JMJ de Paris : « Cela a donné à l’Église de France une fierté d’être ce qu’elle est »

MICHEL DUBOST - EVEQUE D'EVRY-CORBEIL-ESSONNES (FRANCE) (2000 - ) NE: 1942 - PRETRE: 1967 (EUDISTE) - EVEQUE: 1989 (VICAIRE AUX ARMEES) CHARGE DE L'ORGANISATION DES JOURNEES MONDIALES DE LA JEUNESSE (1997)Pour les 12e Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), Monseigneur Michel Dubost était en 1997 désigné à la présidence de l’association des Journées mondiales de la jeunesse pour préparer le voyage du Pape Jean-Paul II. Vingt après, il en garde un souvenir ému. Interview.

Comment en êtes-vous arrivé à ce poste « d’organisateur, responsable et président » de l’association des Journées mondiales de la Jeunesse ?

Avec le Père Stanislas Lalanne (NDLR actuel évêque de Pontoise), nous avons organisé des grands rassemblements qui ont précédé les Journées mondiales de la jeunesse comme le Congrès eucharistique de Lourdes en 1981. Excepté les Journées mondiales de la jeunesse de Buenos Aires (1987), j’ai participé à d’autres JMJ en tant que responsable de la délégation française. Quand on a cherché un responsable pour la France, il était logique qu’on m’appelle. Je connaissais l’ampleur de ce qui m’attendait. Le Cardinal Jean-Marie Lustiger (NDLR. Ancien archevêque de Paris) tenait à ce que je fasse partie de la réflexion commune.

Vous qui étiez l’évêque « patron », quel souvenir en avez-vous 20 ans après ?

Du point de vue organisationnel, il est passionnant de préparer ces rassemblements avec tout ce qu’il y a d’aléatoire, de contact humain ; on doit imaginer des solutions. J’étais évêque aux Armées, et en parallèle, j’ai travaillé pendant deux ans dans l’organisation. C’était un gigantesque travail mais un réel plaisir.

C’était aussi la joie de proposer un tel rassemblement d’Église pour la première fois en France….

J’avais déjà vécu des moments de fraternité chrétienne mais à une plus petite échelle au cours d’un congrès eucharistique jeunes. J’avais rassemblé des gens – tous chrétiens – fondamentalement marqués par l’Esprit saint mais qui n’avaient pas la même pastorale ni la même manière de voir le monde et je pensais qu’il fallait travailler à l’unité de l’Eglise en France. Ces Journées mondiales de la jeunesse ont été l’occasion de manifester cette unité dans la communion avec le Pape. Je crois que cela a apporté une joie profonde et cela a surtout donné à l’Eglise de France une fierté d’être ce qu’elle est.

Et ce n’est qu’une étape dans la réflexion sur comment évangéliser le monde…

Petit à petit, nous sommes de moins en moins institutionnels et de plus en plus sociétaires. Aujourd’hui, nous ne sommes chrétiens que si nous le voulons. Je crois qu’il est très important, dans la pastorale, de donner à des générations de chrétiens des souvenirs qui leur permettent de réfléchir à leur volonté d’appartenir à l’Église.

Comment s’est déroulée la promotion de ce rassemblement ?

Nous avons eu un ennui majeur car la dissolution de l’Assemblée nationale survenue en avril 1997 nous a obligé à arrêter le plan média pour ne pas interférer dans la campagne électorale. Ce qui a donné cette impression que nous nous sommes réveillés tard. Mais nous avions gardé notre enveloppe budgétaire pour la période post-électorale. Nous aurions pu développer notre plan média mais nous n’aurions pas eu l’audience escomptée. Au fond, cela nous a donné une deuxième chance et des moyens à la fin. M. Lévy et le groupe Publicis nous ont d’ailleurs beaucoup aidé dans cette campagne.

chasubles bisQuel était votre rapport avec les médias ?

Je voulais qu’on parle de nous dans Le Monde. C’est pour cette raison que nous avons demandé à un grand couturier de réaliser les chasubles car nous savions que Jean-Charles Castelbaljac ferait parler de lui. Et c’est ce qui s’est produit !

Les JMJ ont été l’occasion de mettre en place des nouveautés : temps de rencontre et d’accueil des jeunes, implication des volontaires dans l’organisation, Festival de la jeunesse… Pourquoi ce choix ?

Avant les Journées mondiales de la jeunesse, j’ai toujours réalisé dans tous mes pèlerinages à l’étranger de nombreuses rencontres. Grâce à ces expériences, nous avons eu l’idée de propager trois idées importantes : inciter les jeunes participants bénévoles à s’engager même si cela pose des problèmes d’organisation et de responsabilités. Quand vous avez beaucoup de jeunes impliqués, ils font venir d’autres jeunes. La deuxième innovation est les journées en diocèse. Enfin, nous avons mis en place un Festival de la Jeunesse qui n’était pas tout à fait une nouveauté car nous avons fait un spectacle avec 500 jeunes. On a essayé de présenter des spectacles de jeunes pour les jeunes.

Comment avez-vous vécu les grands temps forts : veillées, messes ?

En tant qu’organisateur, je suivais le cours des évènements. Nous n’avons pas eu de problèmes de sécurité mais je vous assure que c’est une obsession permanente. S’il y a une décision à prendre, il fallait que je sois prêt. Le moment où j’ai été le plus soulagé, c’est quand le Pape est parti, la responsabilité était terminée. Là, j’ai soufflé ! Pendant les grands temps forts, j’essayais d’être un chrétien fidèle mais la charge était très prenante. J’ai plus prié avec les congrégations religieuses qui étaient partie prenante dans les moments liturgiques avant et après que pendant les JMJ. De nombreuses personnes avaient besoin de moi dont le préfet de police qui m’a sollicité. Lors de la messe dominicale, nous ne pouvions plus admettre de fidèles à Longchamp, il y avait trop de pèlerins ! On se demandait si nous devions fermer les stations de métro.

Les Journées mondiales de la jeunesse sont marquées par la figure du Pape Jean-Paul II. Quelle suite envisagez-vous ?

Les JMJ sont indissociables du Pape Jean-Paul II et cela a permis une ouverture formidable. Il est très important d’avoir un évènement mondial comme les JMJ mais il ne faut pas que cela devienne trop dispendieux. À partir d’une certaine capacité, il devient difficile d’organiser. Je souhaiterais que le continent africain obtienne l’organisation des JMJ mais ce n’est pas commode car cela coûte trop cher ! Vingt ans après, le message est de dire : « C’est génial, continuons, mais inventons autre chose ». Je souhaite qu’un jour le Pape rassemble à Rome tous les jeunes de moins de 25 ans qui ont de grandes responsabilités dans la vie. Il est, en effet, important de montrer que l’Église rassemble et fait confiance aux jeunes.

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