Homélie pour le dimanche 1er février

Références bibliques :

Deut : 18 – 15 à 20 : « Il dira ce que je prescrirai. »
Psaume 94 :  » Ne fermons pas notre coeur. Ecoutons la voix du Seigneur.  »
Lettre de saint Paul : 1ère aux Corinthiens : 1 Cor :7- 32 à 35 : « Soyez attachés au Seigneur sans partage. »
Évangile selon St Marc : 1- 21 à 28 : » Tu es le Saint de Dieu. »

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Jésus vient d’appeler les premiers disciples et ensemble ils pénètrent à Capharnaüm. Ils vont l’entendre enseigner, pour la première fois, à la synagogue, le lieu de réunion de la communauté à l’écoute de la Parole transmise par la Loi et les Prophètes.

PLUS QU’UN SCRIBE

La scène se centre sur Jésus qui enseigne avec autorité et se fait obéir d’un esprit impur, qu’il chasse. L’enseignement de Jésus est mis en contraste avec celui des scribes, pourtant spécialistes des Ecritures (1, 22).

Il n’enseigne rien qui soit nouveau ni contraire à la doctrine. Ce n’est pas une doctrine nouvelle qu’il apporte. Ce qui est nouveau, c’est le ton d’autorité, sa manière d’enseigner et de faire découvrir le sens de la doctrine. Et dans le même temps, ce qui est nouveau, c’est son pouvoir sur les esprits mauvais : »Ils lui obéissent ». Jésus ne discute pas avec eux. Il coupe court à toute conversation.

Et là on retrouve la netteté des réponses au terme des quarante jours au désert. Jésus affirme et peut affirmer : »Il est la Vérité. »

Dans la synagogue de Capharnaüm, . jésus devance ainsi tous les enseignements convenus, comme le sont ceux des scribes. Il n’en reste pas à un commentaire. Par sa Parole, il rejoint l’être humain dans sa plénitude du bien possible comme du mal vécu.

Le texte qui nous transmet la Parole de Dieu doit nous donner de rejoindre l’être divin dans la plénitude de sa pensée et de son amour vécu.

PLUS QU’UN PROPHÈTE

Dans le texte de l’Ancien Testament que la liturgie de l’Église place en première lecture, le Deutéronome, il nous est rappelé que le Christ se situe par delà les prophètes. Dieu le compare à lui-même ; l’assimile à lui-même.

Moïse était considéré comme le plus grand des prophètes ; il était même l’intermédiaire, le médiateur entre Dieu et le peuple. Celui-ci avait peur de la révélation directe de Dieu : je ne veux plus voir cette flamme divine à l’approche mortelle.

Et voici qu’est annoncé un nouveau Moïse : un prophète comme toi. Le Seigneur lui mettra ses propres paroles dans sa bouche, il sera la parole même de Dieu. Si quelqu’un ne l’écoute pas, cela aura des conséquences graves : moi-même, je lui en demanderai compte. Refuser ce prophète, c’est refuser Dieu.

Le prophète prête sa bouche, sa voix, à Dieu lui-même. . D’une certaine façon, il est dans l’impossibilité vitale de dire autre chose que la Parole de Dieu. Sa vie est une vie totalement dépendante de Dieu,

Par ce passage du Deutéronome, La liturgie nous fait lire ce texte comme prélude à la manifestation publique de Jésus, plus grand que Moïse : « Il enseigne avec autorité », il est le » Saint de Dieu » (évangile).

LE COMBAT ENTRE JÉSUS ET LE MAL

Le cri que pousse l’homme tourmenté quand il est libéré est comme une parole informe, sans origine et sans Dieu. Jésus ne touche pas cet homme, il n’essaie pas non plus de le convaincre. Il s’adresse directement à cette partie de lui où la Parole est prisonnière dans le désert du mal, de la violence et de tous les esprits mauvais, là où pour chacun d’entre nous se livre un combat permanent.

Ce que dit cet homme dans la synagogue semble bien confesser que Jésus est Seigneur. Mais cette révélation est refusée par le silence qu’exige Jésus. Comme nous y invite le livre du Deutéronome (18, 19) sachons écouter la parole de Jésus, dans un acte de foi et d’espérance pour qu’elle puisse cheminer en nous, nous toucher, nous transformer, nous unifier…

Ce silence imposé signifie donc que ce n’est pas encore le moment. La plénitude de la sainteté de Jésus et la plénitude du salut qu’il apporte ne peut être révélée que par sa mort et sa résurrection. Il est le « saint de Dieu ».

Saint Marc note ainsi que le langage de Dieu, le mystère la Parole de Dieu, n’est recevable que par un rapport personnel de confiance, et non dans une domination. Jésus ne s’impose pas et n’impose pas son enseignement ; il nous invite à une démarche personnelle pour le recevor et s’en convaincre.

LE SAINT DE DIEU

La guérison est racontée comme un combat entre Jésus et l’esprit du mal. Celui-ci essaie de conjurer le danger :  » Que nous veux-tu ? » Jésus l’interpelle : « Silence ! Sors ! » Le combat continue dans les convulsions du malade qui est secoué avec violence et pousse un grand cri. La puissance de Jésus, sa maîtrise du mal sont telles que les gens en sont saisis de frayeur et se demandent : « Qu’est-ce que cela veut dire ? »

Et déjà, le voile se lève discrètement sur le mystère de Jésus, sur son « secret » : Voilà un enseignement nouveau ! Serait-ce la nouveauté des temps messianiques ? Jésus serait-il le Messie ? Il commande aux esprits mauvais et ils lui obéissent ; il est plus fort que le Mal.

Mais c’est le démon qui révèle Jésus avec le moins d’ambiguïté : Tu es le Saint, le Saint de Dieu ! Attribut réservé à Dieu lui-même. C’est d’une telle clarté et d’une telle audace que Jésus le fait taire : Silence ! La foule n’est pas encore prête à recevoir cette découverte inouïe. Et Jésus veut que, pour l’instant, cela soit tenu secret.

Nous aussi, au milieu des remous de notre existence, du combat qui est en nous comme autour de nous entre le Bien et le Mal, il nous faut poser cette question, et faire entendre cet appel : Qui es-tu, Jésus ? Pour moi ! Pour nous !

année liturgique B