Benoît XVI, la culture et les arts


Un pape de grande culture :

Benoît XVI a acquis dès sa jeunesse le goût de l’histoire, de la littérature, des langues anciennes et de la musique. Doué pour ces matières, il a compris très tôt quel sens pouvaient avoir l’éducation et la culture dans l’affirmation de la conscience et de la réflexion personnelles contre les renoncements à penser et les fausses séductions de l’idéologie. Pour lui, comme pour Jean Paul II, la culture n’est pas un bien qui se surajouterait de manière non nécessaire aux données sociales, politiques et économiques. Elle est l’expression de ce qui est le plus fondamental en chaque homme et en chaque société humaine, le lieu actif où se joue l’essentiel de l’humain dans sa double dimension d’universalité et de particularité. Ainsi, chez lui, le combat du théologien et du pasteur pour un nouvel humanisme, s’enracine-t-il dans un attachement ancien, très personnel, à la culture et aux arts.

Depuis son accession à la responsabilité suprême dans l’Eglise, il n’a cessé d’y revenir, marquant par là non une préférence subjective, mais une conviction centrale. Il est notable que la majeure partie de ses déplacements en Europe et dans le monde ont été l’occasion de rencontres avec des représentants éminents de la connaissance scientifique, de la vie culturelle, ou de l’univers artistique.

Parce qu’il apprécie fortement les œuvres d’art, le Pape a été souvent invité dans des lieux riches d’histoire et de beauté (le Collège des Bernardins à Paris en septembre 2008, la cathédrale de la Sainte Famille de Gaudi à Barcelone en novembre 2010, la basilique Santa Maria della Salute à Venise en mai 2011, le théâtre national de Zagreb en juin 2011). Il s’est exprimé bien des fois à l’occasion de concerts donnés en son honneur, ou de films projetés au Vatican.

Quelques discours sur la culture marquants :

Septembre 2006 : Lors d’une rencontre avec les représentants du monde des sciences à l’université de Ratisbonne, le pape prononce un long discours sur le rapport de la foi et de la raison, dans lequel il se fait le défenseur d’un « véritable dialogue des cultures et des religions ».

Septembre 2008 : Au Collège des Bernardins, à Paris, qui venait d’être inauguré, il s’adresse au monde de la culture. Il explique comment et pourquoi dans la tradition pluriséculaire de la théologie occidentale, comme dans la réalité contemporaine, la vérité, parce qu’elle est Parole incarnée, impose l’exigence d’une recherche ardente mobilisant les ressources les plus larges de l’expérience pratique, de l’intuition religieuse, de la raison commune, loin de tout fondamentalisme et de tout subjectivisme. La culture, telle que la conçoit la pensée chrétienne, n’est pas autre chose qu’une attitude de recherche supposant la disponibilité à l’écoute et au dialogue. Elle n’invite nullement au repli identitaire. La culture de l’Europe, particulièrement, est cela, puisqu’elle est née du christianisme. Cette conception est à la base de son souhait de voir reconnues les racines chrétiennes de l’Europe. La culture est développement. Qu’elle soit ferment d’avenir suppose par conséquent d’en connaître l’origine et d’en comprendre l’histoire.

Septembre 2012 : Le voyage apostolique au Liban permet à nouveau au Pape de relever l’importance de la rencontre « symphonique » des cultures, qui, selon lui, n’est possible que par la reconnaissance a priori des « valeurs communes à toutes les grandes cultures », elles-mêmes enracinées dans « la nature de la personne humaine », qui a « le goût inné du beau, du vrai et du bien ».

L’importance de l’art :

C’est en théologien formé à l’école du maître de la théologie occidentale, saint Augustin, que Benoît XVI conçoit le rôle essentiel de la beauté. Ancrée au plus intime de l’aspiration humaine à la liberté et à la gratuité, elle n’est pas moins au principe de l’humain que ne le sont le bien et le vrai. Les arts en sont la manifestation directe, ancestrale, et toujours, nécessairement, en recherche de nouveauté. C’est pourquoi il voit les artistes de ce temps non seulement comme ceux qui embellissent l’existence, servent à parfaire la liturgie, mais comme les témoins et révélateurs permanents du secret désir d’infini que porte en lui tout homme. L’art et la foi ont partie liée.

Le discours qu’il adresse en la Chapelle Sixtine, le 21 novembre 2009, à une assemblée de Cinq cents artistes est de ce point de vue éloquent : «Chers artistes, vous savez bien que l’expérience du beau, du beau authentique, pas éphémère ou superficiel, n’est pas quelque chose d’accessoire ou de secondaire dans la recherche du sens et du bonheur, car cette expérience n’éloigne pas de la réalité… » Pour lui, il y a «affinité, harmonie entre parcours de foi et itinéraire artistique, attestée par un nombre incalculable d’œuvres d’art. » Evoquant la théologie de Hans Urs von Balthasar, il parle d’une « voie de la beauté ». Si cette expression lui est chère, c’est qu’elle fait droit une nouvelle fois à la perspective dynamique, au mouvement, qu’entraîne l’expérience effective du sublime que seul permet l’art. La beauté, selon Benoît XVI, reprenant saint Augustin, est à l’image du Christ un chemin, une vérité qui, en quelque sorte, va au-delà d’elle-même. Elle manifeste l’ouverture de tout l’être, intelligence et sensibilité, corps et esprit, vers l’au-delà sans limite de l’amour qui est Dieu Lui-même.

« Retrouver la signification profonde de la voie de la beauté », selon l’invitation qu’adresse encore le Pape lors d’une audience générale en août 2011, c’est tout simplement redécouvrir Dieu. Cette redécouverte a pour signe la joie, le transport de joie, la dilatation de soi dans l’union profonde avec la réalité et sa source divine. Cet enseignement, maintes fois repris, fait entendre comme un décalage avec les attentes d’un monde qui a d’abord soif de pain, de sécurité et de justice. Pourtant, la lumière particulière dont il procède et dont il veut éclairer les hommes, est bien celle de l’Evangile. « Contempler la beauté du Seigneur, dans la nature et dans les œuvres d’art », peut certes s’entendre comme l’invitation personnelle d’un Pape qui aime la culture, la musique et les livres. Elle n’en est pas moins un appel prophétique d’une valeur inestimable, à l’heure où ce qui fait le plus défaut aux hommes, et ce qui peut le mieux les sauver de la désespérance et du non-sens, s’appelle la gratuité. L’art comme l’Evangile, en sont le rappel agissant, irremplaçable.

Le rapport de la foi et de la raison est souvent vu comme le grand sujet de Benoît XVI. « La relation entre foi et art est tout aussi importante, dit-il dans une interview lors de son voyage en Espagne en novembre 2010, car la vérité, but et objectif de la raison, s’exprime dans la beauté et devient elle-même dans la beauté, se prouve ainsi comme vérité. »
 

Pour Benoît XVI la théologie, la culture et les arts, sont révélateurs du mystère de Dieu et contribuent à la recherche du Beau. Pour preuve, les discours qui ont jalonné son pontificat.

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