Homélie du dimanche 19 juin

Dimanche 19 juin 2016
Douzième dimanche du temps ordinaire

POUR VOUS QUI-SUIS ?

1 – JÉSUS PRIAIT

Saint Luc met en une même séquence : la foule de la multiplication des pains, miracle qui provoqua un enthousiasme qui voulait se traduire en royauté. Jésus se retire alors dans la région de Césarée de Philippe, loin des foules, dans le calme, avec ses disciples ce qui lui permet une plus grande proximité.

Quelques jours auparavant, c’était le miracle de la multiplication des pains. Et saint Luc note qu’il entre en dialogue avec eux après avoir prié,  » Il leva les yeux vers le ciel et remercia Dieu, avant le partage à la foule.

Saint Luc également note cette prière au moment de la Transfiguration (Luc 9-28) qui se situe une semaine après ce questionnement du12ème dimanche « Qui suis-je ? »

Nous devons relier ces trois événements puisque l’évangéliste les a reliés : « Jésus priait. »

Avant et au moment de se situer devant ses contemporains et ses disciples, Jésus se situe d’abord dans la réalité de sa personnalité humano-divine..

Nous aussi il faut nous situer, au quotidien dans la réalité qui est la nôtre : enfant de Dieu et de l’Église, comme nous l’a dit la liturgie de notre Baptême, comme nous le redit chaque liturgie eucharistique : « Puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité.

Le temps que nous vivons doit être sans cesse ré-initié à cause des crises de notre croissance dans la foi ou des ambiguités que nous y mêlons.

Ce qui suppose que nous sachions réorienter notre cheminement en le vivant en Lui, avec Lui et par Lui,

2 – DÉCOUVRIR JÉSUS

Ce n’est pas un sondage.  » Au dire des gens (Mt 16-13) … » Que pensent-ils de moi. » Il situe des disciples par rapport à l’opinion générale qui en reste d’abord à l’étonnement, « Il est le charpentier, sa famille est au milieu de nous.

Mais, devant ses miracles et ses enseignements, les opinions deviennent plus approfondies et Jésus pose la question plus fondamentale : « Au dire, des gens, qu’est le Fils de l’homme? » (Mt 16, 13). Pour saint Luc :  » Qui suis-je ? »

Les réponses sont variées, après des mois de son ministère, elles placent Jésus dans le contexte « biblique » mais non messianique.

« Pour les uns, Jean le Baptiste; pour d’autres, Élie, pour d’autres encore, quelqu’un des prophètes ». Mais s’ils prennent de moins en moins Jésus pour un personnage ordinaire, nul ne le prend non plus pour le Messie tant attendu.

Le Baptiste, est celui qui ouvre le chemin, le Précurseur. Elie, est le plus grand des prophètes, un homme comme nous, à qui Dieu demande de se dépasser au milieu d’un peuple éloigné de Lui.

C’est après avoir entendu toutes ces réponses que Jésus demande à ses disciples « Mais pour vous, qui suis-je? ».

Par cette deuxième question, Jésus tente de faire réfléchir les disciples et leur fournir l’occasion de montrer qu’ils sont capables de distinguer Sa véritable personnalité, de voir au-delà de ce que les yeux de la chair voient, au-delà de ce que la foule pense.

Ils l’ont entendu :  » Je suis le Bon pasteur, le Pain de vie, la lumière du monde. »

Cette deuxième question nous concerne et s’adresse à chacun et à chacune de nous. Si Jésus nous demandait à brûle-pourpoint : « Mais toi, qui dis-tu que Je suis? pour toi, qui suis-je?» quelle serait notre réponse ?

Serait-elle celle de notre connaissance du « Jésus des Évangiles ». ?

3 -LE REJOINDRE

Saint Pierre qualifie Jésus de « Messie ». Pour les juifs ses contemporains, le messie est celui qui réalise l’alliance du Peuple choisi.

Jésus se réjouit de la réponse de Pierre mais il lui demande de ne pas en faire état et il s’en explique d’une manière inattendue. Pierre a donné la bonne réponse, mais il lui faut situer Jésus dans son identification de « Fils de l’homme » qui sacrifie toute sa vie pour l’identifier à la nôtre. Et la ressusciter, parce qu’elle ne peut un cheminement qui est seulement caractérisé par des temps de souffrance et la mort.

Pour le suivre, il nous faut assumer ce que nous sommes, y compris avec la souffrance, mais au-delà, Jésus nous révèle que cette vie s’épanouit en résurrection.

 » Celui qui veut marcher à ma suite », c’est-à-dire rejoindra la vie divine, doit suivre, s’il le faut, ce Christ jusqu’à la croix parce qu’on choisit avec elle l’amour, et le suivre jusqu’au bout dans cette logique qui va à contre-courant des évidences du monde.

Tu as compris, Pierre ? Il ne te suffit pas de connaître la bonne réponse. Encore te faut-il le suivre jusqu’au bout dans cette logique qui va à contre-courant des évidences du monde.

Être chrétien est une aventure de compagnonnage avec celui qui priait à l’écart pour mieux rejoindre son Père et s’approcher de ses frères et les aimer à la manière de Dieu.

La foi dans le Christ, Fils de Dieu, que Pierre est le premier parmi les apôtres à proclamer, vient en fait de Dieu. Cette foi ne provient ni de la chair ni du sang, expression qui, pour les Juifs, veut dire quelque chose de purement humain, ce qu’un être humain fait et comprend par lui-même.

« Celui qui veut sauver sa vie, « la sauvegarder telle qu’elle se présente à nous, doit accepter de la perdre… » Il s’agit de demeurer jusqu’au bout dans le dynamisme de la foi » (saint Ignace aux Ephésiens)

Le Christ n’a pas voulu la croix, il a voulu l’amour, un amour qui ira jusqu’au bout. Celui qui veut sauver sa vie la perdra. Mais celui qui perdre sa vie pour moi, la sauvera. » (Luc 9-24)

***

« Vous ne faites plus qu’un dans le Christ’ St Paul aux Galates (3-29) Que nos coeurs, purifiés par sa puissance, t’offrent un amour qui réponde à ton amour » (Prière sur les offrande.)

année liturgique B