Homélie du dimanche 28 août

Dimanche 28 août 2016
Vingt-deuxième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques :

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage. 3. 17 à 29 : « Accomplis toute chose dans l’humilité. »
Psaume 67 :  » Béni soit le Seigneur ! Il élève les humbles. »
Lecture de la lettre de saint Paul aux Hébreux. 12. 18 à 24 : « Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur de l’Alliance nouvelle. »
Evangile selon saint Luc : 14. 1 à 14 :  » Tu seras heureux car ils n’ont rien à te rendre. »

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Deux thèmes marquent les lectures de ce dimanche. D’abord celui de la Lettre aux Hébreux, dont nous terminons la lecture liturgique commencée il y a quatre semaines. Tout converge vers le Christ. Puis celui de l’Evangile qui est l’illustration du thème de Ben Sirac le Sage. Le réalisme de la foi, c’est l’humilité. Ces deux lectures sont-elles si loin l’une de l’autre ?

MORALE, ETHIQUE OU SAVOIR-VIVRE ?

Qui peut se vanter d’avoir une foi parfaite ? Personne. Il ne s’agit pas seulement des doutes qui en marquent les étapes, mais d’abord des imperfections et des restrictions qui en caractérisent le vécu.

C’est vrai que nous avons parfois tendance à nous classer, sinon parmi les purs, du moins parmi ceux qui vivent leur foi le mieux possible. Nous n’osons pas nous situer au niveau de suffisance du pharisien de la parabole qui se considère le meilleur en ses actions et en ses réalisations. Mais, nous ne nous reconnaissons pas toujours dans la prière de ce publicain qui dépasse le raisonnable dans l’aveu de sa faiblesse.

Dans la parabole d’aujourd’hui, donnée comme une remarque à l’occasion d’un épisode vécu, il ne s’agit pas d’un simple conseil de morale courante ou d’une leçon de savoir-vivre élémentaire. L’affirmation qui la sous-tend, a une portée théologique et un sens caché.

Cette parole de Jésus : « Qui s’abaisse sera élevé », revient en effet plusieurs fois dans les évangiles (Matthieu 23. 12 et Luc 16.14) Elle resta gravée dans la mémoire des apôtres qui avaient compris qu’elle était la réalité fondamentale de la vie du Christ, lui qui s’est abaissé jusqu’à mourir comme un esclave, sur une croix. Ce vécu par le Christ devient un principe essentiel de la vie de tout croyant.

La parabole de l’invitation aux noces n’est pas un banal propos de table, c’est une prédication du Royaume de Dieu et la révélation du chemin obligé pour y entrer. Le chemin que le Christ lui-même a suivi. « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez pas au Royaume de Dieu. » (Matthieu 18.3)

AU COEUR DE LA FOI.

Ben Sirac nous prévient : »Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser. » Et il ajoute : »La condition de l’orgueilleux est sans remède. » Rien ne s’oppose tant à Dieu que l’orgueil pratique ou intellectuel. Ceux qui savent et pensent que les autres ne savent pas aussi bien qu’eux-mêmes, s’éloignent tout autant de la vérité que de la charité : »Ne te mets pas à la première place. » (Luc 14. 8) S’il nous faut reconnaître les dons de Dieu en nous, il nous faut aussi les reconnaître dans notre prochain.

Il en est ainsi dans le domaine de la foi. « JE ne crois que ce que JE vois » – « JE n’accepte que ce que JE comprends. » – JE ne fais que ce qui me plaît, et c’est cela l’épanouissement de MA liberté. » Ce sont des paroles que nous entendons, que nous prononçons même parfois. C’est nous faire médiateur entre notre pensée et notre activité.

Jésus est le seul médiateur entre notre activité et la pensée de Dieu.

Jésus va plus loin que Ben Sirac, parce que c’est de lui-même dont il parle. « Qui s’abaisse sera élevé. » C’est le mystère de son Incarnation qu’il évoque : »Lui qui, étant de condition divine, ne retint pas le rang qui l’égalait à Dieu, mais s’est abaissé Lui-même, prenant la condition de serviteur, devenu obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au dessus de tout. » (Philippiens 2. 5 à 11)

LA PLENITUDE EN CHRIST.

C’est pour cette raison que l’auteur de la Lettre aux Hébreux nous renvoie à Jésus-Christ pour nous inviter à saisir comment nous devons vivre notre foi afin qu’elle soit plénitude de vie.

Il montre à des chrétiens, sans doute d’origine juive, qu’ils ont fait un pas en avant par la foi au Christ et qu’ils ne doivent à aucun prix revenir en arrière, même si, après quelques années, la fraîcheur de la découverte s’est fanée. La foi des chrétiens est accomplie parce que la révélation de Dieu est plénière en Jésus-Christ.

Dans les chapitres précédents, il avait comparé le Fils et les anges (Ch. 2), le Christ et Moïse (Ch. 3), le Christ et les grands-prêtres (Ch. 5), l’ancienne et la nouvelle alliance (Ch. 9). Il avait rappelé à cette foule de témoins (Ch. 12. 1) Si grande fut la foi d’Abraham, de Moïse et des prophètes, tout ce qui précède le Christ n’est que figure et copie (Héb. 8. 5).

La réalité spirituelle à laquelle les chrétiens ont part, et vers laquelle « ils sont venus » (Héb. 12. 18), cette seule réalité qui fait aboutir l’histoire qui les ont précédés, c’est le Christ.

Le Sinaï, le feu des sacrifices, la voix qui se fait entendre dans la nuée, l’assemblée d’Israël dans le désert, la montagne de Sion, tout converge vers la cité du Dieu vivant, vers la fête des anges et vers l’assemblée des disciples de Jésus, vers Jésus, le médiateur d’une Alliance nouvelle (Héb. 12. 24), lui qui nous fait entrer au festin du Royaume.

C’est donc sagesse que de vivre les exigences de la foi en se détachant de tout ce qu’elle n’est pas. Ainsi nous nous situons à notre vraie place et non pas à celle que nous estimons être la nôtre. C’est Dieu qui nous place puisque nous sommes invités au festin du Royaume.

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La prière d’ouverture de la messe de ce 22ème dimanche l’exprime avec sa manière simple et dépouillée, en reconnaissant que tout vient de lui : »Dieu tout puissant de qui vient tout don parfait, enracine en nos coeurs l’amour de ton nom. Resserre nos liens avec toi pour développer ce qui est bon en nous. Veille sur nous avec sollicitude, pour protéger ce que tu as fait grandir. »

Tout se vit dans le Christ, « par Lui, avec Lui et en Lui, dans l’unité du Saint-Esprit. » C’est ainsi que sont rendus à Dieu tout honneur et toute gloire ».

« Il s’est abaissé Lui-même et Dieu l’a élevé au-dessus de tout. » (Philippiens 2. 11) « Ce que j’ai fait, moi, votre Maître et Seigneur, faites-le vous aussi. » (Jean 13. 15)

année liturgique B