Homélie du dimanche 12 juin

Dimanche 12 juin 2016
Onzième dimanche du temps ordinaire

LE PHARISIEN ET JÉSUS

L’évangile d’aujourd’hui raconte qu’un Pharisien, dont le nom était Simon, a invité Jésus à dîner chez lui. Le mot « Pharisien « veut dire « le séparé », celui qui est à part, différent des autres! Au temps de Jésus, il y en avait environ 6000 dans toute la Palestine. Ils enseignaient dans les synagogues, se considéraient des modèles de comportement religieux et prétendaient être les gardiens de la Loi et des coutumes juives. Ils considéraient que la tradition avait le même poids et la même autorité que les Écritures (cf Marc 7, 8-13).

Dans cette invitation, Jésus garde toute sa liberté. Le Pharisien est le maître de maison. Il est entouré de ses amis, des « professionnels » de la religion et des chefs religieux du pays.

Bien qu’invité spécial, Jésus n’est pas traité de façon plus respectueuse par son hôte qui démontre beaucoup plus de sollicitude envers ses amis qu’envers le prédicateur itinérant. Il fait laver les pieds de ses invités, les reçoit avec le baiser de paix et leur verse de huile parfumée sur la tête. Pour Jésus, ces trois marques d’hospitalité sont absentes.

JÉSUS ET  » CETTE  » FEMME

Nous apprenons alors que la femme qui s’introduit dans la salle à dîner, le fait sans y être invitée. Elle offre à Jésus ces mêmes trois marques d’hospitalité négligée par Simon.. Elle ne se préoccupe pas du Maître de la maison. Le maître, c’est Jésus. Elle lui lave ses pieds avec ses larmes, les couvre de baisers et y verse un parfum d’une grande valeur. Simon est scandalisé par Jésus qui laisse la pécheresse lui prodiguer ces marques autant de respect que d’amour en public.

Aujourd’hui, à travers Simon le Pharisien, le Christ nous demande de nous regarder nous-mêmes avant de juger les autres, d’éviter d’accrocher des étiquettes aux personnes que nous n’aimons pas, de penser que nous sommes bien meilleurs que ceux et celles qui n’appartiennent pas à «notre classe sociale».

Il est clair que le pharisien méprise la femme. Pour ce qui est de Jésus, Simon juge qu’il ne peut être un homme de Dieu : imaginez un prophète qui se laisse essuyer les pieds par une femme qui a dénoué ses cheveux! ….Geste déplacé en public encore aujourd’hui.

Simon est alors pris en flagrant délit de «mauvaises pensées». Quelqu’un a dit : « dis-moi ce que tu penses et je te dirai qui tu es! ». Et Dostoevskij écrivait « si nos pensées avaient une odeur, elles empesteraient le monde entier ».

Le Pharisien laisse faire et Jésus l’interpelle : «Simon, j’ai quelque chose à te dire… » Et il lui donne une leçon bien méritée sur les «bonnes manières» : « Tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds… Tu ne m’as pas embrassé… Tu ne m’as pas versé de parfum sur la tête… elle par contre…».

LE PHARISIEN ET  » CETTE  » FEMME

Simon se voit comparé à cette pécheresse, probablement une prostituée, et découvre qu’aux yeux de Jésus, elle se trouve en meilleurs position que lui, le Pharisien. La femme qui est le centre de toute cette histoire d’évangile ne prononce pas une seule parole. Mais le Christ la protège et lui dit : «Femme, ta foi t’a sauvée. Tes péchés sont pardonnés.»

Simon ne voyait que « la prostituée », Jésus a vu tout ce qu’il y avait de bon dans cette pauvre femme. C’est pourquoi le Seigneur interpelle son hôte en lui disant : « Simon, vois-tu cette femme? Regarde-la avec un peu plus d’amour et tu découvriras son histoire individuelle, ses qualités personnelles et sa grande dignité»

Simon le Pharisien avait oublié que lui aussi était un pécheur, peut-être moins grand pécheur que la femme aux pieds de Jésus, mais un pécheur tout de même. Il avait montré très peu d’amour comparé à elle. Il est du genre qui voit facilement la paille dans l’oeil de l’autre mais qui ignore la poutre dans le sien.
Il faut relire d’autres évangiles pour voir comment Jésus traite Marie Madeleine, la Samaritaine, la pauvre veuve qui offre ses deux piécettes au trésor du Temple, la femme adultère, la femme souffrant d’hémorragie, etc.

D’ailleurs, le texte de ce matin se termine en disant que Jésus passait à travers villes et villages, accompagné non seulement des Douze mais de plusieurs femmes qu’il avait guéries. Luc mentionne même le nom de trois d’entre elles. C’était chose impensable au temps de Jésus. On interdisait aux femmes d’assister aux leçons des rabbins!

Aujourd’hui, à travers Simon le Pharisien, le Christ nous demande de nous regarder nous-mêmes avant de juger les autres, d’éviter d’accrocher des étiquettes aux personnes que nous n’aimons pas, de penser que nous sommes bien meilleurs que ceux et celles qui n’appartiennent pas à «notre classe sociale».

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En suivant le regard de Jésus, nous comprendrons que Dieu n’est pas « celui qui juge », mais « celui qui remet les dettes », qui pardonne aux pécheurs.

Et il nous demande d’avoir la même attitude envers les autres : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »

année liturgique B