Homélie du dimanche 16 octobre

Dimanche 16 octobre 2016
Vingt-neuvième dimanche du temps ordinaire

Journée de la Mission universelle de l’Eglise

Références bibliques :

Lecture du Livre de l’Exode : 17. 8 à 13 :”Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort.”
Psaume 120 : “Le Seigneur ton gardien, ton ombrage, se tient près de toi.” »
Lecture de la seconde lettre à Timothée : 3. 14 à 4. 2 : “Les textes sacrés ont le pouvoir de te communiquer la sagesse. »
Evangile selon saint Luc : 18. 1 à 8 :”Ceux qui crient vers lui jour et nuit, est-ce qu’il les fait attendre ?”

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Rappelons-nous tout d’abord que ce dimanche est celui des Missions, « afin que de tous les peuples de la terre naisse et grandisse un peuple nouveau que ta Parole assemble et que tes sacrements soutiennent. » (oraison de la messe des missions).

Deux thèmes sont à suivre dans les textes de ce dimanche : la prière et l’Ecriture. Celle-ci nous conduit au Christ, Parole vivante. A chacun de nous de choisir celui qui correspond le mieux à sa situation spirituelle. Quant à nous, nous insisterons davantage sur ce deuxième thème.

LA PRIERE

Les bras de Moïse, sans cesse levés grâce à Aaron et Hour, marquent la volonté de permanence de cette prière qui soutient Josué, car, selon que le chante le psaume 120 : »Il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël.

Ce que Jésus confirme après la parabole de cette femme insistante et persévérante. Il faut prier sans cesse et sans se décourager.

Les silences de Dieu ne peuvent être interpréter comme la non-existence de son attention et de son amour à notre égard. En cela, il nous faut reprendre le texte grec, une fois de plus. Jésus dit que Dieu patiente avec eux et non pas « attend ».

Il prend son temps. Au moment où il prévoit et annonce le reniement de Pierre, Jésus dit : »Simon, j’ai prié pour toi afin que ta foi ne sombre pas. » Cela ne l’a pas préservé du triple reniement, mais sa foi réelle et profonde n’a pas défailli, comme le prouve, quelques jours, plus tard le triple aveu d’amour au bord du lac (Jean 21. 15).

Sur la croix, « Jésus a prié et supplié Celui qui pouvait le sauver de la mort » (Hébreux 5.7) lorsqu’il a crié « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27. 46) Il a prié tout le psaume 21 dont nous entendons les premiers versets, et il nous dit alors aussi le salut de la Résurrection. « Mon âme vivra pour lui !  »

PERSEVERANCE ET CERTITUDE

Les prêtres, les religieux, les religieuses et de nombreux laïcs méditeront ce mystère du sens de la prière au travers des textes de saint Augustin que citent leur bréviaire ou «la prière du temps présent», en particulier le lundi et le mardi de cette 29ème semaine. La prière n’est pas un simple bavardage : »Il veut que notre désir s’excite par la prière. »

Elle devient alors une préparation à l’accueil : »Nous serons d’autant plus capables de le recevoir que nous le désirons avec plus d’ardeur. » Cette prière insistante exprime notre foi, ranime notre espérance, vivifie notre charité. Elle doit être « l’activité insistante et religieuse du coeur » (Saint Augustin-lundi).

« Que le coeur de l’homme de l’homme en prière les forme (les prières) pour voir clair en lui. » (Saint Augustin-mardi)

FIDELE A LA PAROLE DE DIEU

Parmi toutes les recommandations adressées par saint Paul à Timothée, nous avons déjà découvert les dimanches précédents des phrases qui doivent être conservées dans notre mémoire et notre coeur en lisant le texte d’aujourd’hui.
– « Réveille en toi le don de Dieu que tu as reçu quand je t’ai imposé les mains » – « Tu es le dépositaire de l’Evangile. Garde-le dans toute sa pureté grâce à l’Esprit-Saint qui habite en nous. » « On n’enchaîne pas la Parole de Dieu. »

Comment rester fidèle à l’enseignement de la foi ? Comment conserver le dépôt ? Comment ne pas substituer notre sagesse humaine à la révélation divine ?

Paul répond qu’il est indispensable de se référer sans cesse à l’Ecriture et de la proclamer, même si cela ne semble pas le moment favorable, en grec « eukairos (opportun, favorable) » et « akairos (même si ce n’est pas le moment favorable).

La traduction française « à contre-temps » est trop brutale, d’autant que ces reproches, selon le conseil de saint Paul, doivent s’accompagner d’encouragements, avec une grande patience et avec le souci d’instruire et non pas de détruire l’interlocuteur. (2 Timothée 4. 1 et 2)

AU SEUIL DU SECOND TESTAMENT

Lorsque saint Paul parle de l’Ecriture (2 Tim. 3. 16), il ne faut oublier également que nous sommes au tout début de l’Eglise. Il parle donc de l’Ancien Testament même si les premiers éléments du Nouveau Testament sont en train de se former.

