Michèle Taupin : « Dans le veuvage, le soutien de la communauté chrétienne est indispensable »

michèle_taupin_portraitJusqu’à très récemment Présidente d’ « Espérance et Vie », mouvement chrétien pour les premières années du veuvage, Michèle Taupin est auditrice au Synode des évêques sur la famille (Rome, 5-19 octobre 2014). Elle explique dans quel esprit elle y participe.

Quelle (s) expérience(s) de la famille apportez-vous au Synode ?

Celle d’une femme ordinaire, plutôt gâtée par la vie et de nature optimiste, essayant cependant d’être ouverte à ce qui peut être vécu autrement et parfois douloureusement : par mes relations (amis, voisins) et mes engagements successifs (Service Diocésain des Vocations, catéchèse, Cler, Mej, accueil paroissial). Après 32 ans de mariage heureux, l’accident de voiture qui a tué mon mari, par la faute d’un inconscient, a été l’occasion d’une réflexion poussée sur la responsabilité individuelle et le pardon. Devenue veuve, j’ai compris que ma place dans l’Eglise serait désormais aux côtés de mes frères et soeurs d’infortune, sans que ma vie se résume à cela. J’ai éprouvé les bienfaits d’un accompagnement humain et spirituel, au sein de ma paroisse, que je souhaiterais voir généralisé.

Quelles convictions avez-vous acquis dans votre responsabilité ?

Il y a certes des situations particulières auxquelles l’Eglise se doit d’être attentive et accueillante, pour que personne ne se sente exclu ou rejeté. Mais le deuil est une expérience quasi universelle, dont les conséquences à moyen et long terme sont parfois sous-estimées. En général, les premiers temps du deuil, avec notamment la célébration des obsèques, sont bien entourés et accompagnés. Puis chacun reprend ses occupations, alors que la souffrance de l’endeuillé empire et dure bien au-delà de quelques mois ou quelques années. Les sentiments d’injustice, de révolte, de culpabilité, d’abandon, d’inutilité que l’on ressent alors ont besoin d’être exprimés, reconnus, élucidés. Face à la tentation de l’isolement, du repli sur soi, le soutien de la communauté chrétienne et l’appel à y rester actif sont indispensables.

Comment vous êtes-vous préparée au synode ?

Je me suis préparée par une disposition d’esprit faite d’humilité et de confiance, de disponibilité, de curiosité, sans a priori. Je suis consciente de la chance que j’ai d’y participer, d’approfondir ma réflexion, de rencontrer d’autres laïcs d’horizons si divers. J’essaie de m’informer de bonne source et de lire ce qui paraît sur les enjeux du Synode. J’ai aussi reçu des livres sans les demander…

Qu’en attendez-vous ?

Je ne suis porte-parole de personne ! Je n’attends rien de précis, dans la mesure où je ne suis pas spécialiste des questions abordées, et où le synode ne doit pas prendre de décisions. Je souhaite que l’action de l’Esprit Saint et un parti-pris de bienveillance mutuelle permettent d’avancer dans certains débats de façon sereine, notamment sur la question des divorcés-remariés. Je sais que l’équilibre recherché entre la fermeté doctrinale et le réalisme pastoral sera long et difficile à atteindre. Je prie pour qu’on y parvienne. L’annonce du synode et les commentaires faits depuis ont suscité beaucoup d’espoirs. Ce serait dramatique qu’ils soient tous déçus.

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