Homélie du dimanche 1er mai

Dimanche 1er mai 2016
Sixième dimanche de Pâques

Références bibliques :

Lecture du Livre des Actes des Apôtres. 15. 1 à 2 29 :” L’Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé…”
Psaume 66 : “Que les nations chantent leur joie !”
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean. 21. 10 à 22. 23 : La gloire de Dieu l’illumine et sa source de lumière, c’est l’Agneau.”
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14. 23 à 29 : “Le Défenseur, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout.”

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LA VIE DE L’EGLISE

La première réunion des apôtres devant l’évolution nécessaire que doit assumer la jeune Église est appelée le concile de Jérusalem; il constitue celle une date capitale, dans la lecture des textes de la première alliance selon ce qu’a déclaré Jésus dans le sermon sur la montagne : « Je ne suis pas venu abolir, mais donner la plénitude de la vérité. » (Mt 5/17)

Antioche est au carrefour de la culture romaine, de la culture grecque et de la culture orientale de la Perse. La population de cette ville importante et influente en est tellement consciente qu’elle détache les fidèles de la nouvelle « religion », du judaïsme et les attache à Jésus. C’est là que pour la première fois ils sont appelés « chrétiens » prenant en compte leur ouverture au monde

L’Eglise d’Antioche a toute une histoire qui lui est propre (Actes 11.) Elle a été fondée par des juifs de langue grecque, devenus chrétiens et dispersés par la persécution qui suit le martyre de saint Etienne. Ils annoncent l’Evangile à Antioche de Syrie, aujourd’hui Antakya en Turquie. Bon nombre de païens se convertissent.

Convertis à la Parole de Jésus, ils ne sont pas que les continuateurs de la Torah et des Prophètes, mais du Christ. Ils ne sont pas les disciples d’un prophète ou d’un meneur d’hommes. Mais du Messie, attendu par les Juifs, attente à laquelle les païens participent également, mais sans en avoir conscience. Ils ne veulent pas se détacher de l’Église-mère, même si des structures et une certaine hiérarchie apparaissent.

Alors nous voyons l’Eglise d’Antioche financer le voyage de ses émissaires, pour rester unie à l’Eglise de Jérusalem dont bien des fidèles ont été associés à à la vie et à la personne de Jésus.

Si une difficulté survient, l’Eglise d’Antioche ne fait pas cavalier seul, et ne se juge pas “auto-suffisante”, elle se tourne vers celle de Jérusalem pour en débattre. Le ministère de Barnabé auprès des païens le conduit à aller chercher Paul de Tarse.

L’ÉGLISE ET L’ESPRIT-SAINT

A Jérusalem, ce sont les Anciens, comme dans les communautés juives, qui ont une place particulière. Mais les Apôtres sont nommés avant eux dans la liste des ministères. L’importance de Jérusalem semble ainsi plus liée à la présence des apôtres qu’au fait d’avoir été la première communauté chrétienne, datant du jour même de la Pentecôte, le jour de l’Esprit-Saint..

Chaque Eglise est bien l’Eglise si elle vit sa propre grâce en référence au ministère apostolique, dont elle détient le mandat que lui confère la présence de l’Esprit de Dieu: « . (Actes 15. 24)

A cette condition, l’Eglise peut dire avec une confondante humilité :”L’Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé.”

Mais dans le même temps, il faut cette condition. Chacun ne peut se dire l’interprète de l’Esprit-Saint s’il n’a pas la garantie apostolique.

L’AVENIR DE L’EGLISE

L’avenir doit assumer l’Alliance, et non pas des rites. Au concile de Jérusalem, c’est bien de la pensée de Dieu dont il faut tenir compte.

Les questions en jeu sont importantes puisqu’il s’agit de l’observance de toute la Loi, de la valeur même de toute la Loi, dont la remise en cause est provoquée par la remise en cause d’une seule prescription, dans ce cas, la circoncision. Il s’agit d’admettre que les païens participent à la même promesse qu’Israël sans passer par ce rite.

Les chapitres 10 et 11 des Actes nous montrent comment ce problème s’est fait jour par le ministère même de Pierre, celui qui « confirme » et donc la transmission de la vérité.

S’ils héritent des mêmes biens qu’Israël, et assumer toute l’histoire d’Israël, les rites ne peuvent limiter l’agrégation au Corps Mystique du Christ à un seul peuple, fut-il le Peuple choisi. L’Alliance concerne tous les hommes.

La décision de Jérusalem rappelle en effet que cette prescription n’est pas propre au judaïsme, et reporte l’Eglise à l’Alliance conclue au temps de Noé. (Actes 15. 17) C’est donc une question décisive sur le salut des nations, sur le mode de relation avec Israël qui se trouve posée dans ce récit comme elle l’est de nos jours encore.

Pierre qui a été le premier à baptiser un païen, argumente ainsi : les Juifs n’ont pas toujours à porter ni à supporter le joug de la Loi. Les prophètes le rappellent, d’ailleurs. Inutile donc de la leur imposer dans son intégralité quand elle n’est pas essentielle.

Paul et Barnabé racontent les signes et les prodiges accomplis chez les païens, ce qui manifeste l’action efficace de la foi et de la grâce. Jacques, le parent de Jésus, se réfère aux prophètes. L’accès des païens est la réalisation des prophéties (Amos 9. 11).

Il ne faut donc point accumuler des obstacles qui ne sont pas propres au judaïsme. Par contre, il faut en revenir à l’Alliance conclue au temps de Noé : éviter tout compromis avec l’idolâtrie, ne pas boire de sang qui est la vie et la vie n’appartient qu’à Dieu, et fuir tout ce qui ressemble à l’adultère.

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La décision apostolique de Jérusalem relève d’une vision de l’Eglise qui doit être la nôtre dans les temps que nous vivons. Elle ne peut pas être celle d’un prolongement, en une vision judéo-chrétienne. Elle se réfère au Christ. Il n’y a plus ni juif, ni païen, ni esclave, ni homme libre. Tout est en référence au Christ (Galates 3. 28) La Cité Sainte n’est plus Jérusalem comme le suggère d’ailleurs l’Apocalypse.

C’est une cité ouverte, à la foule immense des appelés. (Apocalypse 7. 9) Tout est en référence au Christ ressuscité. L’Esprit-Saint le redira aux disciples de Jésus. (Jean 14. 26)

 » C’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne… Je vous ai dit ces choses maintenant avant qu’elles n’arrivent. Ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. “Dans la résurrection du Christ, tu nous recrées pour la vie éternelle.” (Oraison de la communion)

année liturgique B