Rencontre du rural à l’ère de Laudato Si’

Rural-CEFA la veille de la signature de l’Accord de Paris clôturant la Cop21, le 11 décembre 2015, la Conférence des évêques de France a accueilli une rencontre de la Mission rurale, du Mouvement rural de jeunesse chrétienne, du Réseau Agriculture et alimentation. Celle-ci a permis des échanges sur « des Chemins des possibles », encouragés par l’Encyclique Laudato Si’. Echos de cette ruralité à l’ère du « Tout est lié » du Pape François.

Témoignages : des voies possibles de transition

Eric et Annick cultivent depuis 10 ans avec moins des produits phytosanitaires et moins d’engrais (réduction de 40 à 50 % de leur usage). Ils ont découvert d’autres manières de cultiver, d’adapter les cultures au sol et au climat, de prévoir une succession de cultures différentes pour faire face aux ravageurs (champignons, insectes, mauvaises herbes). Pourquoi ne pas mettre des légumineuses entre les cultures, des trèfles ? Cela permet qu’il n’y ait ni azote ni phytosanitaire.

Isabelle et Laurent, agriculteurs dans l’Oise, ont mis en valeur des initiatives d’opérations soupes (avec des légumes locaux) dans les cantines des collèges. Ils ont choisi des modes de commercialisation plus économes en énergie, mettent de l’information à disposition des clients telles que la saisonnalité des légumes et tentent de leur donner envie de cuisiner. La prochaine étape dans leur parcours sera le développement de cours de cuisine. Ils font partie du réseau Kelbongoo

Léa Barbier, co-fondatrice du circuit-court en ligne Kelbongoo à Paris, est venue le présenter. Ce réseau les rejoint par la volonté de relocalisation, de travailler avec des fermes familiales. Il conduit une réflexion sur l’alimentation (traçabilité, transparence), les produits de saison, les liens entre ruraux et citadins.

Au fil des témoignages, les uns et les autres ont pu partager l’évolution de leurs pratiques en cohérence avec leurs valeurs, leurs savoir-faire, leurs cultures. Pour une transition climatique il faut une transition personnelle, a-t-il été dit, en écho au pape François : « La crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure », Laudato Si’ N0 217.

Le tout est lié du pape François : quels liens à défendre, à chercher et à éviter ?

Marc Delebarre, du Mouvement Chrétiens en Monde rural (CMR), a clôt la journée Agriculture et rural en transition par des liens très éclairants.

« Rien de ce monde ne nous est indifférent. Le parcours vécu nous a fait voyager du local au global. De nombreux liens ont été faits. Il y a des liens à maintenir, d’autres à chercher et certains à éviter.

Ces liens à maintenir, quels sont-ils ? Des liens sociaux, des liens d’échelle, des liens entre nos mouvements, une relation avec soi-même : en cohérence avec nos convictions profondes. Ces liens peuvent être facilités par des interfaces, des porteurs d’initiatives, des liens intergénérationnels.

Il y a ces liens à appuyer à chercher, à espérer : entre le monde rural et la recherche de la dignité humaine, entre l’agriculture et l’alimentation, le producteur et le consommateur, l’agriculture et la santé, le rural et l’urbain, la culture et le sol, les liens avec ceux qui n’ont pas beaucoup de moyens, les liens entre nos modes de vie et de culture et une aspiration au bonheur. Il faut consolider ces liens pour sortir de l’individualisme, il faut chercher l’harmonie. Il faut faire des liens entre nos pensées et nos actes.

Il y a, à l’inverse, des combats, des liens à déconsolider : TAFTA [accord commercial trans-atlantique, NDLR], des enjeux électoraux. Il faut prendre position et s’exprimer : nous faisons partie de la société civile. Il faut sortir de l’individualisme. Alors un changement sera possible dans la société. Le Pape François nous redonne l’espérance. Il y a des liens entre les individus, la nature et la spiritualité à tisser ou retisser. Une sobriété heureuse à vanter et une saine humilité à approcher. Pour faire bouger les choses, c’est ensemble que nous y arriverons.

Vouloir agir pour un combat de justice et de solidarité qui sera vecteur de mise en route pour pouvoir inventer nos territoires, nos mouvements pour pouvoir construire le monde dans lequel on veut vivre.

Continuons à travailler ensemble, parlons de cette journée et allons plus loin. Nous souhaitons explorer les chemins des possibles. »

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