Un colloque pour se confronter aux défis de l’accueil de l’étranger

logo_confrontations_aicSur le sujet particulièrement sensible en cette campagne électorale de l’accueil des migrants, l’association d’intellectuels chrétiens « Confrontations » organise, le 25 mars 2017, un colloque à Paris. Interview de Françoise Parmentier, sa « cheville ouvrière », et de François Ernenwein, rédacteur en chef de La Croix, qui lui a succédé à la présidence de l’association. Propos rapportés par Chantal Joly.

Les débats sur le sujet des migrants et des réfugiés ne manquent pas, notamment chez les catholiques. Quel va être l’apport singulier de votre colloque ?

François Ernenwein : Souvent, il s’agit d’un morcellement d’initiatives et de discours. Ce qui me semble remarquable dans ce qui va se vivre le 25 mars, c’est qu’avec les acteurs principaux de ces questions, tous ensemble, nous adresserons un message aux candidats à l’élection présidentielle, à l’issue du colloque. Il donnera la position de toutes nos associations et revues partenaires. Elles ne sont pas moins de quinze : à savoir, l’ACAT France, ATD Quart Monde, Apprentis d’Auteuil, CCFD-Terre Solidaire, CERAS, Cimade, Justice et Paix, Pastorale des Migrants, Petits Frères des Pauvres, Semaines Sociales de France, JRS France (Service Jésuite des Réfugiés), Société Saint-Vincent de Paul, Réforme, Projet, Etudes. L’ensemble est, de plus, assez œcuménique.

Françoise Parmentier : Cela fait peut-être trois ans qu’un colloque sur ce sujet est en réflexion par le groupe interassociatif qui s’intéresse aux questions sociales. Compte-tenu de la tournure que prenait la campagne présidentielle, nous ne pouvions pas passer à côté. Il s’avérait nécessaire d’avoir une réflexion sur cette question, éclairée par les analyses des experts de la question et par des témoignages, avant de lancer un appel à ceux qui aspirent à gouverner la France.

Quel est le but de l’association et pourquoi ce nom ? S’agit-il de « Confrontations » vécues en interne ou bien avec la société ?

F.E. : L’association est l’héritière du Centre Catholique des Intellectuels Français (CCIF) qui a notamment été présidée par l’historien et politologue René Rémond. L’objectif est de faire entendre une parole chrétienne dans le débat public. C’est ainsi que nous faisons l’effort de publier systématiquement le résultat de nos travaux et nos productions. Ils sont assez largement accessibles et lisibles. Nous ne sommes pas dans l’entre-soi. Notre attitude n’est ni élitiste ni sectaire. Nous prenons les questions qui traversent notre société. Ce n’est pas un club fermé de « cathos » qui pensent entre eux.

F.P. : Nous souhaitons éclairer les questions en profondeur, apporter la controverse. D’où cette exigence de publier des ouvrages à l’issue de nos colloques. C’est ainsi que sont parus Penser avec le genre, après deux colloques sur le sujet, tenus en partenariat avec l’Université catholique de Lille, en 2012, et à l’Université catholique de Lyon, en 2014 ; Liberté, égalité, oui, mais fraternité ? à la suite du colloque du 4 avril 2014, et récemment Le Care, une nouvelle approche de la sollicitude, après le colloque du 5 juin 2012. Ces publications font à chaque fois l’objet d’un lancement avec lecture croisée. En partenariat avec le CERAS (Centre de Recherche et d’Action Sociales), le numéro de juin de la revue Projet est également programmé sur le thème de notre colloque.

S’agissant du nom « Confrontations », l’association a toujours eu le souci de faire intervenir des personnalités de pensée différente pour éclairer le débat public. On peut observer par ailleurs que certains chrétiens ne sont pas prêts à entendre qu’il y a une diversité en leur sein…

Il y a eu un certain « âge d’or » de la pensée catholique. L’existence de votre association témoigne-t-elle d’un  renouveau ?

F.E. : Ce qui semblait devoir mourir ne meurt pas et même se redynamise. L’association compte 150 membres à jour de cotisation, dont de nombreux universitaires. Nous essayons de nouer des partenariats avec des jeunes catholiques qui ont le goût du débat intellectuel.

F.P. : La difficulté est de trouver des plumes qui veulent s’engager.

F.E. : Et de faire connaître tout le stock d’expertises et de productions que peuvent offrir les chrétiens au débat public.

Accueillir l’étranger, le défi Livre ACAT_Je n'avais plus le choix, il fallait fuir

La journée du 25 mars est prévue de 8h30 à 18h au Centre Sèvres, à Paris. Ouverte par une conférence inaugurale sur 40 ans de politiques d’accueil, elle se déclinera en quatre temps correspondant à quatre défis ; celui de comprendre les migrations (de qui et de quoi parle-t-on ?), le défi politique, les défis de l’accueil aujourd’hui avec plusieurs témoignages de réfugiés et le défi éthique.

De nombreuses personnalités interviendront : Catherine Withol de Wenden (politologue, spécialiste des migrations internationales), Jacques Toubon (défenseur des droits), Roland Ries (maire de Strasbourg), Pascal Brice (directeur général de l’OFPRA), Jean-Jacques Brot (préfet, en charge de l’accueil des réfugiés syriens et irakiens en France), Anne Gotman (sociologue au CNRS)….

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