Le synode 2018 se prépare aussi à Rome !

Des échos du séminaire international sur la situation des jeunes qui vient de se dérouler à Rome par Charles Callens et Sœur Nathalie Becquart, du Site des acteurs de la pastorale des jeunes et des vocations (SNEJV). Du 11 au 15 septembre s’est tenu à Rome un séminaire international sur la condition des jeunes pour préparer le synode d’octobre 2018. Outre des universitaires et des acteurs de la pastorale des jeunes, le Vatican avait convié vingt jeunes de par le monde, parmi lesquels Charles Callens, 26 ans, chargé de mission à la conférence des évêques de France.

Charles Callens

Charles, qu’est-ce qui vous a le plus surpris en arrivant à ce séminaire ?

Certainement d’être le seul jeune francophone ! En effet, le Secrétariat général du synode avait fait le choix judicieux de diversifier au maximum les horizons géographiques des jeunes invités : Syrie, Ukraine, Israël, Pologne, Nigéria, Brésil, Autriche, Royaume-Uni, Mexique, Italie, Argentine, Australie, Pays-Bas, Jamaïque, Philippines, Dubaï… Cela m’a donc permis de goûter à l’universalité de l’Église, mais aussi de prendre conscience que ma parole n’engageait pas que moi mais devait dans la mesure du possible représenter les jeunes francophones dans leur diversité.

En quoi consistait ce séminaire ?

Ce séminaire avait pour but d’aider les rédacteurs de l’Instrumentum Laboris, c’est-à-dire le document de travail des pères synodaux qui se réuniront en octobre 2018. Cette démarche vient donc compléter celle des conférences épiscopales qui enverront dans quelques semaines leurs synthèses, et la consultation en ligne des jeunes du monde entier qui sont invités à répondre à un questionnaire avant le 30 novembre prochain. Le séminaire a tâché de présenter la jeunesse à travers des thématiques transversales telles que l’identité (avec une intervention remarquée du recteur de l’Institut catholique de Paris, Mgr Philippe Bordeyne), le travail, l’engagement social et politique, la technologie…

Quelle place pour la parole des jeunes durant ce séminaire ?

Si le séminaire se voulait universitaire, nous avons obtenu que les conférences soient systématiquement suivies de temps de débat durant lesquels la parole était prioritairement donnée aux jeunes. Nous avons également joué un rôle important dans nos groupes de travail quotidiens où nous avons pu faire émerger des propositions très concrètes pour que le prochain synode ne soit pas un rendez-vous manqué avec la jeunesse. Ainsi, lorsque j’ai pris la parole en séance plénière pour faire part des réflexions engagées par le groupe de travail francophone, j’ai évoqué la possibilité que des jeunes soient impliqués dans la communication numérique autour du synode, et l’importance de réfléchir dès à présent aux interactions qui pourront avoir lieu entre les pères synodaux et les jeunes durant le synode. Ces propositions ont été reprises par le Cardinal Baldisseri lors de son allocution conclusive, preuve s’il en fallait que notre parole a été entendue ! Enfin, de manière spontanée et informelle, avec les vingt jeunes présents nous nous sommes retrouvés le temps d’une soirée pour réaliser une vidéo que nous avons pu présenter à l’ensemble des participants le dernier jour : ce séminaire fut donc une réelle expérience synodale où chacun a pu s’exprimer, se mettre à l’écoute de l’autre et repartir plein d’espérance quant aux nombreux fruits que portera le synode sur les jeunes.

 

Sr Nathalie Becquart, xav.Témoignage de Sr Nathalie Becquart, xavière, directrice du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations à la CEF

82 personnes des cinq continents – 52 européens, 18 américains, 7 asiatiques, 4 africains, 1 australien – ont participé à l’initiative qui avait lieu en préparation à la XVe Assemblée générale ordinaire du synode des évêques prévue en octobre 2018, sur le thème « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Parmi ces hôtes : 21 jeunes, 17 experts d’universités ecclésiastiques, 15 experts d’autres universités, 20 formateurs de pastorale des jeunes et des vocations, 9 représentants d’organismes du Saint-Siège. Dans son bilan final, le Secrétariat général du Synode souligne que « Les jeunes souhaitent trouver dans l’Église « une maison, une famille et une communauté » et que l’Église entend « se laisser stimuler par eux » en vue d’un renouveau missionnaire ».

Il s’est vraiment passé quelque chose cette semaine et je crois que l’Esprit a soufflé sur la préparation du synode, notamment grâce aux jeunes présents qui n’ont pas hésité à s’exprimer avec force et à partager leurs attentes pour faire bouger l’Église. J’ai été frappée et touchée par leur simplicité, leur énergie, leur liberté de parole, leur désir de s’impliquer dans cette préparation synodale et d’exprimer ce qui leur tient à cœur pour que l’Église soit davantage missionnaire auprès des jeunes. Ce fut une grande joie d’être avec eux, de les écouter, d’échanger sur leur vision et leur expérience de foi, leurs souhaits pour l’Église. Ils ont vraiment pris leur place et ont largement contribué à la réflexion. En France, aux JMJ ou à Rome lors de ce séminaire, j’expérimente combien beaucoup de jeunes catholiques ont un grand zéle missionnaire et sont un moteur pour l’annonce de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui tel qu’il est avec sa complexité, ses opportunités et ses défis. Quand l’Église leur fait confiance et marche avec eux dans une dynamique intergénérationnelle, elle reçoit élan et dynamisme missionnaire. Les jeunes sont des acteurs clés de la construction de ce monde en pleine mutation mais aussi de la réforme de l’Église telle que la promeut le Pape François. C’est pourquoi le Pape François les invite sans cesse à ne pas rester dans leur canapé mais à oser s’engager pour construire un monde meilleur. Nous avons aussi perçu que beaucoup de jeunes aujourd’hui sont traversés par des questions d’identité (affective, sexuelle, culturelle, religieuse…) et se demandent qui suis-je ? Quel cap pour ma vie ? Ils ont besoin de guides, d’accompagnateurs, qui les accueille et les écoute sans jugement, les éclaire et leurs donnent des repères.

Cette rencontre dans un climat studieux et fraternel, a donc été riche et stimulante. Nous avons vécu une très belle expérience d’Église dans un esprit très synodal fait d’écoute réciproque, de dialogue et d’échange, de recherche commune. Nous avons eu des interventions de très bonne qualité par des universitaires de tous les continents sur différents sujets touchant à la vie des jeunes. Mais aussi plusieurs longues séquences de travail de groupe qui m’ont marquée. Dans notre groupe francophone de 10 personnes venues de France, Belgique, Italie, Canada, Haïti et Congo, dont plusieurs membres de la Curie, nous avons eu des échanges riches et constructifs dans un climat de confiance favorisant les partages. J’ai beaucoup échangé avec les jeunes présents, les autres experts, mais aussi les membres du Secrétariat général du Synode qui je pense, ont été assez impressionnés et touchés par ce qui s’est vécu. Dans sa conclusion, le Cardinal Baldisseri a relevé plusieurs propositions faites par les groupes et les jeunes. Nous avons senti que ce séminaire aurait un impact sur la suite de la préparation du synode et le synode lui-même.

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