Homélie du dimanche 20 décembre

Dimanche 20 décembre 2015
Quatrième dimanche de l’Avent

Références bibliques :

Du Prophète Michée : 5. 1 à 4 : “ Après un temps de délaissement, viendra celle qui doit enfanter…”
Psaume 79 : “Toi qui conduis ton troupeau, resplendis !”
De la lettre aux Hébreux : 10-5 à 10 “ C’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus-Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.”
Evangile selon saint Luc : 1 -39 à 45 : “Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.”

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DIEU NE SE DÉDIT PAS, IL GARDE L’INITIATIVE.

Nous lirons les textes liturgiques à la lumière de l’inspiration et de la pensée qu’exprime le prophète Michée et du psaume 79.

L’EPOQUE DU PROPHETE.

Michée est sans doute contemporain de la chute du Royaume d’Israël, le royaume du Nord, à l’époque où le Peuple de Dieu s’était divisé en rejetant ce qui se prolongera : le royaume de Judas. Le Royaume du Nord avait pour capitale Samarie et regroupait l’ensemble des tribus.

Le Royaume de Juda avait pour capitale Jérusalem et regroupait la tribu de Benjamin et celle de Juda, toutes deux soutenues par la tribu de Lévi qui veut rester fidèle au Dieu unique, alors que Samarie, par souci pratique et politique avait dévié dans une confusion inter-religieuse, mêlant les dieux païens au Dieu unique.

La chute des Royaumes

En 721, Samarie est prise par les Assyriens. Vingt ans plus tard, Jérusalem est assiégée à son tour. Voilà dans quel état était tombée “la vigne du Seigneur”. Le mot désigne à la fois les plants et le sol où ces plants sont enracinés. La “vigne du Seigneur” est à la fois le Peuple de Dieu (les plants) et la Terre promise (le sol).

Au passage, nous remarquons pourquoi le Christ se nomme : “Je suis la Vigne et vous les sarments”. Il n’est pas “extérieur” au nouveau Peuple de Dieu. Il en est partie constitutive. Nous sommes “par Lui, avec Lui et en Lui.”

“La vigne du Seigneur”, à l’époque du prophète, est en péril de destruction. Trois strophes du psaume choisies pour la méditation en ce dimanche, décrivent avec réalisme cette histoire de la vigne. Autrefois : “Il était une vigne, tu l’arraches d’Egypte… elle prend racine et remplit le pays.”

Depuis : “ Elle étendait ses sarments jusqu’à la mer et du côté du Fleuve ses rejetons.” Maintenant : “ Tous les passants du chemin la grappillent et le sanglier des forêts la ravage.”

Le temps du délaissement.

C’est le temps du délaissement dont parle prophète Michée. Pour les prophètes aussi, comme pour l’esprit concret de Michée, on en est venu là parce que le Peuple, dirigeants en tête et le roi le premier, se sont détournés de l’Alliance ne vivant pas selon la justice de Dieu.

Il faudrait donc se convertir et ne pas en rester à une simple velléité de conversion. Le psalmiste répond par une antienne qui revient à trois reprises dans sa prière. “Dieu fais nous revenir. Que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés.”

Dieu doit reprendre l’initiative, comme il le fit jadis quand il planta sa vigne en Canaan. Car Dieu prend toujours l’initiative, mais nous ne savons pas toujours la reconnaître et notre liberté ne sait parfois comment répondre au temps de nos délaissements.

C’est pourquoi, comme le psalmiste, nous avons à dire et à redire : « Dieu, fais-nous revenir », car sa grâce est plus forte que notre faiblesse.

LE FILS DE DAVID

Dieu ne se dédit pas. C’est du Peuple que doit venir le salut de Dieu. Pour Michée, le Messie doit donc venir dans la descendance de David puisque c’est lui qui a reçu les promesses solennelles de pérennité pour sa dynastie. Le Christ le dit lui-même quand il s’explique avec les Pharisiens. (Matthieu 22. 42 à 45)

Or pas plus que le Peuple et le Fils de l’homme, Jésus, n’est séparable de sa terre, un homme n’est séparable de son enracinement, comme le dit symboliquement le langage courant actuel.

L’enracinement de David, c’est la tribu de Juda et Bethléem. La ville, toute petite ville d’ailleurs, avait un pseudonyme :“Ephrata”, la “féconde”, à cause du clan qui réside en ce lieu. En effet, dix siècles avant Jésus, c’est là que l’Esprit de Dieu a guidé le prophète Samuel pour aller chercher celui qui serait le berger du Peuple au nom de Dieu.

Dieu continue d’agir de la même manière. C’est dans le plus petit des clans de Juda qu’enfantera “celle qui doit enfanter”. Celle-ci n’étant pas désignée autrement, c’est sans doute parce que Michée fait allusion à l’oracle bien connu d’Isaïe :” C’est le Seigneur lui-même qui doit vous donner un signe. Le voici : la jeune fille est enceinte et va enfanter un fils qu’elle appellera Emmanuel.” (Isaïe 7. 14)

AU DELA.

La parole d’Isaïe déborde le temps et servira de support à l’espérance messianique à travers les siècles. Et depuis Isaïe, c’est le propre et la particularité du Peuple de Dieu de n’en rester ni à la seule méditation reconnaissante du passé ni au sens de sa situation dans le moment présent, mais d’être en même temps le signe d’un “à venir”.

Celui que doit enfanter “celle qui est l’Emmanuel” , c’est le Verbe éternel, c’est le Seigneur, c’est lui qui donne un signe, puisque “ses origines remontent à l’aube des siècles.” (Michée 5. 2) “Au commencement était le Verbe.” (Jean 1. 1) rappelant ainsi le début du livre de la Genèse. (Ch. 1. 1)

Michée ajoute :” Sa puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre.” Faut-il s’étonner que des hommes viennent des confins de l’Orient pour lui rendre hommage. Ce que nous fêtons au jour de l’Epiphanie. Quant à la paix (Michée 5. 4) les anges l’annoncent de la part de Dieu dans la nuit de Noël.

Mais Jésus-Christ a fait de lui-même, de son corps et une fois pour toutes, l’expression du don de toute sa volonté. .” (Hébreux 10. 10) Le mystère de l’Incarnation au matin de Noël ne fait qu’un avec le mystère de l’Incarnation rédemptrice.

Celui que nous attendons en chaque Avent est le plénitude du mystère même du Fils de Dieu qui est fils de l’homme, fils de David et fils de la Vierge Marie, mort et ressuscité : “Toi qui conduis ton troupeau, resplendis !” (Psaume 79)

Quoi que nous fassions, quels que soient nos reculs, nos délaissements et nos chûtes, Dieu ne se dédit jamais. Grande est sa patience à notre égard. Grande sa miséricorde, parce que grande est sa tendresse et immense son amour pour nous ! « Ce qu’il a fait, il l’a fait pour nous une fois pour toutes ! »

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“Tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien-aimé. Conduis-nous par sa passion et par sa croix, jusqu’à la gloire de la Résurrection.” (prière d’ouverture)

année liturgique B