1 à 10 : « Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi. »

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TU AIMES LA VIE

A première vue, pour beaucoup de nos contemporains, vivre en Jésus-Christ, c’est vivre dans un univers de restrictions, de limites imposées à notre humanité. Les commandements sont à leurs yeux, des défenses, des interdits : « Tu ne feras pas…. » au point qu’ils en oublient les premières paroles : « Tu aimeras, le Seigneur ton Dieu, tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Bien des chrétiens ne sont pas loin de le penser, s’ils n’en restent à ne considérer que les fautes possibles, les péchés qu’entraînent nos faiblesses. Or vivre dans le Christ n’est aucunement une rupture de toute vie.

Si la croix est une réalité que tous nous vivons, d’une manière ou d’une autre, au travers des événements quotidiens, il nous faut porter notre regard plus loin. Dieu est le vivant et ne pouvait laisser son Fils mort, même si c’était pour notre salut. Notre salut est en la totalité du mystère rédempteur qui est celui de la mort et de la résurrection du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Dans la joie et la souffrance, dans la séparation et la mort, s’ouvre la Vie dans sa plénitude. L’avenir des vivants que nous sommes ne réside pas en notre mort.

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique. Tout homme qui croit en lui possède la vie éternelle ». L’alleluià nous fait chanter aujourd’hui cette parole de l’évangile selon saint Jean. (Jean 3. 16)

LA GLOIRE DE DIEU, C’EST L’HOMME VIVANT

Cet avenir se joue dès maintenant et tout autant dans le présent de notre existence. Sa fragilité crie que la réalité n’est pas close un jour où l’autre et que le vouloir divin nous conduit jusque dans l’éternité, dans l’immédiat de cette fragilité.

Lorsque que la femme désespérée de ses inconduites s’adresse au Christ, il ne la condamne pas, il lui ouvre un autre horizon : « Va et ne pèches plus ! » Il est d’ailleurs significatif que parmi celles qui le suivaient et s’étaient mises au service du petit groupe des apôtres, il y avait non seulement Marie de Magdala, mais aussi l’une d’entre elles dont il avait chassé le « démon », le mal. Il les entraîne à partager sa vie sur les chemins de Palestine.

Cette ouverture divine qui redonne sens et vie à notre désir, à notre attente, ne peut se lire que dans la foi. Il est le Dieu de la nouvelle naissance, jusqu’à soixante-dix fois sept fois, par delà toute rupture. Dieu ne se lasse jamais de nous parce qu’il est la vie en plénitude. Il est Père et Fils et Esprit, Amour et Sagesse éternelle, Trinité inséparable de l’Unité qu’il nous a révélée en Jésus-Christ.

LA GRACE DE NOTRE DIEU

La venue de Jésus dans la maison de Zachée peut être commentée selon divers points de vue :

– le curieux qui veut savoir qui est celui qui attire les foules et qui est lui aussi attiré par cet appel direct de Jésus, un appel différent de celui qu’ont entendu les apôtres : « Venez et voyez… » A l’inverse : « Il faut que j’aille demeurer chez toi. »

– le publicain qui aime l’argent au point que, comme la plupart d’entre eux, il s’est enrichi sans doute en faisant le tort aux administrés qui devaient payer l’impôt par son intermédiaire. Et ce publicain se sent réintroduit dans un autre monde. Il est respecté, aimé par celui qui l’appelle, alors que tous le juge comme un pécheur. L’évangéliste souligne en effet que ce n’étaient pas seulement les pharisiens qui méprisaient Zachée, il insiste au verset 7 sur « tous récriminaient. »

Jésus réactive sa joie de vivre en lui proposant simplement de l’accueillir et Zachée n’est pas dupe. Il a peut-être entendu que le Christ avait appelé « bienheureux », les pauvres de cœur. C’est désormais aux pauvres qu’il consacrera sa fortune.

Mais il y a aussi, dans le texte de saint Luc, comme une atmosphère de joie amicale : « Descends vite … il reçut Jésus avec joie. » Et cette joie détermine une grande générosité de la part de celui qui amassait se fortune. Bien sûr, il veut réparer les torts. En plus il donnera aux pauvres la moitié de ses biens. « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir », a dit le Christ.

IL RELEVE CEUX QUI TOMBENT

« Le Seigneur soutient ceux qui tombent, il redresse tous les accablés. » Le Christ au moment d’entrer dans la maison du publicain, ne lui demande pas de changer de situation. Il ne lui demande pas de quitter la charge qui est la sienne. Il réintègre Zachée dans sa dignité de fils d’Abraham, de membre du Peuple de Dieu. Il ne modifie pas la personne, il redresse son comportement.

Dans le même temps, il précise la portée personnelle de cette réintégration Il n’appuie pas cette démarche sur le fait qu’il est venu sauver tous les hommes. Il dit clairement qu’il est « venu sauver ce qui était perdu. » (Luc 19. 10)

Et saint Paul connaissant la faiblesse et les égarements des Thessaloniciens entend les soutenir par sa prière continuelle : « Nous prions continuellement pour vous afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé. » (2 Thess.1. 11)

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La prière du début de l’Eucharistie de ce dimanche résume tout cela dans la riche brièveté d’une oraison romaine. Nous avons besoin de la grâce puissante du Seigneur, nous avons tout autant besoin de sa miséricorde, car nous risquons bien souvent d’être arrêtés sur le chemin qui nous conduit à la Vérité et à la Vie qui sont le Christ lui-même.

« Dieu de puissance et de miséricorde, c’est ta grâce qui donne à tes fidèles de pouvoir dignement te servir. Accorde-nous de progresser, sans que rien ne nous arrête… »

année liturgique B