Homélie du dimanche 26 juin

Dimanche 26 juin 2016
Treizième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques :

Lecture du Livre des Rois. 19. 16 à 21 : « Il jeta vers lui son manteau. »
Psaume 15 : « Je n’ai pas plus grand bonheur que toi ! Tu m’apprends le chemin de la vie ! »
Lecture de la lettre de saint Paul aux Galates. 5. 1 à 18 : « Vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu »
Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc. 9. 51 à 62 :  » Celui qui regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »

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Le Seigneur est exigeant, le Seigneur est déroutant. Il nous entraîne hors de l’ordinaire du temps quotidien.

TE SUIVRE OU TU IRAS.

Dimanche dernier, il nous avait dit « Celui qui veut garder sa vie, la perdra… » Aujourd’hui il demande tout. « Ne regarde pas en arrière ! » Tout de même, sa demande paraît inhumaine car il est tout naturel et dans la droite ligne de ce que l’on doit donner à sa famille quand on la quitte : »Embrasser son père et sa mère. » Quoi de plus naturel et de plus significatif de la reconnaissance du lien qui nous attache à eux que de donner à son père le dernier geste d’amour au moment où la mort nous l’enlève. Car c’est un geste d’amitié et d’amour que de dire un dernier au revoir à tous ceux avec qui nous avons partagé tant d’amitié et tant d’amour. « Te suivre où tu iras » …

Le suivre sur un chemin qui nous conduit au plus total renoncement : » Pas même une pierre pour reposer sa tête ! » Mais il sait aussi notre manière de partager notre donation. Nous donnons mais en en gardant un peu pour nous, ce qui nous amène à dénaturer le don total de nous-mêmes à l’autre. L’amour, l’amitié, la liberté peuvent devenir des prétextes. « Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Que cette liberté ne soit pas un prétexte. » (Galates 5. 1 à 3)

DIEU NOUS APPELLE

Le prophète Elie avait mis un manteau sur celui qu’il appelait, comme pour lui boucher l’horizon du passé. Et il dit à Elisée,  » Si tu veux embrasser tes parents, va, mais alors ce que je t’ai dit ne compte plus, le geste que j’ai fait n’est plus rien, c’est comme si je ne l’avais pas fait. »

Revenir sans cesse au passé, comme s’il était encore le présent, c’est oublier que Dieu nous appelle à vivre dès aujourd’hui un renouvellement permanent qui nous ouvre à « son à-venir » Dieu nous déroute toujours. Peut-être parce que nous ne sommes pas sur sa route et que notre regard se retourne sur d’autres horizons que les siens.

Il nous déroutera jusqu’au jour où nous serons sur son chemin. Il en fut ainsi au jour de la Transfiguration quand Jésus reconduit les trois apôtres sur le chemin de sa vie terrestre qui passe par sa croix et sa mort. (Marc 9. 12)

Quand Jésus monte à Jérusalem et annonce à ses disciples quelle sera sa passion et sa résurrection, Pierre veut l’arrêter et lui faire rebrousser chemin : »Arrière, Satan », lui répond Jésus. Pierre veut en rester au stade présent que les apôtres vivent avec Jésus et non pour partager l’aventure de Dieu. (Marc 8. 33 et ss.)

DIEU SE DÉCOUVRE

Quand les disciples d’Emmaüs quittent Jérusalem pour revenir à leur passé, puisque l’espérance de l’avenir ne se réalise pas comme ils l’avaient imaginé, le Christ se met à côté de leur déception, prend le pas avec eux, et petit à petit, leur découvre ce qu’est son cheminement vers le Père, par sa parole et son geste eucharistique de la fraction du pain.

Ils reprendront la route pascale : »Il fallait que le Christ souffrit pour entrer dans sa gloire. » (Luc 24. 25 et ss.) Il est déroutant parce qu’il nous entraîne ailleurs et autrement que ce que nous en avons jugé. C’est ainsi que nous trouverons le chemin de la liberté. C’est ainsi dans tout amour humain, dans l’amour qu’échangent les deux époux et les parents vis-à-vis de leurs enfants.

La paix que l’on y goûte, la joie que l’on y ressent, jaillissent toujours d’un don de soi que l’on fait sans réserve pour l’autre. C’est encore plus vrai dans l’amour avec Dieu. Il y a plus qu’un regard partagé, qu’une volonté qui se livre. Il y a une communion qui nous conduit à l’intime de Dieu,  » le royaume de Dieu. »

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« Vivez sous la conduite de l’Esprit. » (Galates 5. 18) « Je n’ai pas de plus grand bonheur que toi ! » (psaume de ce dimanche)
Si l’on pouvait comprendre la paix que l’on goûte quand on ne met pas de réserve avec Dieu. Laisse-là ton passé, quel qu’il soit bon ou mauvais, riche ou pauvre. Ne reviens jamais à ta manière de vivre l’autrefois et le jadis. Le Christ nous appelle toujours à « l’à-venir. »

année liturgique B