Dans sa première lettre à Timothée, 5. 18, saint Paul cite comme parole d’Ecriture une phrase du Christ : » L’ouvrier mérite son salaire. » et plus tard saint Pierre comparera les lettres de saint Paul aux « autres Ecritures. » (2 Pierre 3. 16)

L’Ecriture est aussi ancienne que le Peuple de Dieu lui-même. L’écriture alphabétique, antérieure au temps de Moïse, fut une des conditions providentielles de la Révélation. Au Sinaï, Dieu donne la Loi et, de son propre doigt, écrit le Décalogue sur les tablettes de pierre qu’il remet à Moïse (Exode 31. 18).

Car les Ecritures ne sont pas seulement oeuvres humaines, elles sont inspirées par Dieu (2 Tim. 3. 16). Ce qui n’empêche pas les auteurs humains tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, de se présenter eux-mêmes dans leur tâche d’écrivains, qu’il s’agisse de Baruch, secrétaire de Jérémie (Jérémie 36. 4) ou de saint Luc élaborant son Evangile à partir des témoins oculaires (Luc 1. 2).

LE RAPPORT AU CHRIST

Marquée par l’Esprit de Dieu, il est normal que l’Ecriture puisse donner la sagesse. Esprit et Sagesse ont partie liée dès le premier Testament avant de se révéler, dans le Nouveau Testament, comme personnes dans l’Unité Divine.

Paul ne fait pas de tri à l’intérieur de l’Ecriture. Il n’y a pas, d’un côté, les quelques pages de l’Ancien Testament qui concerneraient explicitement le Christ et, de l’autre, le reste qui serait à rejeter ou, du moins, à reléguer dans une zone de deuxième choix. C’est le tout qui vient de Dieu et qui conduit au salut « par la foi que nous avons en Jésus-Christ » (2 Tim. 3. 15.

C’est donc à la lumière et au crible de la pensée du Christ qu’il nous faut lire et relire l’Ecriture dans son ensemble.

La recommandation de saint Paul n’aboutit pas à un « tout-scripturaire » pour s’y enfermer dans une lecture et une interprétation fondamentalistes.

La Parole, parce qu’elle est le Verbe de Dieu, est avant le Livre (Jean 1.1) . C’est elle qui s’est manifestée. Elle est quelqu’un dont il n’est pas nécessaire, pour le chrétien de préciser davantage le nom. « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » (Jean 1. 14) C’est Lui qui donne le sens de tout le premier Testament (Mat. 5. 17) dans son accomplissement.

AVANT LE LIVRE ET L’ÉCRITURE, LA PAROLE DIVINE D’UNE PERSONNE

Avec solennité, saint Paul fait intervenir le Jugement et le Royaume quand il demande à Timothée de proclamer cette Parole. Parole créatrice, Parole prophétique, Parole personnelle et incarnée : Jésus, Verbe fait chair.

La proclamation est un acte très précis dans le Nouveau Testament. C’est une première annonce de l’Evangile comme événement du salut. La proclamation doit provoquer la rencontre entre l’auditeur et le message. « Le Royaume de Dieu s’est approché », vous pouvez y entrer moyennant la conversion.

Pour cette proclamation, les apôtres et Timothée lui-même ont reçu l’Esprit-Saint par l’imposition des mains. L’Ecriture apparaît plutôt dans un deuxième temps : elle donne ce qui est nécessaire pour grandir dans la foi ecclésiale (2 Tim. 3. 17).

L’Ecriture n’est pas un savoir dont, une fois pour toute, il serait possible de s’emparer. Elle est la référence constante à cette personne divine pour des réponses qui sont sans cesse nouvelles, et renouvelées, « en temps opportun comme en d’autres moments », car la vie est sans cesse déroutante et provocante.

Si l’Ecriture doit ainsi être notre pain quotidien, ce n’est pas la multiplication des exemplaires de l’Ecriture qui évangélisera le monde. C’est la Parole vivante, Jésus-Christ, qui est le don de Dieu : « Nous avons tous reçu de sa plénitude. Si la Loi nous fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité nous sont venues par Jésus-Christ. » (Jean 1. 16 et 17)

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« Regarde, Seigneur, le visage de ton Christ, et souviens-toi qu’il s’est livré pour le salut de tous. En lui qui t’a glorifié jusqu’à ‘offrir sa vie, fais-toi reconnaître comme le Dieu d’amour, d’une extrémité du monde à l’autre. Que tous les peuples de la terre fassent monter vers Toi l’action de grâce de Jésus, ton Fils, notre Sauveur. » (Prière des offrandes)

année liturgique B