« Chemins de fraternité » : en route pour la solidarité

Tiré à 55.500 exemplaires, le livret de 8 pages propose cinq pistes pour comprendre l’encyclique du pape Benoît XVI, « Caritas in Veritate ». Une réalisation du Secours Catholique-Caritas France, de la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC) et de Justice et Paix, sur une idée du CCFD-Terre Solidaire. Interview de Guy Aurenche, son président.
 

Comment le livret « Chemins de fraternité » est-il né?

Guy Aurenche, prochain président du CCFD

Le CCFD-Terre Solidaire s’est dit que l’encyclique était un texte tout à fait intéressant mais pas si facile à aborder. Quatre organismes se sont réunis : trois sont engagés dans l’action – Secours Catholique-Caritas France, la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC) CCFD-Terre Solidaire – et Justice et Paix, un service d’Eglise venu apporter son expertise sur l’enseignement social. « Chemins de fraternité – A la découverte de l’encyclique L’Amour dans la Vérité » n’est pas un guide de lecture mais un éclairage sur 5 thèmes, choisis ensemble, qui traversent l’encyclique. Ce livret est une première. Il correspond à deux exigences : chercher des réponses aux crises qui touchent nos sociétés – économiques, financières, alimentaires, écologiques – et en même temps, être bien présents face à un risque de repli sur nous-mêmes, pour la société française comme pour l’Eglise. Le pape nous invite à voir aussi la dimension universelle de la solidarité car c’est tous ensemble que nous pourrons surmonter les défis actuels.
 

Comment a-t-il été accueilli ?

Une encyclique a forcément une portée très générale, une vocation universelle. Celle-ci vient d’un pape à la fois théologien et philosophe. Certains aspects sont difficiles. Je rencontre beaucoup d’évêques et de responsables dans l’Eglise. Ils sont très heureux que ce travail d’appropriation, d’interprétation et d’incarnation ait été fait par ces associations. Je circule aussi dans les sections locales du CCFD. Il y a un intérêt car ce texte relance toute la pensée de l’Eglise en termes de charité-développement. A l’occasion de leur venue en France, nos partenaires des pays du Sud vont aussi pouvoir réagir sur ce document.
 

Relayer la pensée sociale de l’Eglise est une responsabilité pour vous ?

Nos formations, nationales comme diocésaines, abordent toujours, de près ou de loin, l’enseignement social de l’Eglise. On dit d’abord notre émerveillement face à sa modernité: la question du bien commun, pensée par les Pères du Vème siècle, est aujourd’hui plus que jamais au cœur de la mondialisation ; la dignité de la personne, toute cette dynamique des Droits de l’Homme qui se déploie depuis des siècles, est au cœur des réalités d’aujourd’hui ; le principe de subsidiarité, qui est de redire que les décisions soient prises au niveau où elles vont être appliquées, évaluées et vécues, voilà quelque chose de très actuel. Deuxième chose : la pensée sociale, c’est l’Evangile en actes. Pour essayer de vivre de l’Evangile, il faut construire une société plus ajustée sur la dignité de la personne. Car dans cette personne, l’amour de Dieu est présent. Le pape nous dit bien que nous ne sommes pas dans l’à côté de la mission de l’Eglise : on fait de la Bonne Nouvelle ! Nous avons une responsabilité directe à entendre ce message du pape qui nous redit que c’est le message de l’Evangile qui passe à travers notre action.
 

C’est une invitation lancée aux chrétiens à s’engager au service des autres ?

Il aurait pu y avoir toute une liste d’actions dans le livret. Nous laissons chacun, au niveau des mouvements, traduire cela. L’encyclique fait plusieurs propositions sur la place de la finance, le rôle du profit, la dimension éthique qu’on peut lui donner. Au CCFD-Terre Solidaire, cette année, nous l’avons traduit par des modalités de partage financier : les placements éthiques, l’accès à la micro-finance, nos propres façons d’utiliser l’argent. A chacun de s’approprier le texte au point de devenir créateur de projets et d’initiatives. Cet engagement apostolique, c’est l’annonce de la Bonne Nouvelle ! Il faut agir mais dans un mouvement de réflexion sur ce qu’est le développement. Je pense au passage 27 de l’encyclique, sur l’alimentation : « Nourrir les affamés est un impératif éthique pour l’Eglise universelle, fidèle à l’enseignement de son fondateur ». Le pape cite entre parenthèses l’Evangile de Mathieu, chapitre 25. Il va falloir que cette pastorale de l’engagement soit concrétisée par des choses précises et intelligemment pensées. Attention aux réactions affectives immédiates, très à court terme. En matière de développement, il faut laisser son cœur parler et, en même temps, exercer son intelligence pour replacer les actions du cœur dans un processus de développement intelligent.
 

Chemins de fraternité, un document à partager

Le livret est téléchargeable gratuitement sur le site de chacun des partenaires.
Il est aussi repris sur un mini-site dédié. Celui-ci pourrait accueillir prochainement les contributions et témoignages des internautes.
Clair et aéré, ce document propose des citations de l’encyclique ou de l’Evangile, un texte d’explications et des questions pour un partage.

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