Benoît XVI répond aux prêtres

Lors de la clôture de l’Année sacerdotale (9-11 juin 2010) à Rome, le pape Benoît XVI a participé à la veillée de prière du 9 juin. Il a répondu aux questions de cinq prêtres représentant chaque continent. Il a ainsi abordé la vie en paroisse aujourd’hui, la formation des prêtres, le sens du célibat ecclésiastique, le sacrement de l’Eucharistie et la crise des vocations.
Un prêtre brésilien a demandé comment faire face aux difficultés que rencontrent les curés dans leur paroisse. Le Pape a reconnu qu’aujourd’hui « il est très difficile d’être curé surtout dans les pays d’ancienne chrétienté. Les paroisses sont de plus en plus étendues. Il est donc impossible de connaître tout le monde, d’accomplir tous les devoirs que l’on attend d’un curé ». Puis il a souligné l’importance « pour les fidèles de voir un prêtre qui ne fait pas seulement un métier, des heures de travail puis de liberté et qui vit seulement pour lui-même, mais surtout un homme passionné du Christ… La première condition est d’être remplis de la joie de l’Evangile de tout notre être ». A cela s’ajoutent « trois priorités fondamentales: l’Eucharistie et les sacrements… l’annonce de la Parole, …la charité, l’amour du Christ… La prière n’est pas, non plus, marginale. Prier est le propre du prêtre, de même que celui de représenter les gens qui ne savent pas prier ou ne prennent pas le temps de prier. La prière personnelle, surtout la Liturgie des heures, est une nourriture fondamentale pour notre âme, pour toute notre action ».

Un prêtre ivoirien a demandé comment éviter la fracture entre théologie et doctrine et faire en sorte que « les études ne soient pas seulement académiques mais qu’elles alimentent la spiritualité ». Benoît XVI a reconnu l’existence d’un « abus de la théologie comme arrogance de la raison et qui n’alimente pas la foi, mais qui occulte la présence de Dieu dans le monde. Il existe aussi une théologie qui veut connaître plus par amour de l’aimé… C’est elle, la vraie théologie qui vient de l’amour de Dieu et du Christ, et qui veut entrer plus profondément en communion avec le Christ ». Il a encouragé les théologiens à être « courageux…et à ne pas craindre le fantasme de la science…, à ne pas céder aux hypothèses éphémères, mais à penser vraiment à partir de la grande foi de l’Eglise qui est présente à toutes les époques et qui nous ouvre l’accès à la vérité ». Benoît XVI a ajouté que « la formation est très importante mais nous devons aussi être critiques: le critère de la foi est le critère avec lequel vous verrez aussi les théologiens et les théologies… Le Catéchisme de l’Eglise catholique est la synthèse de notre foi et le vrai critère permettant de déterminer si une théologie est acceptable ou non ».
 

Sur le célibat des prêtres

Un autre prêtre a demandé au Pape de parler de « la profondeur et du sens authentique du célibat ecclésiastique, face aux critiques actuelles par rapport à ce don ». Le Saint-Père a dit qu' »un des grands problèmes du christianisme aujourd’hui est de ne plus penser à l’avenir de Dieu. Dans notre monde, le présent semble suffire. Nous fermons ainsi les portes à la vraie grandeur de notre existence. Le sens du célibat comme anticipation de l’avenir est justement d’ouvrir ces portes… de montrer la réalité de l’avenir que nous devons déjà vivre comme présent, de donner ainsi notre témoignage de la foi: nous croyons réellement que Dieu existe, que Dieu fait partie de notre vie, que nous pouvons fonder notre vie dans le Christ, dans la vie à venir ». Concernant les critiques du monde, le Pape a dit que « pour le monde agnostique,…le célibat est un grand scandale car il montre précisément que Dieu est considéré et vécu comme une réalité… Le célibat est un oui définitif qui nous permet de nous laisser prendre en main par Dieu, de se remettre dans les mains du Seigneur, dans son moi. C’est donc un acte de fidélité et de confiance, un acte qui suppose aussi la fidélité du mariage… qui est la forme biblique, la forme naturelle d’être homme et femme, fondement de la grande culture chrétienne, des grandes cultures de ce monde. Et si cela disparaît, c’est la racine de notre culture qui sera détruite. Le célibat confirme donc le « oui » du mariage par son « oui » à l’avenir, et nous voulons continuer ainsi et faire connaître ce grand scandale d’une foi qui met toute son existence en Dieu… Demandons au Seigneur qu’il nous aide à nous libérer de ces scandales secondaires, pour mieux rendre présent le grand scandale de notre foi: la confiance, la force de notre vie qui se fonde en Dieu et en Jésus-Christ ».

La quatrième question a porté sur la façon de vivre la centralité de l’Eucharistie et le culte avec dignité, sans tomber dans le cléricalisme et s’éloigner de la réalité. Evoquant saint Augustin, Benoît XVI a souligné que « le sacrifice des chrétiens est d’être unis par l’amour du Christ dans l’unité de l’unique corps du Christ. Le sacrifice consiste donc à sortir de nous-mêmes, à nous laisser attirer dans la communion du pain unique, du corps unique, et d’entrer ainsi dans la grande aventure de l’amour de Dieu. Ainsi, nous devons toujours célébrer, vivre et méditer l’Eucharistie à cette école de la libération de mon moi… L’Eucharistie est le contraire du cléricalisme, de la fermeture sur soi-même… Vivre l’Eucharistie, dans son sens originel, dans sa vraie profondeur, est une école de vie et la protection la plus sûre contre toute tentation de cléricalisme ».

Enfin, le dernier prêtre a demandé au Pape ce qu’il fallait faire pour contrecarrer la crise des vocations. « Grande est la tentation, a dit Benoît XVI, de transformer le prêtre, le sacrement du Christ, en une profession comme une autre avec des horaires, comme n’importe quelle autre vocation, en la rendant accessible et facile. Mais cette tentation ne résout pas le problème… Comme le Seigneur nous l’enseigne, nous devons prier Dieu, frapper à sa porte, au coeur de Dieu pour qu’il nous donne des vocations. Nous devons prier avec une grande insistance, une grande détermination, une grande conviction, car Dieu n’est pas hermétique à la prière insistante, permanente, confiante, même s’il laisse faire et attendre… au-delà des temps que nous avons prévu. Chacun de nous devrait faire son possible pour vivre le sacerdoce de manière convaincante… Nous devons inviter à la prière, à avoir cette humilité, cette confiance de parler à Dieu avec force et décision… et avoir le courage de demander aux jeunes s’ils pensent que Dieu les appelle… et, surtout, les aider à trouver un environnement vital dans lequel ils puissent vivre leur vocation ».

Source : VIS du 14 juin 2010

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